Quand un ministre chrétien démocrate veut supprimer le lundi de Pentecôte (25/02/2012)

L'information, judicieusement commentée, est parue sur info.catho.be :

"Selon l’agence Belga, citée par divers médias, le ministre de la Défense, Pieter De Crem, a présenté à la veille du week-end une série de mesures qu’il suggère pour revenir à l’équilibre budgétaire. Parmi celles-ci, la suppression du jour férié octroyé à l’occasion de la Pentecôte.

Véritable plaidoyer pour avoir un véritable leadership en politique, le ministre chrétien-démocrate flamand, encourage ses collègues à partir à la recherche d’économies dans tous les domaines. Objectif : le retour à l’équilibre budgétaire en 2015. Il avance donc quelques idées de mesures, susceptibles selon lui, de faire retrouver à la Belgique une situation financière saine. Et de citer, pêle-mêle, un arrêt des engagements dans la fonction publique et une nationalisation temporaire des centrales nucléaires avant de les privatiser de nouveau à des opérateurs qui auraient marqué leur accord sur un plan national concernant l’énergie. Il s’attaque aussi aux coûts salariaux trop élevés, à la définition des produits repris dans l’indice ou au blocage des prix de l’énergie qui n’aurait qu’un faible effet sur ceux-ci. Enfin, il avance l’idée de la suppression d’un jour férié, en l’occurrence… le lundi de Pentecôte !

Voilà qui va encore donner de l’eau au moulin de ceux qui veulent supprimer les commémorations des fêtes de l’Eglise pour les remplacer par des jours fériés civils. Le comble est que cette idée vient d’un élu chrétien qui « oublie » qu’officiellement, un jour férié est un jour de fête civile ou religieuse commémorant un événement. Le ministre De Crem estime que la suppression du lundi de Pentecôte « générera immédiatement une croissance économique de quelques pour-cent du produit intérieur brut (PIB) ». Faut-il lui rappeler que nos voisins français ont tenté cette expérience en 2004, sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin ? L’idée faisait suite à la canicule de l’été 2003 qui avait entraîné le décès de 14.000 personnes. Elle portait sur le fait que désormais le lundi de Pentecôte serait une  "journée de solidarité", et donc d’une journée de travail supplémentaire, en principe, non rémunérée. L’espoir était de ramener 2 milliards d’euros par an pour financer des actions envers les personnes âgées ou handicapées, par le biais de cotisations patronales. Idée généreuse s’il en est, mais qui n’a guère été probante. En 2006, le Premier ministre français, Dominique de Villepin, reconnaissait que les bénéfices de cette mesure étaient « incalculables » !

M. De Crem aurait-il oublié qu’on a déjà été supprimé les jours fériés octroyés auparavant pour la Fête de la Dynastie, pour l’Armistice de la guerre 40-45 (désormais célébrée le même jour que celle de 14-18, à savoir le 11 novembre), mais qu’on a rajouté, pour les administrations, les fêtes « communautaires » : 11 juillet (Flandre), 27 septembre (Fédération Wallonie-Bruxelles) et 15 novembre (Communauté germanophone) ?

Relayant aussi cette information, le site lavenir.net  fait un sondage intitulé « Et vous, quel jour férié seriez-vous prêt à sacrifier ?« . Le résultat est étonnant: en tête arrive la Fête nationale, suivie de… la Fête du travail ! Les fêtes religieuses suivent…

Nul ne niera que nous devons faire des efforts dans tous les domaines. Cela nécessite d’ailleurs peut-être un grand débat national, mais exige aussi de nos dirigeants d’avoir une vision à long terme. Car la question est là : où veut-on que notre pays soit d’ici 10, 15 ou 20 ans ? Certes, là où on peut être d’accord avec M. De Crem, c’est lorsqu’il affirme que «les gens sont désormais en droit d’attendre de leurs dirigeants, d’avoir du leadership ». Et auparavant, ce n’était pas le cas ?

JJD"

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