Une nouvelle restructuration de l’enseignement supérieur en Belgique francophone ? (11/05/2011)
C’est « Le Soir » d’hier qui l’annonce : Le ministre de l’Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt envisage de créer une académie unique, secondée par des pôles géographiques. Voici l’information :« Après les académies, bientôt les pôles ? Conformément à la Déclaration de politique communautaire qui envisage une coordination de l’offre de l’enseignement supérieur par zones géographiques – on parle de « bassins géographiques » – et suivant les recommandations de la Table ronde, le ministre Jean-Claude Marcourt (PS) continue de travailler, dans la plus grande discrétion, à cette mutation. Récemment les recteurs des universités de la Communauté française ont été avertis des intentions du ministre en la matière. L’idée est, grossièrement, la suivante : il n’y aurait plus qu’une seule académie en Communauté française, en lieu et place des trois académies existantes (Louvain, Wallonie-Bruxelles et Wallonie-Europe). L’académie unique serait compétente pour la recherche et la formation doctorale. ./...
Double bouleversement
Les académies telles qu’on les connaît aujourd’hui seraient remplacées par des pôles qui comprendraient non seulement les universités mais aussi les hautes écoles d’une même région. On évoque la création de cinq ou six pôles : Brabant Wallon, Bruxelles, Mons (peut-être avec Charleroi), Liège, Mons et Namur. Un double bouleversement. Non seulement on passerait d’une logique confessionnelle, à une logique géographique, mais on rattacherait les hautes écoles aux universités.
Le cas de l’académie Louvain est le plus épineux. Elle regroupe l’UCL, partagée entre Louvain-la-Neuve et Bruxelles essentiellement pour la médecine, les Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix (FUNDP), à Namur, les Fucam à Mons (avec lesquelles l’UCL vient de fusionner) et les Facultés Saint-Louis à Bruxelles. Conséquence de la suppression de l’académie : l’UCL « perdrait » Saint-Louis et les FUNDP et donc un ancrage solide à Bruxelles et Namur. On mesure mieux, à la lueur du projet « pôles » de Marcourt, toute l’importance que revêtait la fusion des universités catholiques, et donc les conséquences de son échec, en décembre dernier. Mais si on savait le projet des pôles dans les cartons du ministre, la surprise, ce sont les compétences qu’il souhaite voir attribuer à ces pôles et leur mode de gouvernance.
Les compétences sont vastes : répartition et coordination de l’offre d’enseignement au sein des différents sites ; coordination de la perception des droits d’inscriptions aux études comme les recettes qui y sont associées ; représentation au sein des différentes instances régionales, communautaires, nationales et internationales ; devenir le lien privilégié pour tous les établissements membres avec les acteurs locaux, publics et privés ; …
En ce qui concerne la gouvernance, la note du cabinet Marcourt suggère trois niveaux de pouvoir : un niveau « exécutif » restreint, composé du recteur et des représentants des institutions membres ; un niveau « décisionnel » plus large, sorte de conseil académique ; un niveau « stratégique », orienté vers l’extérieur. Particularité de ce dernier niveau, il serait « ouvert » aux représentants des milieux politiques, culturels et sociaux (syndicats et entreprises ?) et en même temps « garant de l’autonomie et de la liberté académique du pôle » !
Peut on faire un commentaire à ce stade ?
Le ministre Marcourt envisagerait donc de mettre fin aux trois académies regroupant les établissements d’enseignement supérieur de la Communauté française de Belgique selon les réseaux d’influence « idéologique ». Dans ce projet, exeunt les académies de Louvain, autour de l’UCL pour le réseau catholique, de Wallonie-Bruxelles, autour de l’ULB, pour le réseau des libre-penseurs et Wallonie-Europe, autour de l’ULG pour les neutres…
Le « mammouth » de l’académie unique mijote « discrètement », paraît-il, dans les officines ministérielles. La sauce du maître queue Marcourt sera-t-elle (si elle prend) du goût de tout le monde ? Certains risquent de faire la grimace. Le réseau « académique » d’influence autour de l’université catholique de Louvain (si tant est que l’UCL mérite encore ce qualificatif) est celui qui risque d’y laisser le plus de plumes : les chrétiens paieraient de la sorte le prix des divisions qu’ils ont affichées.
Jusqu’à plus informé.
JPS
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Commentaires
C'est intéressant de voir qu'en Belgique aussi on donne le délicat prénom de "mammouth" au ministère de l'enseignement !
En France, les choses sont à leur point mort, et la situation des professeurs et des élèves est loin d'être réjouissante. La formation des enseignants est en train d'être refondue, ce qui fait qu'ils n'ont plus rien pour le moment...
- Brice
Écrit par : gestion de classe | 11/05/2011