Désaffectation des églises désertées : seul Dieu est irréversible (28/12/2011)

P6254073 (800x600).jpgExemples à l’appui, « Le Vif-l’Express » publie cette semaine (23-29 décembre 2011), un intéressant reportage consacré à la réaffectation des églises vides, en Wallonie et à Bruxelles.

Quelles « guidelines » pour la politique régionale concernée par la restauration et l’entretien des bâtiments du culte, au titre de leur affectation et, le cas échéant, de leur classement patrimonial ? L’hebdomadaire a interrogé à ce sujet des responsables politiques et administratifs.

Dans sa version « soft », la réaffectation  des édifices où le culte est peu suivi consisterait à y ajouter des activités profanes compatibles avec lui ; dans sa version  « hard » à désacraliser le bâtiment à une fin purement civile mais respectueuse de sa destination d’origine. A fortiori et surtout s’il est classé. Comme le déclare Nicole Plumier, directrice à l’Institut wallon du patrimoine, «  il est préférable que les aménagements dans ces bâtiments classés soient réversibles, comme c’est le cas dans l’église dominicaine de Maastricht, transformée en librairie mais qui pourrait sans problème, après démontage des rayonnages, retrouver son état originel. »

 

« Le Vif » met en exergue, a contrario, le projet, heureusement avorté, de désacralisation de l’église du Saint-Sacrement à Liège, auquel  l’évêché local avait mis la main en 2003. Comme l’explique le journal, la mise en vente de cette église « avait suscité l’intérêt de promoteurs belges et néerlandais, et on prêtait même à l’un de ces derniers l’intention d’installer dans le vénérable édifice un club gay ! L’église a finalement été rachetée pour 300.000 euros [à l’époque] par ses fidèles, sollicités par l’abbé traditionaliste Jean Schoonbroodt, et est devenue le temple du chant grégorien. Mais son fonctionnement ne bénéficie d’aucun subside ». Référence (textes accessibles aux seuls abonnés: A quoi servent des églises vides ? Un club gay

Précisons que cet exemple n’est peut-être pas tout à fait adéquat car cette belle église classée du XVIIIe siècle n’était pas « vide ». Simplement, l’association diocésaine du « Balloir » qui avait racheté en 1993 le couvent des religieuses du Saint-Sacrement et reçu de celles-ci l’église en donation,  décida en 2003 de mettre tous les bâtiments en vente pour rembourser des dettes imputables à une gestion dispendieuse.

Seul le couvent fut acquis par un promoteur immobilier qui le transforma en immeuble de bureaux et appartements. Ce sont les fidèles eux-mêmes constitués en asbl (« Sursum Corda ») qui, passant outre aux objections technocratiques de l’évêché, rachetèrent leur église pour pérenniser son affectation au triple service du culte, de la culture et de la conservation du patrimoine liégeois.

Aujourd’hui, cette église, dont le pastorat est confié à deux prêtres diocésains (les abbés Jean Schoonbroodt et Claude Germeau), rassemble près de 150 fidèles dominicaux, sans compter les grandes messes festives ni les activités liées à la musique et à l’art sacrés. C’est aussi de cette église qu’est partie en 2010 la restauration de la procession liégeoise de la Fête-Dieu  attirant des centaines de fidèles dans le quartier d’Avroy (photo). Comme quoi, Dieu seul est irréversible…

En savoir plus sur l’église du Saint-Sacrement ici : patrimoine religieux

12:33 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |