Tous prêtres ? (31/03/2021)

orant.jpgChaque année, dans tous les diocèses du monde, prêtres, diacres et fidèles se réunissent pour célébrer la Messe Chrismale. Elle se célèbre normalement au matin du Jeudi Saint mais peut être anticipée. Ainsi dans de nombreux diocèses elle est célébrée le soir du Mercredi Saint  et même avant.

La Messe Chrismale reçoit cette appellation parce que c’est au cours de cette célébration que le Saint Chrême est consacré. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.

Avec le Saint Chrême qui est l’objet d’une consécration spéciale, deux autres huiles sont bénites : l’Huile des Catéchumènes qui sert dans les célébrations préparatoires au baptême surtout pour les adultes ou les enfants déjà grands ; et l’Huile des Malades qui sert dans la célébration du Sacrement des malades .

Prêtres, diacres et fidèles sont invités largement à cette célébration qui manifeste l’unité de toute la communauté diocésaine autour de son évêque.

Elle nous offre un point de départ pour réfléchir  au sens du sacerdoce royal du Christ dont dérivent le sacerdoce baptismal et le sacerdoce ministériel, deux modes qu’il convient de distinguer soigneusement l’un de l’autre, comme le démontre l’abbé Bruno Jacobs dans l’article ci-dessous paru dans le magazine « Vérité et Espérance - Pâque Nouvelle » (n°82, 1er trimestre 2012)  Une réflexion d’autant plus appropriée qu’au soir même du Jeudi-Saint on célèbre aussi, à la messe commémorative de la Dernière Cène, l’institution des sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre:

« Pourquoi les laïcs ne peuvent-ils pas présider l’Eucharistie, alors que tous les baptisés ont part au sacerdoce du Christ ?  Pourquoi faire une distinction entre prêtres et laïcs ?  Et d’ailleurs, le Christ n’était pas prêtre…  Il arrive que des chrétiens d’aujourd’hui posent des questions ou font des remarques de ce genre, en rappelant que le Concile Vatican II a insisté sur le sacerdoce commun de tous les fidèles baptisés.  Mais que signifie cette expression ?  Récemment, je lisais dans un bulletin paroissial une réflexion semblable :  … les laïcs peuvent exercer des charges dans l’Église…  on appelle cela le sacerdoce commun des fidèles.  S’agit-il seulement d’un droit de présider des célébrations, d’aider, voire de remplacer les prêtres devenus trop rares ?  Lorsque le sens des mots n’est pas clair, le sens des textes – en l’occurrence ceux du Concile Vatican II, a peu de chances d’être compris.  Il convient donc de clarifier les choses.

1. Qu’est-ce qu’un prêtre ?

Dans la plupart des religions, le mot prêtre désigne un médiateur entre la divinité et les hommes.  Une des difficultés est que dans la langue française, ainsi que dans les langues germaniques, on utilise ce mot pour traduire deux termes grecs, qui, dans le Nouveau Testament, ont un sens différent :

- hiereus, qui désigne la charge sacerdotale telle qu’elle est exercée dans la religion juive (de même que dans beaucoup de religions païennes) ;

- presbyteros, qui signifie ancien : c’est ainsi que l’on appela, dans les premières communautés chrétiennes, les ministres, initialement établis par les Apôtres, pour prolonger leur action.  Ces ministres, qui recevaient leur charge par l’imposition des mains, ne portaient donc pas le titre propre aux prêtres de la religion juive (en grec : hiereus).  C’est ce mot, presbyteros, qui est à l’origine du mot prêtre en français.  Ces deux mots grecs ont leur équivalent en latin (sacerdos pour le mot grec hiereus, et presbyter pour presbyteros), mais le français n’a qu’un seul substantif pour traduire ces deux mots :

