Les inquiétudes des Coptes (22/04/2011)

"Des murs étincelants de crépi frais peint se dressent au bout d'une ruelle où des gamins à dos d'âne soulèvent des nuages de poussière.L'église des Saints-Martyrs-Marguerguis-et-Marmina vient littéralement de renaître de ses cendres. Il y a six semaines, une histoire d'adultère entre une musulmane et un chrétien a causé un fort émoi à Atfeeh, un village situé à deux heures de route du Caire.

Une histoire de famille et d'honneur, qui a dégénéré en affrontement armé. Deux proches de la jeune femme y ont laissé leur vie.Le jour des funérailles, une bande de musulmans a attaqué l'église copte à coups de marteau, avant d'y mettre le feu.

«Ils criaient des slogans islamiques, ils ont terrorisé les chrétiens du village», raconte le père Balamoun Ywakeen. Les leaders musulmans ont unanimement dénoncé ce saccage, et l'armée a reconstruit l'église en un temps record. Cet incident reste révélateur des tensions qui surgissent entre la minorité chrétienne, qui représente environ 10% de la population égyptienne, et la majorité musulmane.

«Plus de 70% des musulmans sont modérés et nos relations sont excellentes avec eux», dit George William, responsable des activités des jeunes dans une église copte de la capitale. Mais ce sont les autres qui font peur.Depuis plusieurs jours, des intégristes protestent contre la nomination d'un gouverneur chrétien à Qena, en Haute-Égypte, par exemple. Mais ce qui a vraiment mis le feu aux poudres, c'est un discours récent du numéro 2 des Frères musulmans, Mahmoud Ezzat. Selon le journal Al-Masr Al-Youm, celui-ci a déclaré que «l'application des punitions prévues par la charia prendra du temps et n'arrivera que lorsque l'islam sera implanté dans tous les coeurs».

«C'est tout à fait inacceptable pour les chrétiens», s'indigne George William. Depuis, l'Église copte a rompu tout dialogue avec les Frères musulmans. Mahmoud Ezzat nie avoir tenu ces paroles et veut poursuivre le journal. Mais la cassure est là."

par Agnès Gruda (Cyberpresse)

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