France : ouvrir les jeunes au Christ (02/06/2012)
Dans son numéro de juin 2012, qui vient de paraître, le mensuel « La Nef » interroge Mgr Brouwet, le nouvel évêque de Tarbes et Lourdes sur le projet de révision, par la conférence épiscopale, des statuts (ecclésiaux) de l’école catholique en France.
De quoi s’agit-il (extraits) ?
« Mgr Nicolas Brouwet – Fondamentalement, je crois, d’adapter les structures de l’enseignement catholique à la mission éducative et évangélisatrice de l’Église. La vision pastorale n’était pas vraiment intégrée au texte actuel. On pouvait avoir le sentiment que l’éducation à la foi ne dépendait que de la bonne volonté des personnes en place comme si, au fond, les structures elles-mêmes ne portaient pas vraiment le projet de déployer dans l’enseignement catholique la lumière de l’Évangile.
Peut-on s’attendre à une transformation en profondeur de l’enseignement catholique ?
(…) soit l’enseignement catholique est un enseignement privé avec, en plus, un enseignement religieux pour les volontaires, une sorte d’option proposée aux familles ; soit l’enseignement catholique est habité en son fondement, dans ses racines, par le désir de donner à toutes ses activités la bonne odeur du Christ, la saveur de la Parole de Dieu ; que ce soit dans le regard posé sur les élèves, dans les relations entre enseignants, dans la gestion des conflits, dans les rapports avec les parents ou dans l’enseignement dispensé.
Dans l’enseignement dispensé ? Mais les programmes de l’Éducation Nationale le permettent-ils ?
La question, à mon avis, n’est pas d’abord celle des programmes. Elle est d’abord de savoir comment nous envisageons le rapport à la Parole de Dieu. Une école a pour objectif de faire grandir l’intelligence. Le propre de l’école catholique est d’ouvrir cette intelligence à la Révélation. Comment la raison apprend-elle à ne pas céder à la tentation de devenir « raison raisonnante » dans une autonomie fermée sur elle-même pour s’ouvrir humblement à la transcendance en accueillant la vérité révélée ? (…)
Cette vision ne remet-elle pas en cause le devoir des écoles sous contrat d’accueillir tous les élèves ?
Je ne pense pas. Un tel projet est une ouverture pour l’intelligence. C’est quand la raison se ferme par principe à la Révélation qu’elle se prive d’une richesse. Cela dit, c’est à nous d’être clair dans nos propositions au moment de l’inscription d’un élève dans l’établissement.
Quels types de changement cela peut-il entraîner dans les statuts ?
(…) Il faut que le projet de chaque école soit porté par des chefs d’établissement, des cadres éducatifs et des professeurs qui, eux-mêmes, se laissent illuminer dans leur intelligence et dans toute leur existence par la lumière du Christ. Je ne parle pas forcément de tout le corps professoral. Nous aurions bien du mal à ne recruter que des enseignants catholiques pratiquants ! Mais (…) cela nous interroge, par exemple, sur la manière de recruter les chefs d’établissement, leurs adjoints, les cadres de l’établissement et les professeurs.
Une réforme en profondeur de l’école catholique ne repose-t-elle que sur le recrutement des chefs d’établissement et des enseignants ?
Certainement pas. Commençons déjà par rendre hommage à tous les responsables et enseignants qui se dévouent avec passion à leur métier, un métier difficile et très peu valorisé à l’heure actuelle (…). Rien ne pourra se faire si, tous, nous ne reprenons pas confiance dans l’enseignement catholique qui est une incroyable chance pour l’Église. Beaucoup de jeunes chrétiens qui ont un vrai goût pour l’éducation et l’enseignement (je pense, par exemple, aux chefs scouts ou aux animateurs de mouvements de jeunes ou d’aumôneries) devraient envisager de devenir enseignants dans nos établissements avec la perspective d’y annoncer l’Évangile (…)
Professeur ? Est-ce vraiment une perspective d’avenir ? (…) Comment peut-on l’exercer à la lumière de ses convictions chrétiennes ?
(…) En le percevant comme une véritable mission. L’école catholique est un service rendu aux familles, aux habitants d’un quartier, à la population d’une commune. C’est une contribution de la communauté chrétienne à l’instruction et à l’éducation. En ouvrant des écoles, l’Église se met au service de tous les jeunes qu’elle veut aider à grandir en humanité. Mais, je le précise, cette humanité nous la regardons dans le Christ, le Verbe de Dieu, qui s’est fait homme pour dévoiler à l’homme sa vocation véritable : la louange de Dieu et le service du monde. (…).Cela ne l’empêche pas du tout d’accueillir aussi tous ceux qui ne sont pas baptisés et qui acceptent le projet de l’établissement en adhérant aux valeurs éducatives qu’il propose.
La foi chrétienne doit-elle leur être proposée à eux aussi ?
Bien sûr ! Les évêques insistent sur la nécessité d’une première annonce de Jésus-Christ à tous ceux qui ne le connaissent pas.(…)
On parle des chefs d’établissement, des enseignants et des cadres éducatifs mais les prêtres ont-ils encore un rôle dans l’école catholique ?
Oui, à condition qu’ils ne soient pas confinés dans un rôle d’« intervenants », d’« experts » de la prière ou de la foi qui ne viendraient dans l’école que pour des « prestations » liturgiques ou catéchétiques et qui, du coup, dédouaneraient les fidèles laïcs de leurs responsabilités d’annoncer l’Évangile. Il faut regarder la présence du prêtre de manière sacramentelle et pas seulement comme une fonction dans un organigramme. De sorte que le prêtre soit accueilli comme le signe vivant du Christ pasteur présent dans la communauté.(…)
Propos recueillis par Christophe Geffroy ici : Ouvrir les jeunes au Christ
Une hirondelle épiscopale annonciatrice du printemps (à défaut de le faire) après l’enfouissement postconciliaire ? …
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