BELGICATHO

Un communiqué diffusé par la Fondation Masihi après la visite et envoyé à l'Agence Fides, affirme que « à cause de son isolement, Asia Bibi, 46 ans, parait passablement vieillie. Elle est pale, semble très fragile voire même incapable de demeurer seule ». Asia était escortée par deux personnels féminins de garde à la prison.

« Au moment de la rencontre, son regard errait dans le vide. Elle ne parvenait pas à comprendre ce qui se passait, étant complètement confuse et étonnée. Pendant toute la conversation - plus de deux heures et 20 minutes - ses pensées sont allées à la dérive » remarque avec préoccupation la Fondation Masihi. « Elle a réagi aux stimulations en exprimant des émotions contrastantes, riant, pleurant et demeurant en silence pendant de longues périodes ».

« Pendant les dix premières minutes - poursuit le texte envoyé à Fides - Asia n'a pas été en mesure de réagir et ne parvenait pas à comprendre si nous étions des amis ou des ennemis. Elle a déclaré que personne ne s'occupait sérieusement d'elle, qu'elle avait peur et semblait très froide et nerveuse. Elle ne parvenait pas à fixer un point ou un interlocuteur. Nous lui avons offert de l'eau et elle semblait être épouvantée même par l'eau ». Ses conditions d'hygiène personnelle étaient affreuses : Asia ne s'est plus baignée depuis plus de deux mois.

La délégation de la Fondation Masihi lui a promis de lui assurer une assistance légale de haut niveau. Asia, avec un ton de voix bas et soumis, a répété aux membres de la Fondation qu'elle « désire seulement retourner au sein de sa famille » et qu'elle continue à prier et à jeûner. La jeune femme demande aux chrétiens dans le monde « de continuer à prier pour elle ». A la question de savoir comment elle passe son temps, Asia a répondu : « J'ai perdu le sens du temps. Je n'ai pas l'idée de combien dure une heure, un mois, une saison. Le seul jour dont je me souviens est le 9 juin, le jour le plus sombre de ma vie, lorsque j'ai été arrêtée. Cela a été le début d'un cauchemar pour moi et pour ma famille ».

Interpellée sur le pardon, Asia a expliqué : « Dans un premier temps, je vivais dans la frustration, la colère et l'agressivité. Puis, grâce à la foi chrétienne, après avoir jeûné et prié, les choses ont changé en moi : j'ai déjà pardonné à ceux qui m'ont accusé de blasphème. Il s'agit d'un chapitre de ma vie que je veux oublier » notant également que « de très nombreux autres frères chrétiens sont accusés injustement tout comme moi ». Alors que la délégation était sur le point de repartir, épouvantée, Asia a crié en larmes : « Quand serai-je relâchée ? ».

« C'est une question que nous retournons au gouvernement pakistanais, à la communauté internationale et à l'Eglise universelle » commente dans un colloque accordé à Fides Haroon Barkat Masih. « Si Asia demeure en isolement, elle risque sérieusement une maladie mentale qui pourrait compromettre définitivement son équilibre psychologique. Nous demandons à ce que les autorités permettent immédiatement à une équipe médicale de la visiter et de lui donner des soins » poursuit le Directeur de la Fondation. « Récemment, le Pape Benoît XVI a rendu visite aux détenus d'une prison italienne : nous croyons que, dans son geste, il a inclus symboliquement tous les détenus du monde, y compris Asia Bibi qui passera un triste Noël, dans la solitude d'une cellule. Nous demandons à tous les chrétiens du monde de se souvenir d'Asia Bibi devant le Seigneur, le soir de Noël et d'élever une prière pour elle ». (PA) (Agence Fides 20/12/2011)