"Golgota picnic" : déclaration de Monseigneur Le Gall, archevêque de Toulouse (15/11/2011)
Déclaration de Mgr Robert le Gall
Le spectacle Golgota picnic, qui va être proposé chez nous à Toulouse du 16 au 20 novembre, nous pose deux questions préalables. Celle de l’intention de l’auteur : M. Rodrigo Garcia veut, dit-on, dénoncer avec force toutes formes d’intégrisme et s’insurger contre un dieu tout puissant qui lui faisait peur dès l’enfance : ce n’est pas le Dieu que les chrétiens annoncent. Celle, plus large, de la liberté d’expression d’un artiste, qui n’est pas sans limite. Est-il légitime de salir la foi de nombreux fidèles, de les heurter de front dans leur attachement au Christ ? Je ne le pense pas.
Le visage de Dieu que la personne de Jésus nous révèle jusqu’en sa mort sur la croix ne laisse pas nos contemporains insensibles. C’est cette image que l’abbé Pierre, Mère Teresa, Sœur Emmanuelle et bien d’autres ont su contempler dans tous les pauvres, en tous ceux qui subissent l’humiliation : l’image d’un Dieu qui s’est fait l’un de nous et qui a pris sur lui nos misères, jusqu’au bout ! Une multitude de chrétiens depuis des siècles a choisi de servir et d’aimer ce Dieu d’amour qui se révèle dans son apparente impuissance au Golgotha. Comment ne pas penser aujourd’hui aux nombreux chrétiens persécutés à cette heure même ?
En France, le projet Diaconia 2013 : Servons la fraternité, s’inscrit dans cette démarche de respect et de service de tout homme. De nombreux chrétiens témoignent, par leurs actions auprès des plus pauvres, de leur foi en un Dieu fait homme, humilié jusqu’à la mort sur une croix.
Dans ce contexte et dans cet esprit, nous désapprouvons vivement les manifestations prévues à Toulouse du 16 au 20 novembre contre la pièce de R. Garcia. Nous tenons à préciser que ceux qui se présentent comme étudiants catholiques de Toulouse et qui distribuent des tracts à la sortie des églises n’ont aucun mandat de notre part ; ils n’ont aucun lien avec la pastorale étudiante de Toulouse.
Nous souhaitons mettre en garde contre toutes les manipulations politiques et intégristes qui sous-tendent ces manifestations. La prière ne peut en aucun cas être utilisée par des chrétiens comme instrument de pression, sinon elle est en contradiction avec ce qui la nourrit : une relation d'amour avec Dieu et avec son prochain. C’est dans cet esprit de dialogue que nous invitons toutes les personnes impliquées dans la culture à approfondir les enjeux et les responsabilités de toute création artistique, dans le respect de la dimension religieuse, pour préciser le statut et la place du sacré dans notre société.
Nous comprenons le désarroi causé chez des chrétiens de bonne volonté par ce spectacle et nous le partageons : nous sommes sensibles avec eux à tout ce qui outrage notre foi. Mais les groupes qui utilisent quelque forme de violence que ce soit en se réclamant du christianisme nous blessent également et défigurent l’Église. Jésus n'a jamais demandé qu'on venge l'outrage qui lui serait fait. Il ne répond pas à la violence par la violence, mais par le pardon.
Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
Le 10 novembre 2011
08:48 | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | |
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Commentaires
Il me semble que Mgr Le Gall est singulièrement autoritaire avec les catholiques blessés dans leur foi, mais très diplomatiquement conciliant avec ceux qui les blessent, ainsi qu'avec les autorités françaises qui bafouent leur propre principe de laïcité, en subsidiant ce qu'il faut bien appeler un prosélytisme agressif anti catho.
Pourquoi ne prend-il pas exemple sur l'Abbé Pierre, qu'il cite pourtant comme modèle ? L'Abbé Pierre n'a pas hésité à s'en prendre ouvertement aux autorités civiles en 1954, en les accusant de laisser mourir des gens dans la rue, de ne pas agir selon l'amour charité du Christ.
Pourquoi ne prend-il pas exemple sur les Coptes d'Égypte, à qui il fait pourtant allusion ? Ces Coptes n'ont pas hésité à descendre dans la rue pour manifester contre leurs églises incendiées et leurs droits bafoués, malgré le danger qu'ils couraient de s'opposer ainsi au pouvoir en place. Et beaucoup ont été écrasés par les chars militaires, comme un jeune catholique à Paris a eu la jambe écrasée par un fourgon de CRS.
Il me semble qu'une partie de l'épiscopat français confond la non violence, le pardon des offenses, et l'amour de ceux qui ne nous aiment pas, avec une passivité et un silence coupables. Si Jésus a été crucifié, c'est pour avoir publiquement et ouvertement dénoncé les dérives du pouvoir en place à son époque, qu'il soit civil (romain) ou religieux (pharisien).
Ce n'est pas aimer ceux qui ne nous aiment pas, que de leur laisser faire du mal, sans rien leur dire ; au contraire, c'est les enfoncer dans ce mal. Ce n'est donc pas chrétien. Un martyr prie Dieu de pardonner à ceux qui le torturent ou le tuent, mais par cette prière il ne leur laisse pas croire qu'ils font bien. Il ne faut pas confondre le catholicisme avec le masochisme.
