Surréalisme belge (23/03/2011)

Belgian_army_chief_of_staff_Lieutenant_General_Charles-Henri_Delcour_Defence_Minister_Pieter_De_Crem_002.jpgSur son blog, Jean Quatremer (le correspondant du journal « Libération » à Bruxelles) affirme que La Belgique vient une nouvelle fois d’administrer la preuve qu’un gouvernement ne sert manifestement pas à grand-chose. Alors que l’équipe dirigée par Yves Leterme est démissionnaire depuis le 26 avril 2010 et qu’aucune majorité de gouvernements ne se profile à l’horizon — en dépit d’élections législatives qui ont eu lieu le 13 juin 2010 —, le Royaume est entré en guerre contre la Libye sans hésitation aucune en dépêchant sur le théâtre d’opérations six F-16. La chambre des députés a soutenu la décision de ce gouvernement fantôme, lundi, par 125 voix et une abstention.

Entrer en guerre est pourtant une décision majeure qui ne peut, en théorie, être prise par un gouvernement en « affaires courantes », sauf bien sûr si le territoire national est attaqué, car il y a alors urgence. On n’est pas précisément dans ce cas de figure, la menace étant pour le moins lointaine. Le ministre de la Défense, le démocrate-chrétien flamand Pieter de Crem (photo), qui semble avoir oublié qu’il n’était là que pour arroser les plantes et éteindre la lumière en attendant son successeur, n’a pas hésité à militer pour l’envoi de troupes terrestres afin de bouter Kadhafi hors de son palais, c’est-à-dire à exposer la vie de ses soldats (sur les « affaires courantes », lire ici).

Il faut dire que la Constitution belge n’en est plus à un attentat à la pudeur près depuis que le Roi, le 2 février, a demandé au gouvernement démissionnaire d’Yves Leterme d’adopter un budget d’austérité pour 2011 afin de sortir du régime paralysant des « douzièmes provisoires » (reconduction mois par mois à l’identique en tranche d’un douzième du budget précédent). Or, le budget est l’acte majeur d’un gouvernement de plein exercice, acte qui est normalement interdit à  un gouvernement qui a cessé d’exister lorsqu’il a démissionné. Comme le dit Le Soir, « les affaires courantes galopent » !

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