Réticences et convergences entre le patriarcat de Moscou et Rome (04/09/2011)

De l'entretien publié le 31 août 2011 dans le journal serbe « Politika », avec le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, il ressort que le patriarcat de Moscou n'est pas très favorable à une invitation du pape en Serbie pour commémorer le 1700ème anniversaire de l'Edit de Milan, tout en convenant que catholiques et orthodoxes sont appelés à relever ensemble les défis d'une Europe en voie de déchristianisation :

Extrait :

"– Après votre visite en Serbie, au début du mois d’avril de cette année, la presse serbe a écrit qu’au cours de vos rencontres vous auriez fait savoir la désapprobation de l’Église russe devant une possible invitation du Pape en Serbie pour l’année 2013. Avez-vous abordé ce thème avec les représentants de l’Église orthodoxe serbe ?

– Ce thème n’a volontairement pas été soulevé au cours de mes rencontres avec les hiérarques de l’Église orthodoxe serbe. Il s’agit d’une affaire intérieure au Patriarcat de Serbie. Pour autant que je sache d’après les médias, l’épiscopat de l’Église orthodoxe serbe est divisé sur la question de l’invitation du Pape. Pour l’instant l’orientation des prochaines festivités du 1700e anniversaire de l’édit de Milan reste flou : témoigneront-elles de l’importance de ce jubilé historique pour les représentants des différentes confessions chrétiennes, où seront-elles l’occasion d’exprimer l’unité fraternelle des Églises orthodoxes locales.

– Les fonctionnaires ecclésiastiques orthodoxes et catholiques ont souvent exprimé la crainte de voir l’Europe perdre sa dimension chrétienne. Vous soulignez que les orthodoxes et les catholiques doivent défendre ensemble les valeurs traditionnelles chrétiennes en Europe. Comment deux Églises chrétiennes peuvent-elles remplir ensemble cette charge, estimez-vous que cette collaboration peut avoir des conséquences néfastes pour l’une ou l’autre des deux Églises, comme le craignent certains milieux ecclésiastiques qui voient dans ce dialogue une tentative d’union ?

– La nécessité d’une collaboration entre orthodoxes et catholiques dans la défense des valeurs traditionnelles chrétiennes au sein de la société sécularisée contemporaine devient de plus en plus criante ces derniers temps. Les positions de nos Églises sont proches sur de nombreux défis que le monde jette actuellement au christianisme : ce sont les processus de sécularisation libérale, la globalisation, l’érosion des valeurs familiales, les dommages causés aux normes de la morale traditionnelle. Nos Églises s’élèvent ensemble contre l’avortement, l’euthanasie, les expériences médico-biologiques incompatibles avec le principe moral du respect de la personne humaine, etc.

Le problème de la christianophoblie, l’atteinte aux droits des chrétiens à cause de leur appartenance religieuse, devient de plus en plus actuel. Nous observons aujourd’hui, malheureusement, des manifestations ouvertement antireligieuses en Europe, où certaines forces politiques s’efforcent d’évincer la religion de la sphère publique pour la restreindre à la seule sphère individuelle. Une position concordante de nos deux Églises peut ici avoir une grande importance.

La collaboration entre catholiques et orthodoxes peut se développer sous différentes formes. Il peut s’agir de projets culturels communs, d’actions publiques, d’une coopération active au niveau des représentations auprès des organisations internationales. Il y a déjà des exemples positifs de collaboration. Grâce à l’action concertée et conséquente des orthodoxes et des catholiques, il a été possible, par exemple, d’obtenir une résolution positive de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire « Lautsi contre l’Italie » sur les crucifix dans les écoles publiques italiennes.

La crainte d’une quelconque union que favoriserait cette collaboration est totalement infondée. L’union, c’est la réunion sur la base de compromis dans le domaine de la foi. Tandis que la collaboration dont je parle ne touche pas à la sphère doctrinale. Les Églises orthodoxe et catholique romaine, sans être pleinement unies doctrinalement et canoniquement parlant peuvent collaborer dans le domaine social puisque les positions des deux Églises sont très proches sur ce point."

source : http://www.mospat.ru/fr/2011/09/01/news47048/

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