Un roi célèbrait les noces de son fils (28e dimanche "ordinaire" A) (09/10/2011)
Homélie du Père Joseph-Marie
« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils » : voilà qui devrait nous rassurer quant aux intentions de Dieu à notre égard ! Conformément au protocole, ceux qui avaient eu l’honneur d’être « invités », sont avertis très officiellement par les serviteurs du roi que le grand jour est enfin arrivé. Stupéfaction : ils refusent de venir ! Chacun d’eux poursuit ses occupations comme si de rien n’était ; certains même passent leur mauvaise humeur sur les pauvres émissaires du roi, trahissant ainsi la vraie raison de leur refus : ils n’ont aucune envie de partager la joie d’un roi pour lequel ils nourrissent plutôt du mépris, du ressentiment, voire de la haine. Aussi la réponse ne se fait-elle pas attendre et les présomptueux vont payer très cher leur insoumission.
Cependant, cet échec ne décourage pas le roi, qui tient absolument à ce que la salle de noce soit bondée ! Puisque ceux qui étaient invités de longue date n’ont pas voulu répondre à l’appel, faisant eux-mêmes la preuve de leur indignité, il se tourne vers le tout-venant parmi ses sujets. Il envoie ses serviteurs « à la croisée des chemins », les chargeant d’inviter tous ceux qu’ils rencontreraient, sans faire de tri entre « les mauvais et les bons ». On devine sans peine la surprise de ceux-ci ! Le stratagème semble réussir puisque les serviteurs parviennent à remplir la salle de ces convives improvisés.
Or voici que Matthieu fait mémoire d’un troisième volet, tout à fait inattendu, de la parabole : après le refus des invités de la première heure, l’accueil improvisé des passants, l’épisode du vêtement de noce semble en effet en contradiction avec ce qui précède. Jésus ne vient-il pas de préciser que la salle rassemblait « les mauvais comme les bons » interpellés sans discernement le long de la route ? Ces invités de dernière minute, rassemblés à la hâte, qui n’ont pas eu le temps de se changer pour venir à la fête, comment le roi peut-il exiger qu’ils portent un « vêtement de noce » ? La logique interne du récit nous invite à nous élever à une interprétation symbolique de ce fameux habit, qui conditionne la participation aux réjouissances. Disons que quelque chose différencie cet homme des autres convives et c’est ce « quelque chose » qu’il s’agit de préciser.
Ce que Jésus présente dans la parabole comme une sanction prononcée par le roi, n’est en fait que l’explicitation des conséquences de nos propres choix : en refusant d’entrer en relation avec Dieu notre Père, nous nous enfermons nous-mêmes dans le mutisme et la solitude ; en refusant d’entrer dans sa joie, nous nous murons dans la tristesse, nous nous enfonçons dans les ténèbres, nous nous condamnons « aux pleurs et aux grincements de dents ».
« Voilà : tout est prêt : venez au repas de noce » : aujourd’hui retentit à nouveau à nos oreilles cet appel pressant du Seigneur. Saurons-nous saisir cette opportunité qui nous est offerte et accepter l’invitation ? Mais n’oublions pas l’habit de noce : pour nous en revêtir, il faudra peut être nous désencombrer de quelques vêtements inutiles ! Sachons comme Saint Paul, « vivre de peu » en ce monde qui passe, en veillant à « avoir tout ce qu’il nous faut » (2nd lect.) dans le monde à venir. Il est un temps pour « aller à son champ et à son commerce » ; et il est un temps pour répondre à l’appel du Roi qui nous invite à le rencontrer au banquet des noces de son Fils. Heureux les invités au festin du Royaume !
« Seigneur tu m’invites à “habiter ta maison pour la durée de mes jours” et je n’en aurais cure ? “Tu prépares la table pour moi” et je la bouderais ? Tu m’invites à entrer dans ta joie, et à “me reposer sur des prés d’herbe fraîche”, et je resterais enfermé dans mes tristesses ? “Tu es le berger qui me fait revivre” et je serais complice des ténèbres et de la mort » (Ps 22,23) ? Que ta Parole me réveille de mes torpeurs, qu’elle ouvre mes oreilles à ton appel : “Tout est prêt : venez au repas de noce” ; qu’elle me donne la force de m’arracher à mes inerties, dans la certitude que “je peux tout supporter avec celui qui me donne la force” ; et que je te rende grâce de tout mon cœur en proclamant à pleine voix : “Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen !” (2nd lect.) »
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