Le nouvel évêque de Lourdes répond à l’hebdomadaire « Famille chrétienne » : (16/02/2012)

Mgr Nicolas Brouwet a été nommé évêque de Tarbes-et-Lourdes le 11 février en la fête de Notre-Dame de Lourdes. Il sera installé le 25 mars, jour de l’Annonciation. Premières réactions de l’actuel évêque auxiliaire de Nanterre publiées dans « Famille chrétienne », sous la signature de Sophie le Pivain :

« Dans quel état d’esprit avez-vous accueilli la nouvelle de votre nomination ?

Je l’ai accueillie à la fois dans la confiance et dans la joie. Dans la confiance, parce que c’est la foi qui me fait dire « oui », et parce que le Seigneur m’accompagne. Enfin, je suis dans la joie d’avoir un tel ministère et de rejoindre Lourdes, que j’aime particulièrement.

 Quel est votre lien avec le sanctuaire ?

J’y suis souvent allé en pèlerinage quand j’étais jeune, avec mes grands-parents, ma sœur. Ma foi a beaucoup grandi là-bas. C’est à Lourdes que j’ai découvert le mystère de l’Église, qui s’accomplit dans la liturgie et le service des malades. Dans les processions du Saint Sacrement à Lourdes, le Christ est au cœur, mais les malades sont au premier rang : on y découvre une Église vivante, décomplexée, dans son universalité et sa catholicité. Les pèlerins de Lourdes portent de gros fardeaux, et je ne parle pas que des maladies physiques, mais ils montrent une foi qui apparaît sans fard, dans toute son authenticité. Lourdes est un lieu propice pour vivre sa foi sans se cacher.

 Vous avez manifesté une certaine proximité avec la sensibilité traditionnelle. Comment concevez-vous votre rôle d’évêque dans un sanctuaire où passent des pèlerins de tous horizons ?

Avec 6 millions de visiteurs par an, s’il se passe quelque chose à Lourdes, c’est bien la communion. En tant qu’évêque, je suis acteur de la communion dans l’Église, et mes goûts personnels sont tout à fait secondaires. Par exemple, mon prédécesseur ouvrait chaque année le sanctuaire à la Fraternité Saint-Pie-X pour son pèlerinage, je continuerai. De même pour tous les catholiques : j’aimerais que chaque catholique, d’où qu’il vienne et quelle que soit sa sensibilité, se sente chez soi dans le sanctuaire, et je m’y emploierai.

Au-delà de Lourdes, vous arrivez à la tête d’un diocèse rural. Comment le citadin que vous êtes appréhende ce nouveau ministère ?

Dans ce domaine, j’ai vraiment tout à découvrir. Je compte vraiment, avec la grâce de l’Esprit, sur les prêtres, les diacres et les baptisés du diocèse, pour me montrer comment vit une communauté chrétienne en milieu rural. Je n’ai pas d’idées toutes faites, et je trouve assez beau que l’évêque ait besoin de ses collaborateurs pour cela.

 Dans le diocèse de Nanterre, vous étiez notamment chargé de l’enseignement catholique. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

J’ai eu la chance de porter le projet d’une création d’école à Puteaux. Cela nous a permis de réfléchir à ce qu’est l’Enseignement catholique en partant de zéro. Notre réflexion nous a conduits à croire que la marque particulière de l’école catholique est que l’équipe pédagogique soit une communauté de foi. Je considère l’enseignement catholique comme une chance pour l’Église. Encore faut-il qu’il soit non seulement le lieu de l’annonce de l’évangile, mais aussi celui où l’on vit l’évangile.

 Mettrez-vous dans vos priorités la promotion des vocations ?

C’est sûr que les vocations feront partie de mes priorités. Comment ? Je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’une Église ne peut pas vivre sans prêtres, et notamment, sans prêtres diocésains. Je sais que le diocèse dans lequel j’arrive est riche en vocations religieuses, en particulier apostoliques. C’est source de grande fécondité. Mais il nous faut aussi des prêtres diocésains, et j’y travaillerai.

 Ici : Mgr Brouwet espère qu’à Lourdes les catholiques de tous bords se sentiront chez eux

Sandro Magister, sur chiesa-espresso se penche également sur cette nomination :

CITÉ DU VATICAN, le 17 février 2012 – Après la nomination “personnelle” de l’évêque Francesco Moraglia en tant que patriarche de Venise, Benoît XVI a pris une décision analogue pour l’Église de France.