Grec         Latin               Français

hiereus                sacerdos    prêtre

presbyteros         presbyter   prêtre

Paradoxe : Bien que l’adjectif sacerdotal et le substantif sacerdoce soient toujours courants en langue française, le seul substantif pour désigner la personne qui exerce cette fonction est le mot prêtre, alors qu’à l’origine, ce mot (presbyteros) désignait les anciens des communautés chrétiennes, mais pas les prêtres du culte juif.  Remarquons que le Concile Vatican II, dans les textes latins, a repris ces deux mots pour désigner les ministres de l’Eglise Catholique, ce qu’on ne remarque pas lorsqu’on lit ces textes en français.  Mais pourquoi le Nouveau Testament emploie-t-il deux mots différents ?  Expriment-ils deux idées différentes du sacerdoce, ou bien s’agit-il d’une seule et même réalité ?  Pour répondre à cette question, il vaut la peine d’en poser une autre.

2.  Le Christ était-il prêtre ?

A notre époque, il n’est pas rare d’entendre dire que Jésus n’était pas prêtre.  Pourquoi alors faire encore une différence entre prêtres et laïcs ?  Et pourquoi réserver certaines fonctions aux ministres ordonnés ?

Dans le judaïsme, les prêtres étaient issus de la tribu sacerdotale de Lévi : on devenait prêtre si on était né fils d’un prêtre, descendant du grand prêtre Aaron.  En tant que médiateurs entre Dieu et le peuple, ces prêtres avaient essentiellement deux fonctions.

1.  A l’origine, ils transmettaient au peuple la Parole de Dieu, notamment lors des célébrations liturgiques, mais aussi dans certaines circonstances de la vie ordinaire.  C’étaient les interprètes de la Loi, qui répondaient aux consultations des fidèles et exerçaient, à certaines périodes, un rôle judiciaire.  Toutefois, au fil du temps, le service de la Parole prenait de moins en moins de place dans l’exercice de leur fonction.  Avec l’avènement des prophètes, la Parole vient au peuple par une autre voie.  Ensuite, dans les derniers siècles avant Jésus, les synagogues se multiplient et les scribes (laïcs) gagnent en autorité en tant que maîtres de la Parole.  Les prêtres gardent toutefois le rôle de proclamer la Parole lors des célébrations liturgiques.

2.  Le sacerdoce se concentre alors de plus en plus sur la fonction cultuelle qui remonte à Aaron.  En tant qu’hommes du culte et du sanctuaire, les prêtres offrent des sacrifices, ils présentent à Dieu l’offrande des fidèles et transmettent au peuple la bénédiction de Dieu.  Fait significatif pour la compréhension du sacerdoce chrétien :  une fois l’an, au jour de l’expiation, le Grand Prêtre, en tant que médiateur suprême, pénètre dans cet espace du Temple que l’on appelait le Saint des Saints pour l’offrande de l’encens et l’aspersion du sang. 

Revenons donc à la question : Jésus était-il prêtre ?  On remarque qu’il ne s’attribue nulle part ce titre (et les apôtres ne le feront pas davantage), et il ne participe pas à la charge des prêtres de son époque.  Il n’aurait d’ailleurs pas pu le faire pour la simple raison évoquée plus haut : il n’était pas de la tribu de Lévi et, selon la loi juive, il n’avait donc aucun droit d’exercer cette charge.  D’autre part, comme nous le verrons plus loin, le sacerdoce du Christ est d’un autre ordre, et le fait de lui attribuer ce titre risquait de prêter à confusion. 

