Syrie : témoignage sur une situation tragique (10/01/2012)

Nous reprenons ce témoignage sur le site d'Oasis qui l'introduit ainsi :

"Alors que les nouvelles qui nous arrivent de Syrie sont désormais de véritables bulletins de guerre, et bien que la situation semble être toujours moins transparente, une chose est certaine : le chaos et la terreur règnent dans le pays. Comme en témoigne le récit de Sœur Agnès-Mariam de la Croix, higoumène du Monastère de Saint Jacques le mutilé de Qâra, qui décrit la situation tragique de la population civile prise entre deux feux :

Un Noël de peur en Syrie

En cette veille de Noël, la Syrie où nous servons le Corps du Christ, est endeuillée par des évènements tragiques. Par-delà le tintamarre médiatique et le bruit de plus en plus grandissant des armes ce sont les civils, innocents, hommes, femmes, enfants et vieillards que Dieu a créé à Son Image et Ressemblance qui payent le prix du sang, de la détresse et de la disette. Comme toujours ce sont les pauvres qui sont les victimes de la folie des grands.

Suite à une mission d’information avec des médias catholiques j’ai été amenée à visiter la ville de Homs et ses environs. J’ai été remuée au plus profond de ma conscience par la tragédie que vit la population civile, notamment les chrétiens. Ces derniers sont surtout concentrés dans les quartiers centraux de la ville qui sont devenus le repaire de bandes armées que personne jusqu’à présent n’a réussi à identifier. Toujours est-il que ces bandes imposent une loi martiale en vertu de laquelle les fonctionnaires qui rejoignent leur travail sont susceptibles de représailles, y inclus les enseignants dans les écoles publiques. De même les artisans, les vendeurs et même ceux qui ont une profession libérale sont la cible d’actes terroristes qui visent à paralyser la vie sociale.

Les résultats de ces méthodes coercitives sont des plus terribles : chaque jours des innocents sont égorgés ou kidnappés. Des familles perdent ainsi le père, le fils ou le frère. Les veuves et les orphelins sont dans la nécessité. Ceux qui n’ont pas affronté le spectre de la mort doivent faire face à la séquestration forcée dans leurs domiciles où ils cherchent à survivre sans travail. Les maigres économies de ces familles s’amenuisent. La plupart sont d’un niveau moyen et en-deçà. Désormais la pénurie se fait ressentir en cet hiver qui s’annonce rigoureux. Le mazout fait cruellement défaut à beaucoup en cet hiver qui s’annonce rigoureux. De plus, une aide alimentaire et médicale de première nécessité devient une urgence.

De retour à Qâra j’ai noté que les mêmes stratagèmes appliqués à Homs ou à Qusayr sont appliqués chez nous par les insurgés. D’un côté ils continuent à organiser des manifestations-studios pour les besoins médiatiques des chaînes mainstream (Al Jazeerah, Arabia, BBC, France 24 et relais) tandis qu’ils font régner la terreur dès la tombée de la nuit. Il est désormais interdit de circuler, sous peine de se faire abattre, après 18 heures à Qâra. Depuis une semaine trente hommes armés sont venus dans cinq camionnettes sur la place du village avec des marteaux compresseurs. Ils ont éventré la chaussée et, en toute impunité, ils ont sectionné les cables de téléphone et les ont traînés avec eux pour les jeter dans le désert. Depuis deux jours, les miliciens ont forcé l’école municipale et ils l’ont volée.

Etant supérieure de l’antique monastère de Saint Jacques l’Intercis à Qâra, du diocèse grec-melkite catholique de Homs, Hama et Yabroud, et ayant vu de mes yeux l’immense souffrance de ces familles je lance un appel à nos amis et bienfaiteurs pour un projet urgent. Venir en aide aux familles syriennes sinistrées qui n’ont plus les moyens de subsister.

 * Pour plus de renseignements: www.maryakub.org

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