L’orientation de la prière liturgique (07/02/2011)

images.jpgMgr Guido Marini, le nouveau le maître des célébrations liturgiques pontificales (nommé par Benoît XVI en 2007)  vient de publier aux éditions Artège « La liturgie, mystère du salut », un petit ouvrage qui aborde notamment la question de l’orientation de la prière liturgique, question récurrente depuis la réforme liturgique de Paul VI. A cet égard, Mgr Guido Marini écrit notamment :

« Depuis les origines jusqu’à nos jours et au-delà des changements qui ont caractérisé, dans l’histoire, l’organisation architecturale des églises et des espaces liturgiques, une conviction est toujours demeurée présente au sein de la communauté chrétienne : je veux parler de l’orientation, de la prière tournée vers l’Orient. Cette tradition remonte aux origines même du christianisme. Que veut dire « prière tournée vers l’Orient » ? On entend par là l’orientation du cœur en direction du Christ, Celui par lequel nous vient le salut et vers lequel nous tendons en tant qu’il est le Principe et la Fin de l’histoire. Le soleil se lève à l’Est et le soleil est le symbole du Christ, la lumière qui vient de l’Orient (…) 

« La prière orientée, tournée vers le Seigneur, est l’expression caractéristique d’un authentique esprit liturgique. En ce sens, comme nous le rappelle le dialogue introductif de la préface, nous sommes tous invités à tourner notre cœur vers le Seigneur au moment de la liturgie eucharistique. Le prêtre exhorte : « Élevons notre cœur » ; et tous répondent : « Nous le tournons vers le Seigneur. » Si cette orientation doit toujours être présente au cœur de la communauté chrétienne réunie en prière, elle doit aussi pouvoir trouver une expression, une manifestation extérieure (…) »

« Écoutons directement les paroles que nous adresse Benoît XVI dans la préface du premier volume de ses Œuvres complètes qui est consacré à la liturgie : ‘  l’idée qui veut que le prêtre et le peuple doivent se regarder dans la prière n’est apparue que dans la chrétienté moderne et se trouve complètement étrangère à l’Antiquité. Le prêtre et le peuple ne prient pas l’un vers l’autre mais vers l’unique Seigneur. Ils sont donc orientés, dans la prière, dans la même direction, vers l’Orient, un Orient entendu comme symbole cosmique du Seigneur qui vient et, là où cela n’est pas possible, vers une image du Christ placé dans l’abside, vers une croix ou vers le ciel comme le Seigneur lui-même a fait dans la prière sacerdotale le soir qui a précédé sa Passion (Jn 7, 1). D’une manière heureuse, la proposition que j’avais faite à la fin de ma réflexion sur l’orientation dans L’esprit de la liturgie, se répand de plus en plus : ne pas procéder à de nouvelles transformations mais simplement placer la Croix au centre de l’autel afin que tous puissent la regarder, prêtres et fidèles, et que tous se laissent ainsi guider vers le Seigneur que tous prient ensemble.’

« On ne peut nous objecter que la présence du crucifix fait obstacle à la vue des fidèles. Lors de la liturgie eucharistique, les fidèles ne doivent pas regarder le célébrant ! Ils doivent regarder le Seigneur ! Celui qui préside la célébration doit pouvoir aussi regarder le Seigneur ! La Croix n’occulte pas la vue mais ouvre l’horizon sur le monde de Dieu, nous oriente vers la contemplation du mystère et nous introduit dans ce ciel dont nous provient l’unique lumière capable de donner sens à notre vie terrestre. La vue, en vérité, est obscurcie et empêchée si les yeux demeurent fixés sur ce qui est seulement présence de l’homme et de son œuvre. C’est ainsi que l’on doit comprendre pourquoi il est encore aujourd’hui tout à fait légitime de célébrer la messe sur les anciens autels lorsque les caractéristiques architecturales et artistiques de nos églises le rendent possible. En cela aussi, le Saint-Père nous donne l’exemple lorsqu’il célèbre l’eucharistie sur l’autel historique de la chapelle Sixtine lors de la fête du Baptême du Seigneur.

«  L’expression ‘ célébration face au peuple’ est entrée dans le langage courant. Si elle rend compte de la topographie des lieux et de ce que le prêtre, aujourd’hui, en raison de la position de l’autel, se trouve souvent face à l’assemblée, une telle expression est acceptable. Mais elle ne doit absolument pas être tolérée si elle reçoit un contenu théologique. La messe est, en effet, d’un point de vue théologique, toujours tournée vers Dieu par le Christ Seigneur et ce serait une grave erreur d’imaginer que l’action sacrificielle soit principalement orientée vers la communauté. Une telle orientation, l’orientation vers le Seigneur, doit être au fondement de la participation de tous à la liturgie. Il est donc important qu’elle puisse être rendue visible dans la symbolique liturgique ». Source : mensuel « La Nef », n° 223, février 2011 L’orientation de la prière liturgique,

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