Les racines judéo-chrétiennes de l'Europe sont un fait indéniable (04/02/2012)
Source : zenit.org
Les racines judéo-chrétiennes de l'Europe : un fait!
Elles réconcilient l'Europe avec la « solidarité » et les « devoirs »
Les racines judéo-chrétiennes de l’Europe sont une constituante « normale » de la réalité, souligne Joseph Weiler.
Pour le professeur, juif, de droit européen à la New York University, ces racines sont une occasion, en ce temps de crise, de sortir d’un modèle purement « économique » pour renouer avec la « solidarité » et assumer des « devoirs » au lieu de revendiquer des « droits ».
Récemment, le Sénat italien a en effet approuvé une motion sur la politique européenne de l’Italie, qui a introduit une référence aux racines judéo-chrétiennes. Joseph Weiler, commente cette décision au micro de Radio Vatican.
Que pensez-vous de cet amendement ?
Ce devrait être le cours normal des choses. Il reflète une réalité historico-culturelle que tous connaissent : les racines de la civilisation européennes sont Athènes et Jérusalem. Ce qui est étrange est de trouver quelqu’un qui résiste, qui veut nier, qui trouve scandaleux de le mentionner. Si, par exemple, on avait dit que les racines de l’Europe sont gréco-romaines, personne n’aurait objecté, parce que c’est évident. Personne n’aurait objecté: “C’est « exclusif » parce qu’on ne mentionne pas – que sais-je – les Persans ou les Indiens”. Car la réalité de l’Europe est ainsi : l’un des fondements de sa civilisation est gréco-romain. En revanche, quand on parle de la tradition judéo-chrétienne, il se trouve quelqu’un pour protester mais, en réalité, c’est tout aussi normal. Il s’agit de l’ordre historico-culturel: l’Europe est ainsi. Donc, pour moi, nous sommes dans la normalité : à présent, au moins en Italie, nous sommes dans une position saine. Personne, ni les « laïcs », ni les personnes qui ne sont pas de la tradition judéo-chrétienne, ne doit protester, parce que l’Europe est ainsi.
Selon vous, en ce temps de crise, il est important de souligner que l’identité de l’Europe ne se réduit pas à l’économie ?
L’Europe est bien plus qu’un fait économique. Les fondateurs – tous croyants et catholiques – n’avaient pas seulement une vision économique, mais également une vision spirituelle sur l’ampleur de la condition humaine. Monsieur Monnet a dit que l’Europe, ce n’est pas seulement une coalition entre Etats mais une union entre hommes. L’aspect spirituel et moral de l’Europe, surtout dans un moment de crise, est toujours plus important. On parle de solidarité, mais au moment où il faut payer, la solidarité a disparu. C’est le fruit abîmé d’une Europe simplement économique, matérialiste. Aujourd’hui, nous voyons les résultats de cette vision. Il est donc juste de mentionner les racines spirituelles judéo-chrétiennes mais également de rappeler qu’elles ne sont pas seulement judéo-chrétiennes : nous avons également beaucoup hérité d’Athènes et des Lumières. Mais aujourd’hui il est important de rappeler que la charité est importante : cela fait aussi partie de la civilisation européenne.
Qu’est-ce que le judaïsme et le christianisme ont apporté en Europe, au niveau des droits?
D’abord, que le monde dans lequel nous vivons n’est pas seulement matériel : le “telos”, la fin de l’homme n’est pas seulement le bénéfice, le profit personnel. C’est pourquoi donner est aussi important que prendre. Il n’y a pas seulement des droits, même s’ils sont très importants : l’histoire des droits fondamentaux, les droits de l’homme. L’héritage judéo-chrétien fait penser aussi aux devoirs fondamentaux de l’individu envers la société. Par exemple, le livre du Lévitique, au chapitre 19, décrit une très belle vision d’une société qui se soucie de la misère, des pauvres, et tout ceci sans parler de droits, mais seulement de devoirs. C’est une contribution importante de la pensée judéo-chrétienne dans notre civilisation : la responsabilité des uns envers les autres, la solidarité. En ce moment de crise, il est nécessaire de penser à mes devoirs envers les autres, et non à mes droits envers les autres.
Traduction d'Anne Kurian
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Commentaires
Il est évident que l'éducation aux devoirs est largement plus intelligente que l'éducation aux droits, et donc que le décalogue est largement plus intelligent qu'une déclaration des droits de l'homme. Il est plus pédagogique et responsable de dire à un enfant « tu as le devoir de respecter les autres » plutôt que « tu as le droit d'être respecté par les autres ».
En effet, « respecter les autres » est quelque chose qui ne dépend que de lui et de sa bonne volonté. Il peut donc y arriver, c'est un objectif réaliste, atteignable, que vous lui fixez. S'il y arrive, il pourra être fier de lui-même.
Par contre « être respecté par les autres » ne dépend pas de lui, mais des autres justement. Il aura beau faire, il ne pourra donc jamais atteindre cet objectif, qui restera illusoire, décourageant.
Pour un chrétien, c'est assez évident. Jésus nous a demandé d'aimer les autres, et non d'être aimé par eux. Il a même précisé que nous devions arriver à aimer même ceux qui ne nous aiment pas, nos « non amis », nos ennemis.
C'est le principe même de l'amour charité, un amour désintéressé, qui aime sans rien attendre en retour, même pas d'être aimé en retour. Si l'on aime en vue d'être aimé, qu'a-t-on fait d'extraordinaire ? C'est alors un simple marchandage, un « donnant-donnant », non pas un « donnant ».
Écrit par : Pauvre Job | 04/02/2012
Y en a marre d'entendre toujours parler des racines judéo-chrétiennes de l'Europe. Nos racines sont ROMANO-chrétiennes.
Écrit par : gisbald | 05/02/2012
@ gisbald ... Il me semble que « judéo-chrétien » exprime simplement le fait que le christianisme est une branche du judaïsme. Le Christ lui-même était juif, les premiers chrétiens étaient juifs, les premiers papes étaient juifs.
Évidemment, cette branche du judaïsme s'est ouverte aux non juifs, c'est une de ses caractéristiques essentielles. Mais le christianisme n'a jamais renié ses racines et sa tradition judaïque (Ancien Testament). C'est le même Dieu qui s'est révélé aux prophètes hébreux qui se révèle encore aux chrétiens.
Comme le judéo-christianisme s'est ouvert aux non juifs, il est devenu rapidement une branche plus importante que l'arbre qui l'a porté. C'est pour cela je pense qu'on parle aujourd'hui simplement de christianisme.
Le philosophe juif Levinas parle des deux sources de la civilisation européenne, la gréco-romaine d'une part, la judéo-chrétienne d'autre part. En précisant que la première source a fondé la relation de l'individu aux autres (à la société, à l'État), et la deuxième la relation de l'individu à l'autre (le prochain) et au Tout Autre (Dieu).
On ne peut comprendre cette civilisation qu'à partir de ces deux sources. L'aberration des Lumières a été de vouloir faire un trait radical sur la tradition judéo-chrétienne de l'Europe, et d'en revenir exclusivement à la tradition gréco-romaine.
Écrit par : Pauvre Job | 06/02/2012
Qui peut retrouver dans la presse la déclaration improvisée de Paul-Henri Spaak aux journalistes lors de la signature du traité de Rome en 1957 ?
Il a mentionné le caractère chrétien des origines de l'Europe. Etonnant venant de lui.
Écrit par : Chapeau | 07/02/2012