En demi-teintes, le dernier voyage du Pape ? (03/10/2011)

pict_360596.jpgC’est le point de vue d’un article paru dans la Libre Belgique ici Benoît XVI : bilan en demi-teintes sous la signature de l’incontournable Christian Laporte. Nous y avons-nous-mêmes fait écho sous le titre: Benoit XVI en Allemagne : un voyage en demi-teintes ?

Un lecteur attentif de notre site, M. Mutien-Omer Houziaux, ancien maître de conférence à l’Université de Liège, nous propose aujourd’hui une réaction sur le mode de fonctionnement de ce chroniqueur « religieux ».

« Dans les colonnes de La Libre Belgique, M. Christian Laporte vient de consacrer deux comptes rendus à la récente visite du Pape en Allemagne. Le 24 septembre, il note – avec une  satisfaction que je partage – : « Benoît XVI rend hommage à Luther et prône des retrouvailles dans la prière ». Son analyse le conduit même à écrire que les éloges décernés aux « recherches théologiques » et au « combat intérieur » de l’ex-prêtre fondateur du protestantisme situaient le discours du Pape « aux antipodes de ‘Dominus Jesus’ »  – et là, nous divergeons. Pour comprendre ces « antipodes », il faut savoir que, document  donné à Rome le 6 août 2000 et signé Joseph  Card. Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, « Dominus Jesus » porte un sous-titre très explicite : “sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église”. Selon M. Laporte, Benoît XVI aurait donc fait volte-face sur Joseph Ratzinger : absurde...

Le  26 septembre, un titre dû au même chroniqueur rend un tout autre son de cloche : “Benoît XVI en Allemagne : un voyage en demi-teintes ?”. En un week-end, le chroniqueur passe de la lumière à la pénombre. Si ce n’est pas là palinodie, c’en est proche : pareille climatologie théologique a tout de même de quoi perturber la promenade du paroissien ordinaire.

Ces perturbations atmosphériques se comprennent aisément – mais ne se justifient nullement – dès lors que ledit chroniqueur explique son désenchantement par le “recentrage doctrinal” qui dicterait la pensée du Magistère et “une frilosité réelle à toute forme d’ouverture”. Recentrage? Mais on ne recentre que ce qui a été décentré; serait ainsi à recentrer toute velléité de contester que le Vatican n’est ni à Erfurt, ni à Écône, mais à Rome. Le Pape n’a rien recentré : sa pensée n’a jamais quitté le centre. N’en déplaise à ceux et celles pour qui un consensus peut s’obtenir au prix d’un relativisme théologique “subliminal” (dixit S.S.), dissimulé derrière une sémantique volontairement floue, Benoît XVI a bien précisé qu’une “mauvaise compréhension de l’œcuménisme consistait précisément à négocier pour parvenir à un ‘compromis’”.  Et d’ajouter : “La foi n’est pas quelque chose que nous concoctons ou déterminons. Elle est le fondement sur lequel nous vivons.”

Ce que ne semble pas comprendre (ou admettre!) M. Laporte, c’est que tant la “volonté” d’une “base”  en matière de “communion” partagée que les “ouvertures morales et éthiques des églises évangéliques” ne peuvent ébranler les assises mêmes de l’édifice catholique. N’est donc pas inconséquente l’attitude du Pape, qui refuse aux uns les perspectives qu’il ouvre à d’autres. Ainsi a-t-il déclaré (à Freiburg) : “ l’Orthodoxie est théologiquement la plus proche de nous; catholiques et orthodoxes ont tous deux la même structure de l’Église des origines. Nous pouvons ainsi espérer que ne soit pas si loin le jour où nous pourrons de nouveau célébrer l’Eucharistie ensemble.” Voilà qui est parler clair. M. Laporte aurait-il “omis” ces paroles papales, quand il écrit : “lors d’une rencontre avec les orthodoxes, il avait LAISSÉ ENTENDRE que le rapprochement avec ces autres ‘frères séparés’ serait plus facile – SOUS-ENTENDU : qu’avec d’autres chrétiens”?

 

Mutien-Omer Houziaux.

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