Retour sur "ce sacré Constantin" (23/04/2012)

Nous avons abordé brièvement celui qui est souvent présenté comme une des figures inaugurales de la chrétienté.

Celui qui voudra approfondir ce sujet pourra se reporter à un "focus" présenté par l'émission "le jour du Seigneur" concernant des publications sur ce personnage et que l'on pourra visualiser ici : http://www.lejourduseigneur.com/Web-TV/Focus/Rentree-litt...

Références :

- Pierre Maraval, Constantin le Grand, Tallandier

- Vincent Puech, Constantin, le premier empereur chrétien, Ellipses

- Bernard Lançon, Constantin, PUF, coll. Que-sais-Je ?

- Constantin, Lettres et discours, Belles Lettres

- Marie-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien, Seuil, coll. Points

- Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, Livre de Poche

On peut s'attarder sur l'ouvrage de M.F. Baslez qui introduit des nuances importantes dans l'étude de ces premiers temps du christianisme, ainsi que le souligne Pierre Lassave (ICI) :

"Moins qu’un coup de génie qui change la face du monde, comme le suggère l’essai psychologisant de Veyne, le choix de Constantin serait l’aboutissement réaliste d’une prise d’influence morale et sociale d’un mouvement qui n’a pourtant pas, alors, le poids du nombre, d’une minorité fort active et organisée de 5 à 10 % seulement des citoyens de l’Empire. Avant qu’une telle dynamique puisse prétendre à une quelconque religion d’État, il convient de noter que « l’originalité du christianisme est d’avoir fait sienne la notion de ‟religion”, en travaillant sans cesse à créer du lien social, mais de lui donner un sens spécifique : le christianisme est la religion non plus d’un peuple, ni seulement d’un livre, mais aussi d’une Église, avec un principe unitaire indépendant de l’État. » (p. 193).

Au terme de son enquête sur les trois premiers siècles, l’historienne (M.F. Baslez) craint de laisser au lecteur l’image déconcertante d’une religion de petits groupes éclatés et différents, aussi loin de la marche triomphale vers la christianisation du monde que d’un spectaculaire fait du Prince. Mais son approche de la pénétration d’une religion par « capillarité dans le tissu social de la Cité » a au moins le mérite de réviser quelques idées reçues. Outre la remise en cause de la légende constantinienne, elle montre aussi comment les réseaux familiaux et associatifs, et l’exposition progressive de soi dans l’espace public, cadrent mal avec le mythe romantique d’une « Église des catacombes ». Le paradoxe est en définitive le fin mot de cette histoire : « Paradoxe d’une religion qui a toujours montré son sens de l’État, tout en affirmant pour la première fois le statut et les droits de la personne. Paradoxe d’une religion illégale, puis persécutée, qui acquit une meilleure visibilité dans la répression au lieu de disparaître. Paradoxe d’une religion mystique, que l’épreuve du martyre obligea à repenser son anthropologie en donnant une place au corps. Paradoxe d’une religion universaliste, mais capable, pour la première fois dans l’Antiquité, de dissocier culture et religion : on peut être chrétien en vivant en Grec comme en vivant en Juif. Paradoxe d’une religion unitaire, qui posa, la première, le principe de la liberté religieuse. Paradoxe, enfin, d’une religion qui procède d’une histoire globale du salut par le Christ, mais qui inscrivait son message dans des questions d’actualité. » (p. 206).

 

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