Présidentielles françaises : et les frères maçons ? (03/05/2012)

Dans un article intitulé "Comment les francs-maçons manipulent les candidats", le journaliste de l'Express, , abordait ce sujet délicat le 6 janvier dernier. On constatera que, comme Napoléon après la signature du Concordat, Sarkozy est tombé en disgrâce auprès des frères pour avoir été trop complaisant à l'égard des catholiques... (Les "gras" sont de belgicatho)

Extraits :

A ceux qui se demandent si les francs-maçons jouissent encore d'une forte influence électorale en France, Guy Arcizet, le grand maître du Grand Orient de France (GODF), apporte une réponse très claire : "Les candidats à l'élection présidentielle se précipitent avec enthousiasme pour prendre la parole dans nos temples." Pourquoi cet empressement?  

Pour atteindre les plus de 160 000 frères et soeurs regroupés dans des dizaines d'obédiences, mais surtout parce que chaque initié constitue une petite tête de réseau.  

Bien sûr, une prestation réussie sous la voûte étoilée, un discours bien accueilli dans la nappe phréatique maçonnique ne suffit pas à gagner la course à l'Elysée. En revanche, ceux qui méprisent l'opinion des "fils de la Lumière" ont toutes les chances de partir avec un lourd handicap. Lionel Jospin, en 2002, et Ségolène Royal, en 2007, l'ont payé au prix fort.

"Nous sommes inquiets pour le tissu social de la France"

La présidentielle de 2012 ne fera pas exception: les francs-maçons veulent y jouer un rôle, et les candidats cherchent à les séduire. L'épicentre des manoeuvres se situe encore et toujours au GODF, berceau près de trois fois centenaire du radicalisme et du socialisme, qui fit et défit les gouvernements du début du xxe siècle.  

L'obédience la plus politique a décidé de s'investir dans la présidentielle de 2012 plus encore que dans celle de 2007. Non pas en prenant parti pour l'un des candidats, mais en les invitant à plancher en "tenue blanche fermée" sur ses sept valeurs: démocratie, laïcité, solidarité sociale, citoyenneté, environnement, dignité humaine et droits de l'homme. (Eux aussi ont leurs "valeurs non négociables" ndbelgicatho)

"Nous sommes inquiets pour le tissu social de la France. On le voit se déchirer sous les contraintes économiques qui malmènent les plus modestes, excluent les marginaux", écrit Guy Arcizet, par ailleurs membre du Parti socialiste, dans sa présentation des Grands Echanges 2012. 

Personne ne conteste au GODF le droit d'intervenir dans le débat public de manière engagée. En revanche, sa volonté d'exercer une influence électorale fait débat. Appartient-il à une obédience maçonnique d'inviter des candidats à la présidentielle? L'initiative du GODF ne fait pas l'unanimité dans la maçonnerie française.  

"Par tradition, nous nous abstenons de les recevoir", observe Alain-Noël Dubart, grand maître de la Grande Loge de France, lui-même membre de l'UMP. La question a même divisé le GODF. En août dernier, avec sept autres conseillers de l'ordre minoritaires sur ce point, Gérard Contremoulin a voté contre le projet: "Primo, ce n'est pas notre rôle. Secundo, comme nous ne pouvons pas recevoir tous les candidats, leur choix relève du casse-tête. Nous ne voulons pas de Marine Le Pen, qui incarne l'extrême droite, et certains frères ne comprennent pas que l'on accueille Jean-Luc Mélenchon, représentant de l'extrême gauche."  

Qui a donc passé son grand oral rue Cadet? En plus du leader du Front de gauche, François Bayrou et François Hollande ont déjà planché sur les sept valeurs. Suivront Eva Joly, Hervé Morin et Nicolas Dupont-Aignan.  

Le discours de Latran: l'affront aux francs-maçons

L'initiative du GODF pose un autre problème de fond. Si François Hollande a fait entendre sa voix dans un temple maçonnique, Nicolas Sarkozy, lui, n'a pas répondu à l'invitation des frères du GODF à venir leur parler avant le 15 février, date limite fixée par l'obédience. (...) 

...Nicolas Sarkozy a du chemin à parcourir pour reconquérir les francs-maçons. Au début du quinquennat, il les a déçus, parfois viscéralement. Le premier coup a été porté au Latran (cité du Vatican) lorsque le président clame la supériorité du curé sur l'instituteur. Quel affront pour les francs-maçons, si attachés à l'école laïque ! Nicolas Sarkozy aggrave son cas en vantant, à Riyad (Arabie saoudite), ce "Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme".  

