Les catholiques et la vie politique : un lunch-débat animé par le chanoine Eric de Beukelaer à l’Université de Liège (02/12/2011)

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L’Union des étudiants catholiques de Liège et le Groupe éthique sociale, avec le concours du forum de conférences Calpurnia, ont lancé à l’Université de Liège (Place du 20 août, 7) un cycle de huit lunch-débats sur le thème « neutralité ou pluralisme » réunissant, entre autres, plusieurs figures du monde académique, politique et social.

conférence 23 novembre 029.JPGC’est le chanoine Eric de Beukelaer, doyen de Liège- rive gauche et administrateur de l’Union qui a ouvert la série, le 23 novembre dernier, sur  un thème qui fit aussi l’objet de son récent « Credo politique » (paru aux éditions Fidélité) : les catholiques et la vie politique.

Son exposé, s’inspirant des réflexions personnelles qui ont nourri son livre, n’avait rien d’une théorie politique selon l’Evangile. On peut en dégager quelques traits :

La vision chrétienne de l’homme prend en compte toutes ses dimensions, individuelles et collectives : à ce titre l’Eglise a le droit d’exprimer publiquement son point de vue sur tous les aspects de la vie en société. La politique est du nombre. De quel droit lui refuserait-on une liberté reconnue à tous ?

Depuis les origines, le modèle des relations entre l’Eglise et l’Etat a varié. Le christianisme fut, tour à tour, illégal et persécuté, religion d’Etat ou favorisée comme l’un des piliers majeurs de la société. Depuis les événements de mai 1968, il serait devenu une affaire de choix plus personnel.

Trois attitudes se partageraient aujourd’hui la mentalité des chrétiens : la confrontation identitaire, le « melting pot » relativiste et le « patchwork » qui a les préférences de l’orateur : une société plurielle conjuguant les identités fortes et le dialogue.

Qu’est-ce qui devrait caractériser un chrétien en politique ? le dépassement des idéologies abstraites par le sens du concret, de la relation interpersonnelle (à l’image de la Trinité) considérant la capacité morale de l’homme inscrite dans sa nature, même blessée par la faute originelle.

D’où l’importance accordée à l’inviolabilité de la vie humaine, aux relations familiales fondatrices de la société, à l’éducation, à la justice sociale et, au-delà de celle-ci, à la charité qui, tout à la fois, exige, comprend et pardonne tout. Car personne n’est jamais totalement perdu en ce monde.

Tout autant qu’après la seconde guerre mondiale, nous avons besoin aujourd’hui d’une « spiritualité citoyenne », dont les chrétiens -qui sont une minorité importante- devraient constituer le sel. Mais si le sel s’affadit, à quoi sert-il encore ?

conférence 23 novembre 031.JPGEnsuite, le public n’a pas été en reste de questions :

-   Le christianisme n’a-t-il pas toujours fait la distinction entre Dieu et César, même lorsqu’il est la religion de l’Etat ? Dans le principe oui. Le Christ a refusé d’être un responsable politique.

-   L’Etat peut-il se passer de religion ? Oui, mais pas de références fondamentales. Mais nul n’est possesseur de la Vérité : c’est Dieu qui la révèle et nous juge.

-  Qu’est-ce qu’une spiritualité citoyenne ? Après le nazisme, archétype de la perversion d’une société cependant cultivée et raisonnable, des forces politiques et religieuses ont voulu empêcher le retour de ces dérives mortifères en scellant de grands pactes à vocation planétaire comme ceux des droits économiques, sociaux  et culturels ou la déclaration universelle des droits de l’homme. Aujourd’hui nous avons besoin d’un nouveau pacte de ce genre pour partager, au-delà de nos différences, une vision de la société conforme à la dignité de l’homme

-   L’orateur privilégie-t-il une forme de consensualisme ? Il se défend d’éluder les contentieux ou de pratiquer la repentance a priori.

-   Comment concilier le pluralisme avec la parole du Christ : « celui qui n’est pas avec moi est contre moi » ? Jésus veut à la fois rassembler et courir après la brebis perdue. Les paradoxes évangéliques sont à l’image du plus grand d’entre eux : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.

-   Le combat des valeurs est-il politiquement jouable dans la société du fast-food ? Oui, à condition de faire prévaloir le long terme sur les astuces du moment. Le christianisme est un produit « vintage ». Cela finit par payer.

-   Pourquoi conteste-t-on à l’Eglise le droit de s’exprimer sur la morale publique ? C’est surtout le fait des pays où le catholicisme a longtemps occupé le pouvoir. Il doit y apprendre aujourd’hui à construite une culture de contre-culture, sans complexe ni agressivité.

Prochain lunch-débat : « Humanisme, Libéralisme et Socialisme » par Laurent de Briey, professeur au département des sciences politiques des Facultés Universitaires Notre-Dans de la Paix à Namur, Directeur du CEPESS, Centre d’études politiques, économiques et sociales.

La rencontre se tient le lundi 5 décembre 2011 à 18h15, Bâtiment du Rectorat de l’Université de Liège, salle des professeurs, 1er étage, place du 20 août, 7 à Liège (accès par la grande entrée). P.A.F. 10 €. . Renseignements et inscriptions : tél. 04.344.10.89 ou info@ethiquesociale.org

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