La "grand messe" de Davos où se confirme la nouvelle donne mondiale... (27/01/2011)

f782ba7d-f4c6-4326-bd70-65d87a3985ec-444x333.jpg"La planète se redéfinit à Davos" ou "Quand le pouvoir passe du Nord au Sud, et de l'Ouest à l'Est"

Le Devoir   Éric Desrosiers   26 janvier 2011 
"Aujourd’hui et jusqu’à dimanche, Davos accueillera 2500 participants au Forum économique mondial, des gens d’affaires et des chefs d’État. Le Forum économique mondial de Davos essaiera de trouver, au cours des prochains jours, des «normes partagées pour une nouvelle réalité» marquée, notamment, par un transfert de pouvoirs «du Nord vers le Sud et de l'Ouest vers l'Est».

Le Fonds monétaire international (FMI) est une nouvelle fois venu confirmer cette tendance hier dans la mise à jour de ses prévisions économiques mondiales. «La reprise à deux vitesses se poursuit», y rapportait-on. Si la croissance devrait rester relativement modeste cette année aux États-Unis (3 %), dans la zone euro (1,5 %), au Japon (1,6 %) ou encore au Canada (2,3 %), elle continuera de se faire bien plus forte, pour ne pas dire tonitruante, en Chine (9,6 %) et en Inde (8,4 %), mais aussi en Amérique latine (4,3 %) et en Afrique subsaharienne (5,5 %).

«Le monde a fondamentalement changé», disait il y a quelques jours le fondateur du Forum de Davos, Klaus Schwab, dont la 41e édition s'ouvre aujourd'hui sur le thème «Nouvelles normes partagées pour la nouvelle réalité». «L'un des plus importants facteurs de cette nouvelle réalité est le transfert de pouvoirs géopolitiques et géoéconomiques du Nord vers le Sud et de l'Ouest vers l'Est.»

La participation à l'événement, qui se tient chaque année au creux des Alpes suisses dans la station de ski de Davos, reflète d'ailleurs ces changements, notent ses organisateurs. En dix ans, la taille de la délégation chinoise aurait été multipliée par cinq et celle de l'Inde, par quatre. «Cela reflète la place grandissante de la Chine et de l'Inde dans les débats économiques et intellectuels mondiaux», disait récemment l'un des responsables du Forum, Robert Greenhill.

Complexité et érosion des valeurs


La «nouvelle réalité» n'est pas seulement marquée par l'apparition de nouvelles puissances, rappellent les organisateurs du Forum. On y retrouve aussi «un degré élevé de volatilité», une rareté des produits de base, une remise en cause du rôle des gouvernements et de nouvelles attentes sociales et environnementales à l'endroit des entreprises. Les écarts entre riches et pauvres y sont croissants. Les craintes d'une rechute des institutions financières et de certaines économies sont toujours présentes.

Le FMI se penche sur quelques-uns de ces phénomènes dans son rapport d'hier. L'enjeu «le plus urgent», selon lui, consiste «à s'attaquer rapidement et de façon globale aux problèmes que connaît la zone euro en matière de dette souveraine et sur le plan financier». Il prévient également que la croissance risque de rester molle et le chômage élevé pendant encore quelques années dans les pays développés.

«Plus de deux ans après le début de la crise financière, la stabilité financière mondiale n'est toujours pas assurée», a constaté le directeur du département des marchés internationaux au FMI, José Vidal.

L'institution s'arrête également au danger de surchauffe et de flambée inflationniste dans les économies émergentes. Elle prévoit que les prix du pétrole et des denrées alimentaires continueront de grimper, au moins cette année. Elle s'inquiète aussi de voir les réformes de la régulation financière montrer des signes de «fatigue».

La «nouvelle réalité» mondiale pose un sérieux problème de gouvernance, estiment les organisateurs du Forum de Davos. Elle nous amène à «vivre dans un monde de plus en plus complexe et interdépendant, tout en ressentant une érosion des valeurs communes qui mine la confiance des populations envers tout leadership, la croissance économique future et la stabilité politique».

L'un des thèmes de la réunion de cette année consistera à chercher des façons d'aider le fonctionnement du nouveau forum international du G20. On visera aussi à encourager une plus grande coopération entre les gouvernements et les entreprises privées.

2500 participants à la grand-messe

Perçu depuis des années comme une grand-messe célébrée à la gloire de la mondialisation, le Forum de Davos réunira jusqu'à dimanche 2500 participants, dont 1400 personnes issues des «1000 premières entreprises mondiales». Près de 35 chefs d'État et de gouvernement — et deux fois plus de ministres — sont également attendus à la fête.

Parmi les invités, on retrouvera le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, le ministre chinois du Commerce, Chen Deming, le premier ministre britannique, David Cameron, le président français, Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande, Angela Merkel, le premier ministre grec, George Papandreou, et même le président russe, Dmitri Medvedev, censé faire le discours d'ouverture malgré l'attentat terroriste qui a secoué sa capitale lundi."

Lire aussi : "Le président français Nicolas Sarkozy précise jeudi ses priorités à la tête du G20 pour améliorer la gouvernance mondiale et lutter contre la spéculation devant 2500 patrons et décideurs de la planète rassemblés au Forum de Davos."

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