En marge de la visite du pape en Croatie : le bienheureux Alojzije Stepinac (03/06/2011)
Né à Brezaric (Krasic) le 8 mai 1898, ce fils de paysans, sujet autrichien, déserte l’armée austro-hongroise en 1915 et rejoint « l’armée verte », passant dans le camp de la Serbie pour combattre aux côtés des Alliés contre l’occupant. Ordonné prêtre en 1930, il devient évêque à 36 ans, comme coadjuteur de l’archevêque de Zagreb auquel il succède trois ans plus tard.
L’« affaire Stepinac » éclate en 1946 lorsque, seize mois après la fin de la guerre, le maréchal Tito fait arrêter le cardinal Stepinac, archevêque de Zagreb depuis 1937. Accusé de collaboration avec les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, le responsable des catholiques croates est rapidement condamné à seize ans de prison.
Quand, fin avril 1941, Hitler choisit le chef de file du mouvement oustachi, Ante Pavelic, pour diriger une Croatie « indépendante », l’archevêque salue la création de cet État comme la réalisation « d’un voeu nourri depuis longtemps ». Le voeu de tout un peuple qui sort de dix-neuf années d’une domination serbe sans pitié et qui ratifie l’« indépendance ». Très rapidement, l’archevêque découvre la vraie nature du régime Pavelic. Dès le 14 mai 1941, il se dresse contre une décision du « führer » croate, la fusillade collective d’otages serbes. Le 23 mai suivant, il dénonce le port de l’étoile jaune. Et il ne cessera plus de s’opposer au régime pro-nazi ; ses sermons, ses lettres, ses protestations circuleront vite dans les maquis, même communistes.
Pourtant, en 1946, c’est l’affrontement direct avec le nouveau pouvoir. Parce que Croate, Stepinac est aussi catholique et entend rester fidèle à Rome. Il sert de bouc émissaire. On lui reproche de ne pas s’être insurgé contre la législation raciale promulguée par Palevic, contre la mise hors la loi et le massacre des Serbes, contre l’interdiction de l’Église orthodoxe et la persécution de son clergé… On lui reproche des conversions forcées menées par certains prêtres…
Condamné à 16 ans de prison le 11 octobre 1946, le cardinal Stepinac, atteint d’une maladie du sang, est placé en résidence surveillée dans son village natal de Krasitch cinq ans plus tard. Le 12 janvier 1953, Pie XII en fait un cardinal. Ce qui provoque la colère de Belgrade qui rompt ses relations avec le Vatican. Pourtant, à sa mort, le 10 février 1960 à Krasic, certains parlent d’empoisonnement ; Tito accepte que ses obsèques soient célébrées dans la cathédrale de Zagreb. Alojzije Stepinac a été béatifié le 3 octobre 1998 par Jean-Paul II à Marija Bistrica (Croatie).
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