BELGICATHO

Qui sont ces Frères musulmans, qui, par sécurité, ne disposaient pas de liste de leurs membres sous le régime de Nasser, Sadate et Moubarak ? Un puissant mouvement religieux, créé en 1928 par Hassan el-Banna, qui a créé en juin un parti politique donné gagnant, dans les sondages, aux prochaines élections législatives qui débuteront le 28 novembre en Egypte. (…)

Créé par Hassan el-Banna, instituteur à Ismaïlia, pour offrir une alternative aux valeurs occidentales des élites, le mouvement prône une revitalisation de l’islam en Egypte et tisse rapidement un réseau d’associations sportives, culturelles et sociales qui existe encore aujourd’hui. El-Banna a été assassiné en 1949, mais ses idées ont profondément pénétré la société égyptienne. »

La Libre est aussi allée à Mansoura, ville du delta du Nil, que les étrangers ne fréquentent guère :

« Dans les guides touristiques, Mansoura y figure en quelques lignes, pour signaler qu’ici le roi Saint-Louis subit en 1250 une défaite cuisante lors de la septième croisade et, qu’arrêté, il dut négocier sa liberté contre rançon (…)

Ville insignifiante ? Pas pour les Frères musulmans. Un ancien guide suprême est originaire de la ville, de même que le principal homme d’affaires qui soutient la confrérie, Kairat Al-Chater. Mansoura est un bastion de la confrérie. Et aux prochaines élections législatives qui débutent le 28 novembre en Egypte, la ville est l’une des circonscriptions où le parti des salafistes (Al Nour, La Lumière) s’est volontairement effacé pour faire la place au nouveau parti des Frères, le parti de la Liberté et de la Justice.

Les Frères ont donc un boulevard devant eux, pour la campagne électorale, et ils ne s’en privent pas, continuant leur action sociale et religieuse. Ils sont présents sur tous les fronts dans le gouvernorat de Dakahlia, lequel inclut Mansoura et environ cinq millions d’habitants : distribution de tracts dans les mosquées, les rues et les écoles; distribution de pain et d’huile; des camps pour la Da’wa (promotion des valeurs de l’islam); des opérations de nettoyage dans certains villages.

Les alliances locales avec les salafistes accroissent les craintes que les Frères se rapprochent dangereusement du wahhabisme saoudien et finissent par prôner en Egypte un Etat dominé par les religieux. Les Frères s’en défendent. " Les salafistes sont aussi les frères de l’Egypte et si nous sommes à leurs côtés, ce sera dans une démarche qui respectera la loi et les libertés ", a dit récemment l’un des porte-parole de la confrérie, Saad Al-Husseini (cité dans le livre de Xavier Ternisien, "Les Frères musulmans", Editions Pluriel). »

En bon libéral occidental incorrigible, le reporter ajoute que même si « religion et politique sont chez eux étroitement mêlés »,  « les Frères prônent un Etat égyptien séculier, inspiré par la charia et respectueux de la minorité copte », ajoutant qu’« à plusieurs égards, selon lui, les Frères s’apparentent au mouvement catholique qui a irrigué l’histoire de la Belgique. ». Mais qu’en pensent les Coptes eux-mêmes ? Cela fera peut être l’objet d’un autre reportage où l’on pourrait parler aussi de l’armée égyptienne…

Le reportage se trouve ici : Ces Frères musulmans sortis de l’ombre et là :  Les Frères aux marches du pouvoir