Toutefois, une lecture attentive des Evangiles et des autres Epîtres ne laissent pas de doute sur le rôle du Christ comme médiateur : il transmet au peuple la Parole de Dieu, et il intervient devant Dieu en faveur du peuple.  Nombreux sont les passages où Jésus est présenté comme le maître qui enseigne la Parole ; il consacre une grande partie de son temps à cette tâche qui, dans le sacerdoce juif, avait perdu en importance au profit des scribes et des pharisiens.  Et contrairement à ceux-ci, Jésus enseigne avec autorité !  (cf. Lc 4,32).  Il est celui qui vient accomplir la Loi (Mt 5,17), prolongeant ainsi le ministère des prêtres en le dépassant.  D’autre part, si Jésus, à la différence des prêtres juifs, n’offre pas de sacrifice d’animaux, il n’y a pas de doute pour lui que sa mort est le véritable sacrifice expiatoire :  il donne sa vie en rançon (Mc 10,45) ; son sang est le sang de l’Alliance répandu pour la multitude (Mc 14,24 ; cf. Ex 24,8).  Saint Paul dira de son sacrifice sur la Croix que notre Pâque, le Christ, a été immolé (I Cor 5,7).  Le Christ est donc en même temps le Prêtre et la Victime : contrairement aux prêtres lévitiques, il n’offre pas le sang des animaux, mais sa propre vie !  En se référant à l’Evangile de saint Jean, on pourrait dire de la même manière qu’il est à la fois le Prophète et la Parole (le Verbe, cf. Jn 1,1 ; 4,19 ; 4,44 ; 6,14).

Il n’y a donc pas de doute que, dans le Nouveau Testament, Jésus apparaît comme médiateur sacerdotal (hiereus) entre Dieu et les hommes, même si les auteurs sont réticents à lui attribuer le vocabulaire sacerdotal pour éviter toute confusion.  Son sacerdoce dépasse celui du culte de l’Ancienne Alliance, car unique est son sacerdoce comme son sacrifice.  C’est ce que montre l’Épître aux Hébreux, le seul texte du NT à appeler Jésus Grand Prêtre.  Elle le fait à l’intérieur d’un exposé théologique très riche et unique en son genre. 

Concernant le ministère de la Parole de Jésus, l’auteur de cette Épître est bref :  Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils (He 1,1).  Par contre l’auteur consacre la partie essentielle de son exposé sur le lien entre le sacerdoce de l’Ancienne Alliance et le sacrifice du Christ.  Il montre en quoi le sacerdoce du Christ est supérieur à celui d’Aaron : le Christ est prêtre selon l’ordre de Melchisédech (cf. Ps 110,4), à qui Abraham (ancêtre d’Aaron) remit la dîme.  Mais c’est surtout en raison de son sacrifice unique que le sacerdoce du Christ est supérieur :

Tandis que tout prêtre se tient debout chaque jour,
   officiant et offrant maintes fois les mêmes sacrifices,
     
qui sont absolument impuissants à enlever des péchés,

   lui au contraire, ayant offert pour les péchés un unique sacrifice,
il s'est assis pour toujours à la droite de Dieu  (He 10,11-12).

On voit donc en quoi le Christ non seulement est prêtre, mais il est le seul véritable Grand Prêtre :  alors que les prêtres de l’ancienne Alliance se succèdent et offrent chaque année des sacrifices, le sacerdoce du Christ est éternel et son sacrifice unique, étant seul capable d’enlever les péchés.  Remarquons, dans ce passage, que le Christ se trouve dans la position du roi : il s’est assis à la droite de Dieu.  Comme Melchisédech, il est Grand Prêtre et Roi, mais aussi Prophète (cf. He 1,1).  La supériorité du sacerdoce du Christ tient également du fait qu’il est entré non pas dans un sanctuaire fait de mains d’hommes (comme le Grand Prêtre qui pénétrait dans le Saint des Saints, au jour de l’expiation, avec le sang d’un taureau), mais dans le véritable sanctuaire, le Ciel, en offrant son propre sang. 