On attend donc d'un évêque qu'il s'adresse en priorité à ceux qui n'aiment pas les catholiques, et courageusement, en prenant des risques. Plutôt que de « faire preuve d'autorité » en demandant aux catholiques de se laisser faire et se taire.
Est-ce faire violence à quelqu'un, que de lui dire qu'il ne doit pas agir avec violence envers les catholiques ? Ou est-ce lui montrer le vrai visage du Christ ?
Écrit par : Pauvre Job | 15/11/2011
Mgr énonce les raisons de s'émouvoir pour, ensuite, recommander la passivité. Cela manque de cohérence.
C'est à se demander si on n'est pas devant un bel exemple de chicane ecclésiastique. Des catholiques qu'il ne contrôle pas ne devraient pas montrer leur dynamisme chez lui, dans sa juridiction et sans lui avoir demandé sa permission.
C'est très "classique".
Écrit par : Etienne | 15/11/2011
L'on a à juger d'abord des faits et pas des intentions.
Si je dis que c'est par amour du christ que je crache dessus, c'est moi même qui décide de faire ma propre loi, cracher sur le christ est synonyme d'amour!
Je suis au chômage, mon mec m'a plaquée, je suis enceinte, je sais que je ne serais pas une bonne mère, par amour je vais avorter car je risque de rendre malheureux mon enfant à naître, qui n'a pas à vivre sans père et laissé dans un orphelinat.
Il y a la matérialité des faits d'abord.
L'explication de l'évêque de Toulouse n'est pas claire. Mais l'on peut le supposer que c'est fait exprès. On reste au milieu du gué pour essayer de complaire à tout le monde.
Comme nous sommes de pauvres brebis face aux loups avec de tels bergers! Oui je sais mes paroles ne sont pas révérencieuses, mais quand l'on voit qu'il faut mieux ne pas chagriner un pseudo-artiste et des directeurs de théâtres subventionnés avec l'argent de petits contribuables, que de nombreux catholiques, des ignares évidemment qui ne comprennent rien à l'art, on peut être révolté. Là ce n'est pas prêcher l'Évangile et rien que l'Évangile, c'est complètement se plier au siècle et aux modes.
Écrit par : e | 15/11/2011
Minable. Nos évêques sont lâches. Cela fait mal au coeur. Ils crucifient Jésus chaque fois qu'ils ouvrent la bouche.
Écrit par : Silence | 15/11/2011
Tout simplement lamentable!
Écrit par : Thierry | 15/11/2011
Ce qui est gênant, c'est la discordance entre les propos épiscopaux : Mgr Centène et Mgr Rey condamnent sans ambages ces productions "culturelles" et encouragent les protestataires alors que Mgr d'Ornellas minimise et condamne les manifestants, tout comme Mgr Vingt-Trois. A quel saint se vouer? En attendant, toute cette mobilisation assure le succès des représentations de ces spectacles somme toute assez médiocres. Corbulon, sur le "temps d'y penser", n'y va pas par quatre chemins : http://www.letempsdypenser.fr/2011/11/castelluci-ad-republicam-non-bonum/
Écrit par : candide | 15/11/2011
AU PIED DE LA CROIX
A propos des deux pièces blasphématoires et des protestations qu'elles ont suscitées,j'ai entendu plusieurs doctes personnes dire que Jésus n'a pas besoin d'être défendu.Elles pensent donc exactement comme Ponce-Pilate qui,face à une foule haineuse et vociférante,n'a pas défendu le Christ, alors qu'il était convaincu de son innocence.Certes aucun blasphème, aucun péché ne peuvent altérer la nature de Dieu mais la Bible nous enseigne que Dieu recherche passionnément l'amour de l'homme ,librement consenti.Au cours de sa passion,Jésus n'a pas permis à Pierre de le défendre par le glaive mais il a accepté le réconfort de sa Mère, de Saint Jean et des saintes femmes se tenant en silence au pied de la croix.Jésus ne leur a pas dit:"Rentrez à la maison,je n'ai pas besoin d'être défendu.En restant là, vous allez compromettre le dialogue culturel avec ceux qui m'ont condamné".
De même, dans chaque ville concernée, les chrétiens tous unis(catholiques, orthodoxes, protestants)devraient protester en silence et sans aucune violence, avec la bénédiction de leur évêque et les encouragements de leurs pasteurs .La liberté d'expression doit-elle être le privilège exclusif de ceux qui bafouent la foi chrétienne?Par ailleurs, laisser le monopole de l'indignation aux Lefebvristes est à la fois une stupidité et une lâcheté.Le monde applaudit en voyant la pusillanimité et la division des chrétiens entre eux. Quel contre-témoignage!Inutile ensuite de parler de Nouvelle Evangélisation.Qui voudrait rejoindre des gens divisés à l'intérieur même du catholicisme(avec des évêques divisés!) et honteux de leur foi?
Écrit par : Lucie S. | 16/11/2011
Voir ici mon analyse : http://pensee-unique.info/explication-de-texte/
Écrit par : Gudule | 18/11/2011