Le 27 octobre à Assise, Benoît XVI priera avec d’autres religions, « pour la paix » (08/07/2011)

1(3).jpgLe 27 octobre prochain à Assise, Benoît XVI priera  avec d'autres religions pour la paix, en récusant tout syncrétisme. Sa venue suscite déjà des critiques. Dans le « Figaro ».  Jean-Marie Le Guénois cite cette « mise au point » du cardinal Jean-Louis Tauran, président du conseil pontifical  pour le dialogue interreligieux, parue dans l’ « Osservatore Romano » du mardi 5 juillet :

«Le dialogue n'est pas une conversation entre responsables religieux ou croyants d'autres religions, précise le cardinal Tauran. Il ne s'agit pas non plus d'une tractation de type diplomatique; ce n'est pas le lieu d'un marchandage et encore moins de compromis. (…) Il ne cherche ni à souligner, ni à annuler les différences. Il ne vise pas à créer une religion globale, acceptée par tous (…) ; il ne concède rien à l'ambiguïté des concepts et des mots.» Au contraire, ajoute celui qui fut le ministre des Affaires étrangères de Jean-Paul II pendant treize ans, l'enjeu de ce dialogue comme de la rencontre d'octobre, est de créer un «espace pour un témoignage réciproque entre croyants» et de «corriger des images erronées, et dépasser les a priori et les stéréotypes sur les personnes et les communautés». Pour celui que Benoît XVI a choisi, après la crise de Ratisbonne (où une phrase du Pape sur les musulmans avait créé une polémique mondiale) pour mener le dialogue avec toutes les religions non chrétiennes, dont l'islam, ce dialogue entend «connaître l'autre, tel qu'il est, parce qu'il a le droit d'être connu ainsi et non à partir de ce que l'on dit de lui, et encore moins tel qu'on voudrait qu'il fut». Un état d'esprit difficile à faire admettre, y compris dans l'Église. Déjà, en avril dernier, le Vatican avait publié une note pour justifier la présence du Pape à cette prière d'Assise: «Chaque être humain est, au fond, un pèlerin en quête de la vérité et du bien. C'est pourquoi, l'homme religieux reste toujours en chemin vers Dieu. De là naît la possibilité ou mieux, la nécessité de parler et de dialoguer avec tous, croyants ou non-croyants, sans renoncer à sa propre identité ou céder à des formes de syncrétisme.» Le risque de syncrétisme, ce mélange des convictions religieuses, était précisément la critique et la réserve, - il ne s'était pas rendu à Assise il y a 25 ans - que le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, avait formulées à l'encontre de cette initiative de Jean-Paul II.

 Il faut en effet lever les ambiguïtés et c’est plus facile à dire qu’à faire :

On parle de prière. Une prière en commun, mais s’adressant  à qui ?  Déjà, sous l’empire romain, la proposition était faite aux chrétiens de sacrifier au panthéon officiel quelques grains d’encens, en se bornant à  invoquer la divinité qui est dans les cieux,  l’ « éther » (principe divin tellement impersonnel et universel que chacun peut s’y reconnaître).On sait de quel  prix  ils ont payé  leur refus. Ou bien des prières séparées, chacun s’adressant à la divinité de son choix ?  Mais alors, pourquoi se réunir ? 

On parle de dialogue. Un jeu de miroirs où chacun se présente sous son plus beau jour ? Dans le meilleur des cas, il ne peut s’agir que d’une rencontre à  la recherche de quelque « valeur culturelle  partagée », avec toutes les ambivalences que peuvent receler les concepts généraux. Mais n’y a-t-il pas un conseil pontifical de la culture pour cela ? Il reste que la Vérité révélée  ne se prête guère à ce genre d’exercice car, comme disait (horresco referens) feu Mgr Marcel Lefèbvre, fondamentalement, « on ne dialogue pas avec l’erreur » mais, ajouterions nous, avec la personne qui la commet.   

JPS

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