L'Union Européenne tarde à prendre des dispositions à l'égard des réfugiés venus d'Afrique du Nord (29/03/2011)

Alors que l’UE cherche des solutions pour faire face à des vagues d’immigration venues d’Afrique du Nord (voir Europolitique n° 4170), les premiers réfugiés fuyant la Libye ont débarqué ces derniers jours sur la petite île de Lampedusa, au sud de l’Italie. La mission de l’agence Frontex de surveillance des frontières extérieures de l’UE y a été prolongée jusque fin août.

Les trois bateaux arrivés en Italie le 27 mars sont les premiers à atteindre l’Europe depuis le début de la rébellion contre le colonel Kadhafi. Ils transportaient environ 800 personnes - principalement des Erythréens, des Ethiopiens et des Somaliens. Ils ont été interceptés aux abords de l’île Linosa, près de Lampedusa, où des milliers de migrants arrivent aussi de Tunisie. Certains des migrants ont été transportés en Sicile, où ils ont pris un bus pour un centre de réfugiés. «  Il n’y a plus de contrôle sur les côtes libyennes maintenant. Des milliers de personnes partent », a déclaré à la télévision italienne une femme érythréenne arrivée à Lampedusa.

Ces migrants, étrangers en Libye, n’ont pas de pays où retourner. La commissaire européenne à la sécurité, Cecilia Malmström, a lancé un appel à la solidarité aux Vingt-sept pour réinstaller dans l’UE des Erythréens et Soudanais. Selon elle, certains ont déjà exprimé leur volonté d’agir, sans plus de précisions. Elle ne peut compter que sur leur bonne volonté, l’UE n’ayant aucune compétence en la matière.

De leur côté, les associations de défense des réfugiés dénoncent le peu d’avancées sur le front de l’asile en Europe. Emmaüs Europe a publié une lettre ouverte sur le « paquet asile », la série de propositions législatives visant à harmoniser davantage les politiques d’asile et à soulager les pays en première ligne au sud de l’UE, Italie et Malte en tête. Bloqué au Conseil par les grands pays du Nord, ce paquet doit refaire l’objet de propositions de la Commission. Emmaüs réclame «  une meilleure répartition des réfugiés entre les Etats membres à l’initiative du Bureau européen d’appui en matière d’asile (créé à Malte) et en accord avec le choix des demandeurs d’asile », ainsi que l’allocation de fonds suffisants pour permettre l’accueil des demandeurs d’asile dans des conditions décentes.

A Lampedusa, la semaine précédente, cinq embarcations transportant 291 personnes sont arrivées de Tunisie portant à près de 6 000 le nombre d’immigrés entassés dans des conditions précaires. «  Le message de la Commission est très clair, ceux qui ont besoin d’une protection internationale doivent la recevoir », a commenté le porte-parole de Mme Malmström le 28 mars. Il a rappelé que l’UE contribue à hauteur de 75 % aux opérations de « retour » dans les pays d’origine des recalés à l’asile en Italie. Si le budget européen reste ouvert, ces fonds doivent d’abord être utilisés et servir à la réintégration dans les pays d’origine, via la formation ou l’aide à l’emploi.

Lettre d’Emmaüs : www.europolitique.info > recherche = 291013

Par Nathalie Vandystadt | lundi 28 mars 2011 sur Europolitique

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