La crise belge vue par "Sud-Ouest" (18/02/2011)
"Belgique, la crise record", une lecture française...
«Enfin champions du monde ! » La manchette du quotidien « De Standaard » prouve qu'on sait encore rire dans le pays naufragé qui s'appelle toujours « Belgique ». 250 jours après les législatives de juin 2010, il n'y a pas plus de gouvernement fédéral à Bruxelles que de beurre en broche. Record du monde irakien battu ! Le record d'Europe des Hollandais - 208 jours de crise politique - est depuis longtemps dans le rétroviseur. Oui, la Belgique est la championne de l'immobilisme, elle dont le dernier Premier ministre, le bien nommé Yves Leterme, a démissionné il y a 300 jours.
En Flandre et en Wallonie, l'humour est la politesse du désespoir. Devant l'impuissance de leurs politiciens à trouver une issue, des citoyens en appellent à la « révolution des frites ». Ils n'exigent pas, comme dans une dictature arabe, le départ de leurs dirigeants. Au contraire, ils les supplient d'arrêter de se refiler lâchement le mistigri. Qu'inventer pour qu'ils se responsabilisent ? Ne plus se raser, comme le suggère l'acteur Benoît Poelvoorde, qui rêve d'un « pays au poil » ? Faire la grève du sexe, comme le suggère une sénatrice ? Demander asile au Luxembourg, comme ont commencé à le faire des centaines de frontaliers ?
À vrai dire, personne ne sait comment en sortir. Le roi Albert, seul trait d'union d'une nation schizophrène, est l'alibi d'un pays aussi incapable de s'unir que de couper les ponts. Pour son malheur, la Belgique montre dans la crise un pouvoir de résilience stupéfiant. Administrée depuis longtemps au niveau régional, sa capacité à vivre sans État central, armée de pragmatisme et de son seul humour, semble quasi illimitée. On finit par se demander à quoi peut bien lui servir un État, puisque personne n'a plus envie de l'incarner.
Devant l'inextricable puzzle qu'ils forment depuis 1831, on comprend que les Belges refusent de choisir entre la peste de l'unité et le choléra de la scission. Mais faire chambre à part impose au minimum d'établir un contrat permettant de régler la facture des parties communes de la maison. Faute de quoi, le toit finira par s'écrouler. Abritée sous deux parapluies - l'un monarchique, l'autre européen -, la classe politique belge se croit encore dispensée de faire son devoir. Elle se trompe. Les nuages s'amoncellent. Le pays a un besoin urgent de réformes. Oui, la « révolution des frites » s'impose. christophe lucet c.lucet@sudouest.fr
"Le Progrès", dans un article intitulé : "La Belgique en pilotage automatique est le bon élève de la zone euro" ajoute :
"En attendant, le pays continue à être dirigé par le Premier ministre sortant Yves Leterme, chargé d’expédier les affaires courantes non sans succès puisque la Belgique affiche le meilleur taux de croissance de la zone euro. Hier, Robert Mnookin, professeur de droit de Harvard (Etats-Unis), a toutefois suggéré d’envoyer le Prix Nobel de la Paix finlandais Martti Ahtisaari, qui a exercé ses talents de diplomate notamment au Kosovo, en Namibie et en Irlande du Nord. Et cela non plus n’est pas une blague !"
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