Lettre ouverte à Mgr Jousten, évêque référendaire pour l'enseignement (20/10/2011)
Monseigneur,
Depuis plusieurs jours, on n'entend plus parler que de Monseigneur Léonard, votre frère dans l'épiscopat, en raison des quelques mots qu'il a consacrés, dans les Pastoralia de Malines-Bruxelles, à des conseils pastoraux adressés aux personnes qui ne vivent pas en conformité avec les préceptes moraux de l'Eglise, en particulier dans leur situation matrimoniale. Il leur déconseille notamment d'exercer des responsabilités de directeurs dans l'enseignement catholique ou de professeurs de religion. Il n'est nulle part question de leur interdire quoi que ce soit puisque, selon la loi belge, l'Eglise n'a plus le droit d'exercer un contrôle sur l'embauche ni de renvoyer un directeur ou un professeur pour des motifs relevant de leur vie privée. Il ne s'agissait donc que de placer ces personnes face à leur conscience. Le primat de Belgique a-t-il été excessif dans la formulation de ces conseils pastoraux? Mérite-t-il d'être condamné sans appel par le Segec ou les associations de parents? A-t-il fait autre chose que de rappeler ce que n'importe quel évêque catholique est censé professer?
Alors, comment se fait-il qu'il soit livré seul au déferlement médiatique et politique? Où sont ses frères dans l'épiscopat? Où a-t-on vu l'évêque référendaire pour l'enseignement intervenir pour assurer son confrère de son soutien et prendre fait et cause pour les positions de l'Eglise sur ce chapitre? Comment interpréter ce silence de l'épiscopat belge face à un tel acharnement?
Au moment où le "parlement" de la "fédération Wallonie-Bruxelles" vient de condamner les propos de Mgr Léonard, nous osons espérer que ce silence n'est qu'un temps de réflexion préludant à une déclaration courageuse et que personne ne pourra interpréter cette temporisation comme une lâcheté ou une dérobade.
C'est animés par cet espoir que nous vous adressons, Monseigneur, l'assurance de nos sentiments filiaux et respectueux,
au nom de l'équipe de Belgicatho,
Yves Willemaers
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Commentaires
Oui, le silence des autres "Monseigneur" est consternant! Si les médias publics leur sont fermés, qu'ils s'expriment au moins sur le site de leur diocèse! Où sont-ils? On pourrait enfin y lire des prises de positions courageuses, celles de l'Eglise Catholique... mais bon, ne rêvons plus. Regardez par exemple le site du diocèse de Namur : nulle part nous ne lisons de lettres pastorales, d' enseignements, de mots d'encourageants de nos pasteurs durant cette traversée houleuse ...juste leur agenda une fois par mois... pour savoir quoi? On se le demande..., peut-être pour ne pas oublier qu'ils existent encore...
Écrit par : marych | 18/10/2011
Soit dit en passant, je m'étonne aussi du silence des évêques par rapport à la crise du système bancaire (Dieu ou Mammon), à la crise politique belge, au désespoir de beaucoup de personnes devant leur impuissance à comprendre et à agir face aux grands événements du monde. Comme s'il n'existait aucune "Doctrine sociale de l'Eglise"... Comme si le peuple en était réduit à choisir, à défaut de mieux, entre le bleu, le rouge, l'orange ou le vert.
Écrit par : Pierre René Mélon | 19/10/2011
@ pierre rené m... Exact, mais n'est-ce pas une preuve de plus de l'assujettissement de l'Église belge au politique ?
Les trente années du cardinalat de Danneels semblent avoir servi à fabriquer une Église totalement soumise à l'État. Une Église seulement soucieuse de ne pas mettre en difficulté les comptes de ses Fabriques d'églises ou les rémunérations de ses prêtres. Bref, une Église très peu témoin du Christ. Un Christ qu'elle a même de plus en plus caché, comme si elle en était honteuse.
Mais bon, c'était peut-être déjà écrit à partir des origines de la Belgique. Nous ne sommes jamais vraiment sortis du régime de sujétion de l'Église, imposé par l'occupation napoléonienne, puis par l'occupation orangiste.
Écrit par : Pauvre Job | 19/10/2011
Je soutiens en tous points votre protestation
Écrit par : nsomwé | 19/10/2011
L'article dans la Libre(?)-Belgique d'un porte-parole officiel d'une dirigeante politique et les prises de position d'un de nos multiples parlements sur les propos tenus par notre archevêque, sur une question de conscience, dans un article publié par une revue d'Eglise, constituent une insupportable ingérence du politique dans le domaine religieux.
