Les missionnaires sont de retour (06/07/2011)
L’abbé Loiseau a fondé en 2005, dans le diocèse de Fréjus-Toulon, les « Missionnaires de la Miséricorde divine », un institut de prêtres séculiers qui anime une paroisse personnelle que leur a confiée l’évêque du lieu, Mgr Dominique Rey. Cette société cléricale de droit diocésain est particulièrement dédiée à l’évangélisation, notamment celle des musulmans. Le fondateur a accordé une interview au directeur du mensuel « La Nef », Christophe Geffroy.C’est ici :Les Missionnaires de la Miséricorde divine : la priorité de l’évangélisation,
Extraits:
(…)
Concrètement, comment se traduit votre charisme de missionnaires ?
Ce charisme doit d’abord s’ancrer dans la prière et la vie communautaire. L’adoration eucharistique, la liturgie, la vie fraternelle et la formation sont essentielles aujourd’hui pour annoncer l’Évangile. Il s’agit pour nous à la fois de maintenir les activités d’une paroisse classique (catéchisme, sacrements, scoutisme, pastorale familiale, groupes de jeunes...) mais aussi d’avoir un souci permanent de l’annonce de la foi aux personnes qui sont loin de l’Église. C’est pourquoi la visibilité de la vie paroissiale me paraît indispensable, d’abord par les processions mais aussi par des prédications publiques, des missions de rues, de plages, du porte-à-porte, des repas de quartier... Nous avons aussi participé à la mission diocésaine organisée au mois de mai dans la ville de Toulon : une semaine d’église portes ouvertes, qui donne déjà de très beaux fruits.
Pourquoi et comment vous est venu ce charisme de la conversion des musulmans ?
Au début de mon ministère en région parisienne, j’ai eu à préparer au baptême des jeunes originaires de l’islam et je me suis rendu compte du grand isolement de ceux-ci. La progression de l’islam en France mais aussi les conversions de musulmans au christianisme dans les pays arabes nous révèlent que c’est le grand défi spirituel pour les prochaines années. De nombreux voyages dans les pays arabes m’ont permis de mieux connaître l’islam. En outre, j’ai suivi une formation en théologie des religions.
On entend souvent dire que les musulmans sont difficiles à convertir : qu’en est-il ?
Je préfère parler de l’annonce plutôt que de la conversion qui appartient à Dieu. Il est vrai qu’elle est très difficile, mais non pas impossible puisque nous assistons pour la première fois dans l’histoire de l’islam à des conversions en masse au christianisme comme en Algérie où ils seraient plus de 100 000. Il est important de noter que 40 % de ces conversions sont d’origine miraculeuse. Dans notre quartier où la population est à 80 % d’origine maghrébine, notre habit permet un contact direct dans la rue, dans les cafés ou à leur domicile. Les thèmes spirituels qui peuvent toucher plus profondément un musulman sont la miséricorde et la révélation d’un Dieu d’amour qui agit dans nos vies.
Que pensez-vous du dialogue interreligieux avec les musulmans ?
Le dialogue interreligieux est nécessaire mais il est souvent mal vécu. Car on se contente d’une certaine paix spirituelle sans exigence de vérité. La confusion des différentes formes de dialogues (définies dans le document pontifical Dialogue et annonce de 1991) entretient une naïveté et l’ignorance. Il faut revenir à une forme respectueuse de disputatio en quête de vérité. L’islam repose sur des erreurs historiques et doctrinales à propos de Jésus, des prophètes, de la Trinité et de la Providence qu’il ne faut pas hésiter à exposer. Cependant, devant la laïcité agressive de nos pays occidentaux, le fait que des hommes croient en un Dieu unique dans une révélation avec des exigences spirituelles de vérité et une dimension publique de leur foi est un reproche vivant lancé à notre déchristianisation. L’islam est un aiguillon pour notre mollesse spirituelle.
Comment jugez-vous la façon dont le problème de l’islam est abordé en France ?
Les politiques et les médias ont une grande méconnaissance de l’islam, tant dans ses origines que dans ses pratiques contemporaines. Cette religion ne peut pas être traitée comme les autres car ses conséquences politiques et sociales sont immédiates. Là où nos contemporains parlent de laïcité et de liberté religieuse, il faudrait interpeller les musulmans sur un certain nombre de sujets tels que la place de la charia, les fondements de la liberté religieuse, la possibilité de changer de religion, la place de la femme, la distinction entre le temporel et le spirituel, le djihad, le rapport entre raison et révélation, la culture et l’identification avec Mohammed.
Vous êtes attachés à la forme extraordinaire du rite romain : pourquoi et quel bilan tirez-vous du motu proprio Summorum Pontificum ?
(…) Pour entrer dans l’esprit de Benoît XVI et vivre une plus grande unité dans l’Église, il est capital de saisir qu’il n’y a pas une Eglise après ou avant Vatican II, mais qu’il s’agit bien du même mystère. La place donnée à la forme extraordinaire permet de mieux vivre l’herméneutique de la continuité et de retrouver une plus grande unité doctrinale et spirituelle dans l’Église. Un long chemin est encore à réaliser pour que se vive l’enrichissement réciproque des deux formes du rite romain dans la fidélité aux principes de Sacrosanctum Concilium de Vatican II. Je trouve que l’application du motu proprio est beaucoup trop lente. Il existe encore beaucoup de blocages de part et d’autre pour s’enrichir des deux rites (…).
Vous touchez beaucoup de jeunes : comment analysez-vous leur situation ?
Beaucoup de jeunes aujourd’hui sont en grande détresse psychologique, affective ou spirituelle. Il est donc essentiel de leur proposer des groupes de prières et de formation exigeants. Mais comme nous vivons une rupture culturelle importante, il faut insister sur un effort de toute l’Église pour vivre une annonce directe auprès de ces jeunes. Là, nous avons beaucoup à apprendre des communautés nouvelles qui ont réfléchi et expérimenté des formes neuves d’évangélisation directe auprès de ces jeunes.
Propos recueillis par Christophe Geffroy
Aidez les Missionnaires de la Miséricorde divine à se développer par un don : chèques à l’ordre de ADFT-Missionnaires de la Miséricorde, 104 cours Lafayette, 83000 Toulon. Site : http://misericordedivine.fr/ Tél. : 04 94 31 80 26.
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