Pour ses amis des loges, le président a cédé au lobby catholique qui l'entoure. Les deux discours truffés de références maçonniques qu'Alain Bauer avait écrits pour le candidat de 2007 ont été vite oubliés. 

François Hollande ne manquera pas d'exploiter les faiblesses de cet adversaire. Membre du GODF, François Rebsamen, très proche du candidat socialiste, insiste sur le discrédit de Sarkozy, qui, selon lui, ne se limite pas au thème de la laïcité : "L'égalité est une valeur républicaine forte, et le président de la République tourne le dos à la justice sociale, clame le président du groupe socialiste au Sénat et maire de Dijon. Alors qu'il faudrait demander plus à ceux qui ont plus et moins à ceux qui ont moins, Sarkozy privilégie son cercle d'amis."  (...)

François Hollande "est maçonnico-compatible"

Face aux handicaps de son adversaire, la tâche de François Hollande apparaît nettement plus aisée. "Il est maçonnico-compatible, résume Roger Dachez, président de l'Institut maçonnique de France et ami d'Alain Bauer. Déjà parce qu'il est de gauche. Tout candidat de droite ou du centre est suspect de porter atteinte aux valeurs de la République, particulièrement la laïcité." Et, sur ce thème, Hollande a frappé très fort, le 22 novembre, lorsqu'il a planché dans le grand temple Groussier, au siège du GODF, à Paris.  

Il a proposé d'intégrer dans la Constitution les principes de la très maçonnique loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat. Batterie d'applaudissements dans les temples! L'idée n'est pas venue toute seule au vainqueur de la primaire socialiste. Deux anciens grands maîtres du GODF la lui ont soufflée: Philippe Guglielmi, premier secrétaire du PS de Seine-Saint-Denis, et Patrick Kessel, président du Comité laïcité République. Avec le concours de Jean Glavany, spécialiste du sujet, et de François Rebsamen. Selon ce dernier, "François [Hollande] a la volonté de porter les valeurs de la République laïque".  

Du gâteau pour le frère dijonnais, en comparaison des efforts qu'il dut déployer, en 2007, pour convaincre la christique et pratiquante Ségolène Royal d'aller parler aux frères dans un temple. Elle finit par accepter. Avant d'annuler. Du plus mauvais effet dans les loges! Même le rocardo-sarkozyste Alain Bauer se dit prêt à donner un coup de main à François Hollande: "J'accepterais de lui écrire un discours", confie celui qui demeure l'ami de Manuel Valls, directeur de la communication du candidat PS et ancien membre du GODF. Sauf que, selon Rebsamen, Hollande ne fera pas appel à Bauer: "Il n'en a pas besoin", tranche-t-il. 

Il est vrai que "François Hollande est particulièrement bien entouré, se réjouit le frère Jean-Michel Rosenfeld, qui fut chargé des relations entre le PS et le GODF lorsque Pierre Mauroy était Premier ministre. A côté de Rebsamen, il y a Gérard Collomb, le maire de Lyon, et Jean Le Garrec, patron de la fraternelle Ramadier, celle des élus de gauche". Et puis, la Corrèze demeure une terre de francs-maçons. René Teulade, qui fut suppléant du député Hollande à l'Assemblée nationale, fréquente une loge de Brive. Comme Chirac avant lui, Hollande cajole les frères. "Il est venu plusieurs fois nous rendre visite dans notre temple", confie Daniel Noni, ancien vénérable maître de la loge GODF de Tulle. (...)

... Jean-Luc Mélenchon. Seul franc-maçon dans la course à l'Elysée, il s'était payé un succès réel en publiant sa planche du 22 janvier 2008 contre les discours de Nicolas Sarkozy, auprès du réseau des loges comme dans le monde profane. Cet engagement ne lui rapportera pourtant pas les faveurs électorales des nombreux frères. (...)

... le leader du MoDem (François Bayrou) est en fait authentiquement laïque. Il a été rejoint par le frère GLNF Alain Lambert, président du conseil général de l'Orne et ancien ministre. D'autres pourraient l'imiter. Par exemple, des radicaux orphelins de Jean-Louis Borloo, comme le maire de Nancy, André Rossinot (GODF), ou le député et ancien ministre François Loos (GLNF). ...

Tout l'article est ici : comment-les-francs-macons-manipulent-les-candidats

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