Ne pas confondre spiritualité et santé psychique (03/01/2012)

Selon le journal « La Croix » du 3 janvier, « suite à un certain nombre de plaintes et à certaines dérives, l’épiscopat français a publié un document resté confidentiel pour mieux pointer les risques et dérives possibles (…) 25 000 Français en dix ans, selon les chiffres de La Croix,  ont suivi une session de « guérison intérieure » au sein d’une association ou d’une communauté catholique. Cacouna (Canada), Agapè (au Puy-en-Velay en Haute-Loire), Nicodème ( Béatitudes à Château-Saint-Luc), Retraite de guérison intérieure (Famille Saint-Joseph), Siloé (Chemin-Neuf), Évangélisation des profondeurs ( Bethasda avec Simone Pacot) : depuis trente ans, les propositions se sont multipliées, et certains lieux affichent une liste d’attente de plusieurs mois.

 Face aux souffrances morales et à l’engouement pour les nouvelles thérapies inspirées du New Age et des religions orientales, certains ont cherché à proposer dans l’Église une alternative chrétienne aux retraites traditionnelles, prenant en compte les personnes dans leur globalité – physique, psychique et spirituelle. (…)

Pour autant, si un grand nombre salue les bienfaits de ces retraites, des plaintes de certains retraitants ou de leurs familles inquiètent l’Église. Ici c’est un prêtre qui quitte le sacerdoce, là des couples en déroute… Dans plusieurs cas, des personnes sont revenues chez elles persuadées d’avoir été victimes d’inceste et ont rompu avec leurs familles. 

 « Trois dossiers m’arrivent chaque semaine »,  tempête Jeanine Dijoux, secrétaire générale du Collectif des victimes des dérives du psycho-spirituel, qui regroupe plusieurs centaines de personnes au sein du Centre contre les manipulations mentales (CCMM). « Comment des chrétiens qui n’ont aucune compétence se permettent-ils de manipuler des domaines aussi sensibles ? Ce sont des apprentis sorciers ! Il faut que l’Église reconnaisse les victimes de ces pratiques psycho-spirituelles sauvages. »  (…) 

Les plaintes sont suffisamment graves pour que les évêques aient mis en place il y a un an un comité d’experts sur le « Spirituel et psychologique » auprès du service Pastorale, nouvelles croyances et dérives sectaires de l’épiscopat. Ce dernier vient de remettre aux évêques un document resté confidentiel.(…) Certains sont catégoriques : ce type de retraite est « une fausse piste »,  inoffensive pour des personnes relativement équilibrées, mais très dangereuse pour des personnalités fragiles. 

Certains estiment qu’ils conduisent à induire des faux souvenirs, à manipuler le vécu des personnes et, en « psychologisant »  le message évangélique, à réduire le salut à une « idéologie »  de la blessure et de la guérison.(…)

Pour d’autres, en revanche, il ne faut pas « jeter le bébé avec l’eau du bain », mais accompagner ces initiatives avec vigilance et « corriger ce qui doit l’être » . Le document remis à la Conférence des évêques de France (CEF) appelle ainsi à une extrême prudence : il met en garde contre le risque d’entretenir la confusion entre le salut chrétien et la santé psychique, de brader la séparation chère à l’Église entre for interne et for externe sous prétexte qu’il faut débattre en équipe et avec le responsable de la session des états d’âme de la personne… » Tout l’article ici L’Eglise cherche à mieux baliser les sessions de « guérison spirituelle 

 Après avoir dévalorisé les sacrements et les formes de piété traditionnelles, le guérisseur se pointe : qui de nous n’a jamais rencontré l’un de ces confesseurs sans confessionnal qui tentent de recycler aujourd’hui le  sacrement de pénitence en séance de psychothérapie ou ces étranges liturgies de « guérison » manipulées jusqu’au sein même du rite de la messe ?  La direction de conscience suppose le respect de la liberté des consciences.

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