3. Du sacerdoce du Christ à celui des fidèles

Dans ce contexte, l’Epître aux Hébreux emploie plusieurs fois une expression qui est souvent sujette à des interprétations diverses : l’auteur nous dit que le Christ a été rendu parfait (en particulier He 2,10 : il a été rendu parfait par ses souffrances).  En réalité, cette expression n’implique nullement qu’auparavant le Christ fût en quelque sorte imparfait ; elle est employée dans l’Ancien Testament pour désigner la consécration des prêtres.  L’auteur affirme ainsi que le Christ, contrairement aux prêtres de l’Ancienne Alliance, n’a pas été consacré prêtre par un rite, mais par l’offrande de sa vie.  Fait significatif : à deux reprises, l’Epître emploie cette même expression en parlant des chrétiens : Car par une oblation unique il a rendu parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie (He 10,14; 12,23).  Tout en étant le seul et unique véritable Grand-Prêtre, le Christ fait donc participer les baptisés à son sacerdoce (cf. He 3,14).  Par le baptême, ils sont consacrés pour offrir à Dieu un sacrifice spirituel :  Par lui, offrons à Dieu un sacrifice de louange en tout temps, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom (He 13,15).  C’est pourquoi on parle d’un sacerdoce baptismal :  à la suite du Christ, les baptisés s’unissent à Lui pour faire de leur vie une offrande au Père en confessant son nom, en annonçant la bonne nouvelle dans la vie de tous les jours.  On retrouve cette même idée dans d’autres écrits du NT, exprimée en d’autres termes :

- « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix chaque jour, et qu'il me suive.  Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera »  (Lc 9,23-24).

- « Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre »  (Rm 12).

D’autres passages utilisent de façon plus explicite le vocabulaire relatif au sacerdoce.  Ainsi, dans l’Apocalypse les chrétiens sont appelés prêtres[1] de Dieu, non pas à titre individuel, mais en tant que peuple sacerdotal et royal (cf. Ap 1,6 ; 5,10 ; 20,6).  La première Épître de Pierre utilise des termes semblables en parlant d’un sacerdoce royal (cf. 1 P 2,9). 

Le sacerdoce des fidèles repose donc sur le baptême qui les a unis au Christ, et il consiste donc dans l’offrande de leur vie à Dieu, en union avec le Christ.  Le Concile Vatican II l’a rappelé dans la constitution sur l’Eglise Lumen Gentium, au n° 34 :

… toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps, si elles sont vécues dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu’elles soient patiemment supportées, tout cela devient « offrandes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus Christ’» (1 P 2,5).

Cette offrande spirituelle est indissociable de l’offrande du Christ présente dans l’Eucharistie :

« Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine et s’offrent avec elle. »  (LG 11).

« … les fidèles, eux, par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, l’oraison et l’action de grâces, le témoignage de leur vie, leur renoncement et leur charité effective »  (LG 10).

Reste alors la question : pourquoi faut-il parler d’un sacerdoce ministériel, qui repose sur une consécration particulière, celle de l’ordination ?

4. Sacerdoce baptismal et sacerdoce ministériel

Rappelons que le vocabulaire sacerdotal n’a pas été employé dès l’origine pour les ministres ordonnés[2] ; il était trop lié aux pratiques sacrificielles juives, alors que les chrétiens avaient compris que depuis la mort du Christ, ces sacrifices n’avaient plus de raison d’être.  Pour désigner les fonctions des ministres chrétiens, on employait plutôt la terminologie du gouvernement profane :  episcopos (surveillant) d’où vient le mot évêque, presbyteros (ancien) et diakonos (serviteur).  Toutefois, les écrits du NT ne laissent pas de doute sur l’existence d’un ministère particulier : le Christ choisit des Apôtres pour les associer à sa mission, et ceux-ci choisiront d’autres ministres en leur imposant les mains pour les faire participer à leur charge (cf. 1 Tim 2,8 ; 4,14 ; 2 Co 4,1 ; 5,18 ; 6,3).  C’est que l’action du Christ dans le monde et à travers les siècles passe par son Corps qui est l’Eglise.

Ces ministères « ordonnés »[3] concernent en particulier :

- la célébration de l’Eucharistie (cf. Lc 22,19 ; 1 Co 11,24) ;

- la mission de faire des disciples, c’est-à-dire d’évangéliser et de baptiser (cf. Mt 28,29) ;

- le ministère de la réconciliation (2 Co 5,8 ; Jn 20,23).

