Herve : la procession delle Ceqwemme (13/06/2011)

dyn009_original_600_450_pjpeg__1765254d6e2a562cf1ca725d6b73d6ee.jpgSur le site du Bureau du Tourisme de la Ville de Herve (province de Liège), nous trouvons cette notice consacrée à la procession du lundi de la Pentecôte :

"De nos jours encore et toujours, la procession du lundi de la Pentecôte est une manifestation importante de foi chrétienne et d'attachement au folklore religieux local.

Le dimanche, à 17h, une trentaine de tambours et clairons de la Clique de la royale Garde Saint-Jean prend le départ au coin de la rue Jardon, juste après le premier tir de «tchambes» dû au groupe des carillonneurs herviens, pour rappeler dans toutes les rues la cérémonie du lendemain.

Des bannières et des oriflammes enjambent les rues où passera la procession et les fenêtres des maisons s'ornent de crucifix, de statues, de fleurs et de bougies qu'on allumera au passage du Saint-Sacrement.

Le lundi, à 3h du matin, les tambours reprennent la route pour sonner le réveil et, à partir de 4h, les Herviens et les anciens Herviens revenus pour la circonstance, se rassemblent devant l'église. A 5h, les tambours s'ébranlent et la procession se met en marche, par n'importe quel temps, beau ou mauvais. C'est ce qu'on appelle le départ du premier tour.

Le cortège est à ce moment très simple. On peut y voir en tête une bannière puis les tambours et quelques musiciens, les fidèles sur deux rangs, priant et chantant, la statue de la Sainte Vierge appelée «la petite Notre-Dame du premier tour»; les acolytes, le clergé et le Saint-Sacrement porté sous le dais lui aussi «du premier tour».

Le premier arrêt se fait rue Jardon, au reposoir élevé devant le grand crucifix datant de 1850. On y donne la première bénédiction au son des clairons et de la pétarade des «campes» qui annoncent à tous le début de la procession.

On suit alors la route de la Clé, et sortant de la ville, on passe sous le viaduc de Noblehaye où a lieu la distribution d'un feuillet de chants et le comptage des participants.

Dans le petit jour qui se lève, entre les haies derrière lesquelles accourt et vient se ranger parfois une troupe de vaches curieuses, par la rue de Noblehaye et le chemin Laboulle, on arrive à la ferme des Fawes où se donne la seconde bénédiction, au son des clairons.

A ce moment commence la partie la plus pittoresque de la procession. On descend à travers les prairies, où le fermier a fauché une largeur d'herbe et ouvert les barrières pour permettre le passage; on enjambe le petit ruisseau de Bolland puis on remonte par le lieu-dit «so l'hougne» vers la route de Maastricht. A la «Croix de pierre» se donne la 3ème bénédiction.

De là, sur deux rangs, on se dirige par la grand-route vers Battice mais on s'arrête auparavant devant le reposoir de Chesseroux où le curé de Battice et ses paroissiens rejoignent la procession. Le curé y donne la 4ème bénédiction, de nouveau au son des clairons et des «tchambes». Ensuite, cette fois sous un soleil vigoureux, quand il veut bien être présent, la procession se dirige vers l'église de Battice. Là, les fidèles peuvent assister à la messe et ensuite aller se restaurer tandis que ceux qui ne font que le premier tour, la moitié environ des participants, retournent vers Herve.

Vers 9h, le cortège se reforme pour entamer le deuxième tour. Par la route de Verviers on se rend à l'église de Manaihant. Les participants font une courte halte à l'église, se désaltèrent puis reprennent la route vers Bruyères. Là, à l'église, on donne la bénédiction suivie pour les uns d'un certain temps d'adoration du Saint-Sacrement tandis que les autres se restaurent car il est près de midi. La procession prend alors la route de la Maison du Bois, s'arrête pour la bénédiction à la chapelle Legrand et pour une nouvelle bénédiction au carrefour de Hubertfays. La marche entame maintenant la chaussée de Liège pour remonter vers Herve, certaines années sous une chaleur accablante. Au reposoir dressé au lieu-dit «sur les Vignes» les participants courageux feront la jonction avec la procession arrivée de Herve.

Car vers 1h, un cortège s'est formé devant l'église de Herve pour solenniser la "rentrée" et s'est rendu au reposoir «Sur les Vignes». Le clergé revêtu de riches ornements, la statue de la Sainte Vierge appelée «la Vierge de la rentrée» dans son manteau bleu orné de dentelles et de pierreries, des groupes d'enfants portant bannières et oriflammes, le groupe des premiers communiants de l'année, les musiciens et la chorale, les pompiers en uniforme (jadis quand les charbonnages étaient encore en activité, une délégation de mineurs), les fidèles qui ont fait le premier tour et d'autres très nombreux y attendent l'arrivée de ceux qui ont fait le tour complet. Quand les deux groupes sont réunis, on donne la bénédiction et les deux cortèges, sans se fondre, repartent pour la rentrée solennelle. On repasse comme au matin par la rue de la Clé mais, cette fois, entre deux rangs de nombreux curieux. Au milieu d'une très grande foule, une derrière halte a lieu au reposoir de la rue Jardon. Les tambours battent, les clairons sonnent quand le prêtre élève l'ostensoir pour bénir la foule tandis qu'éclate un énorme «carillon» dans un chemin tout proche. Dès que le cortège a repris sa marche vers l'église, beaucoup de mères viennent asseoir leur tout jeune enfant sur l'autel, à l'endroit où le Saint-Sacrement a reposé, en guise de bénédiction particulière. C'est au milieu d'une foule de plus en plus dense que la procession entre dans l'église, pleine de toute part, où résonnent orgues, tambours et clairons. Au son des grandes orgues, le clergé entonne le Te Deum (chant d'actions de grâces) et le Tantum ergo liégeois. Tambours et clairons saluent la dernière bénédiction suivie du cantique traditionnel «Célébrons à jamais le Seigneur dans ses bienfaits». C'est par une dernière prestation de toute la clique, à ébranler les voûtes de l'église, que se termine la rentrée solennelle de la procession «del Céqwemme». Le périple a été de près de 15 kilomètres 300.

Son origine doit être ancienne et se perd dans le passé. La première mention retrouvée remonte à 1592, sous le pastorat de Nicolas Pucetanus.

Vocabulaire : Séqwemme-Céqwemme-Cicwemme-Cincwcmme-Cinqwemme : vient du latin «quinquagésime» qui signifie cinquantième ou Pentecôte (cinquante en grec), fête se célébrant 50 jours après Pâques.

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