Il l’a fait samedi dernier, 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes, lorsqu’il a désigné le nouvel évêque du diocèse où se trouve ce célèbre sanctuaire marial, celui, justement, de Tarbes et Lourdes. À ce poste, le pape Joseph Ratzinger a nommé Mgr Nicolas Brouwet, 50 ans le 31 août prochain, évêque auxiliaire, depuis le mois d’avril 2008, de Nanterre, diocèse où il est né et a été ordonné prêtre en 1992.

Cette nomination est arrivée plus tôt que prévu, le prédécesseur de Brouwet, Mgr Jacques Perrier, en charge du diocèse depuis 1997, ayant atteint l’âge de la retraite, 75 ans, le 4 décembre dernier et ayant donc eu à peine deux mois de "prorogatio".

D’autre part, pas plus que celui de Moraglia, le choix de Brouwet n’a fait l’objet d’un examen par les cardinaux et évêques de la congrégation dont c’est la tâche, lors de l’une des réunions qu’ils tiennent chaque jeudi. Moraglia et Brouwet prendront l’un comme l’autre possession de leur diocèse respectif le 25 mars prochain, fête de l'Annonciation.

On conçoit aisément que le préfet de la congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, ait apprécié le fait que Brouwet soit membre du "Johannesgemeinschaft", l'Institut Saint-Jean fondé par le théologien Hans Urs von Balthasar. En effet Ouellet a, lui aussi, beaucoup d’estime pour le théologien suisse, dont il a été l’ami et dont il a discuté la pensée dans la thèse de doctorat en théologie dogmatique qu’il a soutenue à l’Université Pontificale Grégorienne.

Brouwet, après des études supérieures à l’université d’état de Nanterre qu’il a conclues par une maîtrise en histoire, est entré au séminaire pontifical français de Rome. Il a suivi des cours de philosophie et de théologie à l’Université Pontificale Grégorienne où il a obtenu le baccalauréat en théologie. Il s’est ensuite inscrit à l’Institut Jean-Paul II pour le mariage et la famille, où il a obtenu une licence. En 1986-1988 il a passé deux années en coopération à Jérusalem, comme professeur de français. Après son ordination sacerdotale, il a exercé diverses fonctions pastorales dans le diocèse de Nanterre, telles que curé, aumônier scolaire et universitaire, délégué diocésain pour la formation des séminaristes ou encore professeur de morale et directeur spirituel au pré-séminaire.

Sa nomination en tant qu’évêque auxiliaire de Nanterre, en 2008, a été perçue comme un rééquilibrage par rapport à l’ordinaire, Mgr Gérard Daucourt, 71 ans, membre du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et grand partisan du dialogue œcuménique, en particulier avec les orthodoxes, mais très froid dans ses rapports avec le monde traditionaliste catholique, particulièrement vivace en France et notamment dans son diocèse.

Inversement on reconnaît à Mgr Brouwet une sensibilité liturgique particulièrement fidèle à la tradition, en dépit de son jeune âge. Le 25 décembre dernier, il a célébré la messe de Noël selon la forme extraordinaire du rite romain, en accord avec le motu proprio "Summorum pontificum". Il a aussi participé aux pèlerinages traditionalistes de Paris à Chartres le jour de la Pentecôte. Et il est également dans la ligne de la tradition par ses prises de position concernant les questions morales.

Cela ne veut pas dire que Brouwet soit un traditionaliste tout court ; il suffit de voir les photos officielles où il figure en clergyman pour le comprendre. Il appartient plutôt à cette génération de jeunes prêtres qui, comme le pape Ratzinger, considèrent le monde traditionaliste – très vivace en France, y compris dans sa composante non lefebvriste – davantage comme une ressource que comme un problème, contrairement à la vieille garde progressiste de l'épiscopat, de moins en moins influente, mais aussi à la génération "lustigerienne" qui en incarne actuellement le leadership, à travers des personnalités telles que le cardinal archevêque de Paris André Vingt-Trois ou l'archevêque de Rennes Pierre d'Ornellas.

Lourdes n’est pas un diocèse cardinalice mais, avec son célèbre sanctuaire marial, c’est en quelque sorte le cœur spirituel de la France. En effet c’est là que se réunit habituellement l’assemblée plénière des évêques français. Sans oublier non plus la dimension internationale du diocèse. Des fidèles, des séminaristes, des prêtres, des religieux, des évêques et des cardinaux provenant du monde entier se rendent à Lourdes. Certains problèmes à caractère administratif qui se sont manifestés récemment dans le diocèse ont été également traités avec une attention particulière par le Saint-Siège.

Pour toutes ces raisons, il est encore plus significatif que Benoît XVI ait confié le diocèse de Lourdes à un jeune évêque aux caractéristiques bien définies comme Brouwet.

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