Je ne comprends pas comment elle n'a pas provoqué une levée de boucliers instantanée de la part de tous ceux qui, dans notre pays, se disent attachés à la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
"Rendez à César ce qui est à César", bien entendu, mais aussi et tout autant: "Rendez à Dieu ce qui est à Dieu"
Écrit par : Pascal de Roubaix | 19/10/2011
Des membres du Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles et la Ministre concernée (?) se sont penchés sur quelques propos du Primat de Belgique et les ont condamnés.
Il s'agissait d'une recommandation du prélat à ses ouailles qui envisageraient de devenir professeur de religion, ou directeur d'une école qui se déclare catholique.
En substance ? Si vous êtes divorcé et remarié, évitez de vous mettre en porte-à-faux : on attendra de vous un témoignage que vous ne donneriez pas.
D'une part. Ces parlementaires et cette ministre n'ont pas d'autres priorités ? Par les temps que nous vivons, ils sont payés pour disserter là-dessus ?
D'autre part, les échos de cette médiocre chicane émanent de journaleux qui se déclarent catholiques. Et les autres évêques du pays, eux, (courageusement) ils se taisent…
Cette situation incohérente ne s'explique que par les dissensions internes et profondes dans l'Eglise.
Depuis des décennies, Elle vit une crise digne du conflit entre iconoclastes et iconodoules. Comme si la colombe du Saint Esprit ne parvenait plus à franchir le barrage des "fumées de Satan" (homélie de Paul VI, le 29/06/1972).
Écrit par : Delmotte Etienne | 19/10/2011
Avez-vous eu une quelconque réaction à votre lettre de la part de Mgr Jousten?
Écrit par : marych | 20/10/2011
C'est silence radio sur toute la ligne! Pourtant, cette lettre a été adressée personnellement à l'intéressé.
Écrit par : Yves Willemaers | 20/10/2011
Les indignations de l'évêque référendaire sont en effet sélectives. J'espère être démenti...
Écrit par : Tchantchès | 21/10/2011
On peut penser aussi qu'il prenne conseil auprès des autres évêques, pour trouver la meilleure façon de répondre à cette véritable agression du monde politique belge, agression assortie d'un chantage au boycott de la religion.
Et qu'il soit en concertation aussi (on l'espère) avec Rome ... et sous la conduite de l'Esprit qui doit tous nous inspirer.
Peut-être ce monde politique aimerait-il que l'Église réagisse trop 'à chaud' pour encore mieux la stigmatiser ? Cette attaque anticléricale est une façon de tester l'adversaire, ses réactions, ses alliés, ses forces. Pour savoir s'ils peuvent pousser des attaques plus importantes.
J'ai aussi remarqué que Benoit XVI et le Vatican réagissent très rarement 'à chaud', mais ils réagissent toujours. On ne peut donc demander à nos évêques ni de faire plus ni de faire moins que le Pape. Mais surtout pas de faire moins.
Écrit par : Pauvre Job | 21/10/2011
Vous pensez vraiment que le Christ aurait dit à une personne divorcée et remariée: n'exerce pas de poste à responsabilité dans mon église...
Je pense qu'il serait bon pour tous de relire l'Evangile...
Écrit par : pp | 25/10/2011
très vrai
Écrit par : gillard Jeanine | 07/11/2011
est-il chrétien d'ajouter l'opprobre aux blessures?
Écrit par : gillard Jeanine | 07/11/2011
@ jeanine g... Est-il chrétien de considérer qu'un engagement pris devant Dieu soit aussi banal qu'un engagement pris devant M. le Bourgmestre ou devant M. le Notaire ?
Si les engagements pris devant Dieu n'avaient pas plus de valeur, pourquoi le Christ aurait-il subi l'opprobre et les blessures, et pourquoi aurait-il accepté d'être crucifié ? Et pourquoi un Père Damien aurait-il subi l'opprobre et les blessures pour l'avoir pris comme modèle ?
Est-il chrétien de prendre comme modèle le Christ, plutôt que le gros bourgeois Voltaire ?
Si être chrétien ne devait être qu'un chemin de roses ici-bas, cela se saurait, et il n'y aurait guère eu de martyrs depuis 2000 ans. Être divorcé est effectivement une souffrance subie, mais depuis quand les chrétiens n'offrent-ils plus leurs souffrances subies au Christ ?
Qu'un athée, celui qui nie Dieu, banalise le divorce, ce mal objectif, générateur de souffrances terribles, est déjà assez triste en soi. Mais pourquoi un chrétien devrait-il prendre l'athée comme modèle, et non le Christ, en banalisant à son tour ce mal objectif ?
Écrit par : Pauvre Job | 08/11/2011