Tout doit changer pour que rien ne change (23/06/2011)

Le prétendu « printemps arabe » est une illustration parfaite de la parole du prince Salina dans le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa « Le Guépard » : tout doit changer pour que rien ne change. Petite illustration contemporaine :

 « En Egypte aussi, la révolution suit son cours. L’université d’Al Azhar a enfin élaboré son document sur ce que doit être la nouvelle Egypte, donc sur ce qu’elle sera. Et c’est le grand imam, cheikh al-Tayyeb, qui l’a présenté lui-même : il faut établir « un Etat national constitutionnel moderne », fondé sur la séparation des pouvoirs et garantissant l’égalité des droits entre les citoyens. Sic. Il a ajouté que les principes de la charia islamique devraient rester la source principale de la législation. Ce qui annule tout ce qui précède.

 

 « Le lendemain, on a appris que 18 partis politiques ont mis au point une plateforme commune en vue des prochaines législatives, pour l’établissement d’un « Etat démocratique et égalitaire ». Ils vont élaborer « un projet de loi électorale pour les législatives garantissant une plus large représentation des partis et des forces politiques », ce qui est très pratique pour le gouvernement, qui n’aura pas besoin d’élaborer un projet de loi.

Parmi les lignes de force de la plateforme, on note « la liberté de croyance et de culte, la liberté d'expression et des médias, l'indépendance de la justice, un système économique fondé sur la justice sociale et la transmission du pouvoir par le biais d'élections libres et transparentes ».Tout cela est admirable. Ah oui. J’oubliais. Cette coalition est formée autour du « parti de la liberté et de la justice ». Autrement dit autour des Frères musulmans. Ce qui annule tout ce qui précède.

 « Il y a quelques jours, on apprenait que le gouvernement égyptien avait élaboré un projet de loi mettant les musulmans et les chrétiens à égalité en ce qui concerne le droit de construire des lieux du culte. Et l’on était ébahi .On en sait aujourd’hui un peu plus sur le projet de loi. Il édicte qu’il ne peut pas y avoir de nouveau lieu de culte à moins d’un kilomètre d’un lieu de culte existant. Ce qui interdit purement et simplement la construction d’églises dans les villes, où il y a toujours forcément plusieurs mosquées à moins d’un kilomètre du lieu prévu. Le projet de loi précise aussi que tout nouveau lieu de culte doit avoir une superficie d’au moins 1 000 m2. Ce qui interdit la construction d’églises dans tous les villages où la minorité copte n’a pas besoin d’une église de 1 000 m2 et n’aurait d’ailleurs pas les moyens de la construire. Autrement dit, avec cette nouvelle loi, la situation serait pire que sous Moubarak… »

 C’est sur le site  Daoudal Hebdo N° 131

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