Sydney Lumet, pourfendeur de la culture de masse, n'est plus (11/04/2011)
Sydney Lumet se méfiait, dit-on, des groupes et des Eglises. Cela n'empêche que sa dénonciation de la culture de masse est plus que jamais d'actualité :
"Le cinéaste ne sèmera plus la terreur parmi les vendeurs de rêves. L’artiste est décédé des suites d’un cancer à 86 ans, a annoncé le New-York Times. Frondeur, il était un fin observateur du petit écran. Dans Main basse sur la télévision, il passe au scalpel les effets dévastateurs de cet outil, son emprise sur les individus, le pouvoir des animateurs et des multinationales. « L’image n’est pas la vérité. » Ni l’Évangile. C’est le message qu’il n’a cessé de répéter, de son vivant, quitte à agacer ses contemporains.
(...)
Évidemment que l’individu de la post vidéocratie dispose du libre arbitre ! Il peut, grâce à la magie de la télécommande, surfer sur les programmes, choisir en toute connaissance de cause. Mais il fait partie d’un système où consommation de masse, formatage et lobotomie œuvrent pour son bien être. Cette lucidité avant gardiste a choqué des esprits trop enclins à voir en l’homme un résistant commis d’office… un sceptique devant l’éternel.
Dire que cette pédagogie lui a valu beaucoup d’inimitiés, de rancœurs dans le monde de la culture et à Hollywood est un « euphémisme »….La mémoire est vivace.
Répéter haut et fort que la télévision est « un spectacle », une fabrique de l’impuissance… « l’opium des résignés » n’est pas une insulte à l’intelligence. Encore moins un procès, quand on sait que la télévision n’éduque plus.
" On ne vit pas. On fonctionne." C’est sans doute l’une des pensées les plus foudroyantes des exégètes de la contre culture à laquelle l’artiste était affilié, malgré une défiance déclarée envers les groupes et les églises. Personne n’est parfait. Les grands visionnaires n’échappent pas à cette loi universelle.
Avec sa disparition, c’est un monde qui est en deuil. Pas seulement l’univers feutré de l’art, ses antennes, ses intrigues. Le regard critique vient de perdre un de ses orfèvres.
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