L’athéisme et l'indifférence religieuse en Europe pèsent sur la situation des chrétiens qui vivent aux quatre coins du monde (22/10/2011)

Anne Kerjean, sur Nephtar & Nephtali, relaie cet article paru dans l'Orient Le Jour:

Lu ici :

Jamais nous n’oublierons le douloureux et tragique passé avec le Baas syrien et les Assad.

C’est dans une optique d’un changement violent du régime Assad que nous comprenons les craintes exprimées par le patriarche Raï. Les retombées de la chute du régime et son remplacement par un autre qui ne protégerait pas les minorités, toutes les minorités et pas seulement la minorité chrétienne, est hautement probable. La mainmise des fondamentalistes risque de remplacer une dictature par un régime plus tyrannique. Il est aussi nécessaire d’attirer l’attention sur les risques de dérapages graves vers une guerre civile entre les différentes communautés musulmanes. Le projet de mini-États confessionnels est toujours à l’ordre du jour. À l’ONU, les Américains, les Israéliens et les Européens mettent leur veto à la reconnaissance de l’État palestinien. Nous pouvons entrevoir les conséquences graves d’une telle attitude sur la situation au Proche-Orient et sur le statut des 400 000 Palestiniens résidant dans les camps au Liban.

En théorie, la liberté du culte est garantie dans l’islam, mais en pratique, les chrétiens sont exposés à toutes les menaces. Au Pakistan, la loi sur le blasphème a permis, en dix ans, de jeter en prison plus de mille personnes. En Irak, ils sont la cible d’attentats meurtriers. Nous n’avons guère oublié le lourd bilan de l’attentat contre la cathédrale syriaque-catholique. Depuis la chute de Saddam Hussein, il y a eu des millions de réfugiés et de morts, et le pays sombre dans le chaos, tout cela au nom de la démocratie. Souhaite-t-on le même scénario pour la Syrie ? En Égypte, les combats violents opposent coptes et musulmans. Leurs églises ne peuvent être restaurées. L’attentat de la nuit de la Saint- Sylvestre contre une église copte à Alexandrie a fait 21 morts. La Turquie comptait 20 % de chrétiens au début du XXe siècle; ils sont moins de 1 % aujourd’hui. À Alger, la restauration de la basilique Notre-Dame d’Afrique est considérée comme un geste héroïque. Dans les pays du Golfe, les chrétiens, respectés certes, ont un statut de travailleurs immigrés. Quatorze millions de chrétiens vivent dans un environnement de 350 millions de musulmans. Au Saint-Siège, Mgr Toso soulignait que « plus de 200 millions de chrétiens, partout dans le monde, subissent sous une forme ou une autre la haine, la violence, la menace, la confiscation de leurs biens et d’autres abus en raison de leur religion, faisant d’eux le groupe religieux le plus discriminé ». 75 % des cas de persécution religieuse touchent les chrétiens. Le Moyen-Orient se place en tête de liste des pays où les persécutions sont pratiquées. C’est justement dans cette région que les conflits sont explosifs.


Au cœur même de l’Europe, on observe des actes violents discriminatoires antichrétiens. L’indifférence religieuse et l’athéisme en Europe pèsent sur la situation des chrétiens qui vivent aux quatre coins du monde.

Je pense que le patriarche Raï ne vit pas sur la planète Mars ; il connaît très bien ce passé pour l’avoir vécu. Il est au courant des enjeux. Il réfléchit à l’avenir et nous avertit des risques de dérapages de ce printemps arabe aux couleurs du sang, qui va plonger le Moyen-Orient dans une période de conflits et d’incertitudes durant des décennies.

Que le patriarche prenne la défense et la protection des chrétiens du Liban et du Moyen-Orient, et des Libanais en général est une excellente initiative. Les leaders politiques devraient cesser de faire de la défense des chrétiens leur cheval de bataille dans le simple but de se maintenir au pouvoir. D’ailleurs, ils ont tous échoué. L’action du patriarcat est à garder loin des surenchères politiciennes.

Dr Joseph KREIKER  - L'Orient Le Jour

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