Italie : de quel bois se chauffe le gouvernement ? (03/12/2011)

On a donc pris acte que le gouvernement italien de Monti était constitué, majoritairement de ministres catholiques. Certains célèbrent ainsi l'ouverture de "la saison de l'espoir" (Avvenire) et Radio Vatican y réserve un large écho à propos de la parution d'un ouvrage de Diotallevi intitulé : "La dernière chance. Pour une nouvelle génération de catholiques en politique".

Sandro Magister, sur son blog, se montre beaucoup plus circonspect. Voici la traduction de sa note effectuée par notre amie de Benoit-et-moi sur cette page que l'on consultera avec intérêt : Les catholiques adultes du gouvernement Monti

"Parmi les catholiques qui se sont réunis à Todi le 17 Octobre, l'appel du cardinal Angelo Bagnasco à ne pas exclure de l'engagement politique les principes fondateurs du «vivre ensemble» - début et fin de la vie humaine, la famille, la liberté religieuse et l'éducation - a glissé comme l'eau sur le marbre.

"Parfois, on entend affirmer que de ces valeurs, on ne devrait pas parler parce qu'elles "divisent"» avait averti le cardinal, ayant à l'esprit l'éditorial du "Corriere della Sera", qui intimait justement aux catholiques d'arrêter de défendre les principes non négociables.


Mais c'est comme s'il n'avait rien dit. A peine installé le nouveau gouvernement de Mario Monti, avec sa forte présence de catholiques, et parmi eux le plus patenté, le ministre de la Santé Renato Balduzzi, depuis six ans président national du MEIC, autrement dit des intellectuels catholiques, a immédiatement garanti, dans un entretien au "Corriere" du 22 Novembre, que, sur le début et la fin de vie "nous ferons en sorte que ces questions perdent le caractère de discorde qu'elles avaient jusqu'ici".

Trois jours avant, sur la Repubblica du 19 Novembre, le professeur Adriano Prosperi était revenu intimer aux ministres catholiques du gouvernement nouveau-né de témoigner au plus vite s'ils étaient des "catholiques adultes" ou non. Pour réussir l'examen, il fallait rejeter les principes "diviseurs.

"Catholiques adultes" oui, "principes diviseurs" non. Tels sont les deux mantras des catholiques dans le gouvernement actuel.
Etablis sur les chaires de la pensée laïque, qui portent le nom de "Repubblica" et "Il Corriere". Avec le silence, ou les paroles respectueuses de ces mêmes neo-ministres catholiques (ndt: le plus curieux, c'est que le blog de Magister est hébergé par La Repubblica... on est obligé de convenir que son prestige lui accorde une grande liberté de ton...).


On peut supposer que ce tournant pris par l'après Todi, le cardinal Bagnasco ne l'aime pas du tout.
Et en effet, le 23 Novembre, le journal de la CEI, "L'Avvenire", après des jours et des jours d'applaudissements au gouvernement nouveau-né, s'est réveillé et a frappé du poing sur la table, avec un éditorial en première page du Professeur Francesco D'Agostino.

D'Agostino s'en est pris à l'éditorial de Prosperi sur «la Repubblica». Et il a protesté en ces termes:

«Il est frappant qu'une expression, comme celle de« catholiques adultes », née dans un contexte très différent d'aujourd'hui, puisse de nouveau être utilisée de façon si simpliste. Il s'agit en effet d'une expression malheureuse. S'il y a des «catholiques adultes», il y a aussi, nécessairement des «catholiques enfants» . [...] Mais l'engagement à défendre les valeurs «non négociables» n'est pas un trait qui caractérise les prétendus «catholiques enfants», enfermé dans un cléricalisme obtus, et dont les «catholiques adultes» devraient se tenir à bonne distance . Les questions relatives au plein respect de la vie humaine, du début à la fin, à la défense et à la valorisation du mariage et de la famille, à la liberté de croire, de penser et d'éduquer et, par conséquent, sur cette base, à l'affirmation et à la protection des droits des personnes âgées, des jeunes, des travailleurs, des immigrés n'ont pas un caractère confessionnel. Lorsque le cardinal Bagnasco - à Todi et ailleurs - rappelle à ses auditeurs le devoir de défendre les valeurs non négociables, il ne fait rien d'autre que rappeler certains des engagements que tous les hommes, croyants et incroyants, doivent prendre pour défendre notre humanité commune. Le chrétien, et en particulier celui qui assume des charges politiques, n'oeuvre pas pour le bien des «siens», mais il oeuvre pour le bien de «tous».
On peut, bien sûr, avoir des différences d'opinion légitimes sur la façon de défendre en pratique les valeurs non négociables, mais pas sur le fait qu'elles doivent être défendues. Surtout, il n'est pas acceptable qu'on continue à répandre l'idée que l'engagement à défendre les valeurs sont des signes, en Italie, et ailleurs, d'un fossé entre catholiques et laïques, ou, pire encore, entre «catholiques adultes» et «catholiques enfants »."

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