Et la béatification de Pie XII ? (17/01/2011)

papa_pio_xii.jpgBenoît XVI vient d'annoncer la béatification de son prédécesseur Jean-Paul II, le 1er mai prochain. Celle de Pie XII, dont le procès est en cours,  n'aura donc pas lieu en même temps, comme l’avaient été celles de Pie IX et Jean XXIII.

Pourtant jusqu’à la mort de Pie XII, en octobre 1958, l’univers politico-médiatique avait rendu  à ce pontife un hommage appuyé et unanime : de l’inoxydable hebdomadaire « Paris-Match », dont l’édition spéciale commémorative du pontificat titrait en couverture : « depuis vingt ans, un saint régnait sur l’Eglise », jusqu’au premier ministre israélien de l’époque, Golda Meir, déclarant à la tribune de l’ONU : « nous pleurons un grand serviteur de la paix et de la charité. Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyr effroyable, la voix de ce pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes. »

Mais cinq ans plus tard, pendant le concile Vatican II, une pièce de théâtre, Le Vicaire, œuvre du dramaturge allemand Rolf Hochhuth, lance la polémique qui retourne l’opinion publique contre le pape défunt, en l’accusant d’avoir couvert par son silence le génocide des juifs perpétré par les nazis : la controverse devient publique et elle sera alimentée, depuis 1964 (avec le livre de l’historien Saul Friedländer :Pie XII et le Troisième Reich) jusqu’à nos jours. 

Dans « Lumière du monde », son récent (2010) livre d’entretien avec le journaliste allemand Peter Seewald,  Benoît XVI prend position comme suit (pp. 148-149) :

 « Pie XII a sauvé la vie de milliers de Juifs en faisant par exemple ouvrir les couvents et les monastères romains –ce que seul le pape en personne peut faire- et en proclamant leur extraterritorialité, ce qui n’était pas totalement sûr du point de vue du droit, mais que les Allemands ont toléré tout de même. Une chose est très claire : à l’instant même où il aurait émis une protestation publique, on n’aurait plus respecté l’extraterritorialité et les milliers de personnes qui avaient été mises en sécurité dans les monastères romains auraient été déportées.

«Dans cette mesure, l’enjeu était simple : c’étaient les nombreuses vies humaines que l’on ne pouvait sauver autrement. On a découvert tout récemment que dès 1938, alors qu’il était secrétaire d’Etat, Pacelli a écrit à des évêques du monde entier leur demandant d’agir afin que l’on accorde généreusement des visas aux juifs qui émigraient d’Allemagne. Il a tout fait à l’époque pour sauver des vies. Bien entendu, on peut reposer sans cesse la question ‘ pourquoi n’a-t-il pas protesté plus clairement ?’. Je crois qu’il a vu quelles conséquences aurait une protestation ouverte. Il en a beaucoup souffert personnellement, cela, nous le savons. Il savait qu’il aurait dû parler, mais la situation le lui a interdit.

« Et voilà qu’une autre catégorie de gens plus malins que les autres affirme aujourd’hui qu’il a certes sauvé beaucoup de personnes, mais qu’il avait sur les juifs des conceptions démodées et qu’il n’était pas à la hauteur de Vatican II » et il ajoute prudemment : « mais là n’est pas la question ». Où est-elle alors ?

Quelle fut la véritable action du pape Pacelli contre les crimes de guerre de l’Allemagne nazie et fasciste ?

À défaut de lire un livre comme "Pie XII. Biographie", d’Andrea Tornielli (un des meilleurs vaticanistes actuels (paru aux Éd. du Jubilé, 2009, 810 pages), il faut écouter certains témoignages directs comme on en trouve sur Internet :

http://www.youtube.com/watch?v=ktbco4knUq8&feature=re...

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