Rome - Ecône (Menzingen) : Benoît XVI saura-t-il déminer le terrain ? (19/05/2012)
Les derniers jours ont été marqués par un échec de la "réintégration" de la Fraternité Saint-Pie X dans la communion catholique, reportée - semble-t-il - aux calendes grecques. La volonté délibérée de trois évêques sur quatre au sein de cette fraternité, décidés à faire échouer le processus engagé, a été déterminante. De même, les réticences de certains prélats opposés à cette réintégration a également joué un rôle non moins déterminant.
Nous avons, sur ce blog, toujours été assez prudents concernant les perspectives de réconciliation, sachant combien le terrain est miné et jusqu'à quel point l'affrontement entre les deux "cultures", celle d'un traditionalisme radical et celle d'un réformisme volontariste, est profond. D'un côté, on a cultivé une mentalité selon laquelle on constituait, dans la fidélité à "l'Eglise de toujours", le "petit reste du troupeau d'Israël" face à "une Eglise à la dérive pactisant avec le monde moderne"; de l'autre, on considère que Vatican II a inauguré "des temps nouveaux" au sein desquels on ne voit pas le rôle que des tenants d'une Eglise préconcliaire pourraient jouer, sinon un rôle profondément nuisible. Et l'on met actuellement en avant le danger d'un retour à des attitudes aussi épouvantables que l'antisémitisme par exemple.
Il faut beaucoup de foi dans l'action de l'Esprit Saint dans la conduite de l'Eglise pour faire confiance et ne pas se laisser aller à l'esprit de parti, à l'esprit qui divise. Il convient d'espérer et de prier pour le pape auquel reviendra la décision ultime. Beaucoup prier parce que, dans ces luttes intestines, il entre beaucoup d'hommerie et, sans doute, bien peu d'amour.
Il nous semble aussi que les points de discorde sont tellement fondamentaux, en particulier sur l'interprétation de Vatican II, qu'il faudra bien qu'un jour soit reformulé en toute clarté le Credo catholique avec toutes ses implications pour le monde d'aujourd'hui, ainsi qu'on le fit à Trente en son temps. Pourra-t-on passer à côté de cette étape qui ne devrait pas constituer la victoire d'un "camp" sur l'autre mais qui devrait être salutaire pour toute l'Eglise? Le prochain synode suffira-t-il ou faudra-t-il un nouveau concile ? L'avenir, qui est à Dieu, nous le dira...
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Commentaires
Il ne faut pas confondre antisémitisme et anti judaïsme. Ce qu'on a appelé l'antisémitisme est né au 19è siècle, et est né dans la foulée de l'athéisme anti judéo chrétien et du darwinisme social de cette époque. Être antisémite est donc suivre l'esprit du monde, et pas celui de l'Église.
Par contre, il est vrai que le christianisme affiche un anti judaïsme, depuis toujours et encore maintenant. Mais de manière tout à fait normale, comme le judaïsme affiche aussi de son côté un anti christianisme. On ne reproche pas à un juif, un musulman, un hindouiste, un athée, d'être anti chrétien, de ne pas partager les idées chrétiennes. On ne peut donc reprocher à un chrétien d'être anti juif, de ne pas partager les idées juives. Qui songerait à reprocher à un capitaliste d'être anti communiste ou inversement ?
L'antisémitisme du 19è et du 20è siècles, c'est autre chose. Ce n'est pas contester la pertinence des idées juives, c'est contester l'existence même du peuple juif, c'est vouloir l'éradiquer, comme le réclamait déjà publiquement Voltaire au 18è siècle. Et tout cela s'est bien construit sur les idées racistes émanant de la théorie du darwinisme social, la théorie de Darwin appliquée à l'homme et aux sociétés humaines.
Écrit par : Pauvre Job | 19/05/2012