Mais il est clair que ces différentes tâches (et beaucoup d’autres) trouvent leur place à l’intérieur des communautés chrétiennes, dont les Apôtres sont les piliers.  Au fur et à mesure que l’Église grandit et s’étend, ceux-ci trouveront d’autres collaborateurs à qui ils confient le gouvernement des communautés, impliquant les différentes charges que le Christ leur avait confiées, et notamment le ministère de la Parole et la célébration des sacrements.  Selon l’Épître aux Éphésiens, le Seigneur donne à l’Église ces ministres, organisant ainsi les saints pour l'œuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ (cf. Éph 4,12). 

Le sacerdoce commun des fidèles est celui de tout le Corps du Christ : il a sa place dans l’Église qui ne peut se passer d’un ministère particulier.  C’est pourquoi il a besoin du sacerdoce ministériel qui rend présent (représente) le Christ, Tête de l’Église (cf. Éph 4). 

Le Pape Jean-Paul II a bien dit dans son exhortation sur les prêtres :

La relation du prêtre avec Jésus Christ et, en lui, avec son Église s'inscrit dans l'être même du prêtre, en vertu de sa consécration ou de l'onction sacramentelle, et dans son agir, c'est-à-dire dans sa mission ou dans son ministère. En particulier, « le prêtre ministre est serviteur du Christ présent dans l'Église mystère, communion et mission. Du fait qu'il participe à l'"onction" et à la "mission" du Christ, il peut prolonger dans l'Église sa prière, sa parole, son sacrifice, son action salvifique. Il est donc serviteur de l'Église mystère parce qu'il accomplit les signes ecclésiaux et sacramentels de la présence du Christ ressuscité. Il est serviteur de l'Église communion parce que - en unité avec l'évêque et en lien étroit avec le presbyterium - il construit l'unité de la communauté ecclésiale dans l'harmonie des diverses vocations, des charismes et des services. Il est, enfin, serviteur de l'Église mission parce qu'il fait de la communauté une communauté annonciatrice et témoin de l'Évangile.»  (Exhortation Pastores dabo vobis, n° 16).

Comme l’a par ailleurs rappelé le dernier Concile, dans son Décret sur le ministère et la vie des prêtres, le sacrifice spirituel des chrétiens ne peut être consommé qu’en s’unissant à celui du Christ, c'est-à-dire dans l’Eucharistie :

Mais c’est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens, en union avec le sacrifice du Christ, unique médiateur, offert au nom de toute l’Église, dans l’Eucharistie, par les mains des prêtres.  (Presbyterorum Ordinis n°2).

Conclusion

On voit donc que  le sacerdoce des fidèles, fondé sur le baptême, n’est pas d’abord une question de charges à assumer dans les structures de l’Église.  Il s’agit avant tout de reconnaître la dignité commune de tous les chrétiens : dans le Christ, tous les baptisés sont fils et filles de Dieu.  En Lui et à sa suite, ils offrent au Père leur vie, avec ses joies et ses épreuves, participant ainsi à son sacrifice sur la croix et à sa résurrection.  D’autre part, la réalité du sacerdoce ministériel, avec les tâches qui lui sont spécifiques, n’est pas contraire à la doctrine du sacerdoce commun de tous les fidèles.  Au contraire, il est à son service et permet sa pleine réalisation.  Les premiers chrétiens avaient compris cela, même si, pour les raisons évoquées plus haut, ils n’employaient pas le même vocabulaire.  Les Apôtres et leurs collaborateurs avaient conscience d’être investis d’une charge particulière au service de la mission que le Christ leur avait confiée.  Toutefois, il serait faux de parler de « deux sacerdoces », car en réalité, il n’y en a qu’un : celui du Christ, qui existe sous deux aspects différents dans son Église.


[1]  Le mot employé dans le texte grec n’est pas celui qu’on utilise pour les anciens des communautés chrétiennes, mais celui qui désigne également le sacerdoce juif.

[2]  Une seule exception est connue :   c’est une lettre du pape Clément, vers l’an 95.

[3]  Bien entendu, le mot « ordonné » n’est pas encore employé à l’époque, mais la réalité est bien là : l’imposition des mains en vue du ministère qui consacre les personnes pour un service dans l’Église.

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