Défendre le mariage; un combat à mener sur le terrain anthropologique et éthique (04/06/2012)

La France va connaître toutes les dérives que la société belge connaît depuis longtemps, en particulier sur le terrain social et familial. Les socialistes français arrivés au pouvoir n'ont guère de moyens pour réaliser leur programme économique; en revanche, il est des réformes qui ne coûtent rien et qu'ils comptent bien réaliser dans les plus brefs délais. Les réflexions de P.O. Arduin dépassent largement la problématique française car le mariage est une réalité universelle et font écho à ce que Benoît XVI a rappelé lors de son homélie, dimanche à Milan.

Le mariage dénaturé - Pierre-Olivier Arduin - Source : lanef.net

Avant le printemps 2013 en France, les couples homosexuels pourront… « échanger leur consentement » devant monsieur le maire et accéder à la « parentalité » au travers de la reconnaissance de la capacité juridique à adopter des enfants.

La contagion de la légalisation des unions homosexuelles par effet domino à toute l’Europe est un danger qu’il ne faut pas sous-estimer, car la France est considérée « à la fois comme un verrou et pays test (…) : sa chute préparerait sans doute la voie à une généralisation du mariage ouvert aux gays dans la plupart des pays de l’Union » (Bernadette Sauvaget, « Les cathos sur la voie du veto », Libération, 11 mai 2012).

En sens inverse, la récente déclaration du président Obama se disant à titre personnel pour le mariage homosexuel – en refusant cependant que ce sujet soit du ressort de l’État fédéral – a été interprétée par la plupart des médias hexagonaux comme un soutien symbolique à la décision de François Hollande. C’est oublier un peu vite que le propos du locataire de la Maison blanche vise d’abord à reconquérir un électorat « libéral » et à ménager ses soutiens dans la communauté gay (parmi les dons de plus de 500 000 dollars pour la campagne électorale d’Obama, un sur six provient d’un homosexuel) (Laure Mandeville, « Union homosexuelle : le pari d’Obama », Le Figaro, 11 mai 2012).

C’est surtout oublier que 30 États américains sur 50 ont déjà voté des amendements constitutionnels interdisant le mariage gay (contre 6 l’autorisant) et qu’« à chaque fois que la question a été posée par référendum, même en Californie, cette ouverture au mariage a été refusée »( Lorraine Millot, « Hollande et Obama élisent le mariage gay », Libération, 11 mai 2012).

À peine nommée, la ministre (française) déléguée à la famille, Dominique Bertinotti, s’est engagée à faire droit aux revendications homoparentales. C’est un chamboulement juridique considérable qui se prépare puisqu’il faudra s’attaquer à la réécriture du Code civil. D’abord en y inscrivant une nouvelle définition de la famille fondée sur la seule volonté des « contractants » et non plus sur l’altérité sexuelle, puis en gommant du chapitre sur la filiation toutes les dispositions renvoyant à la différence homme-femme (présomption de paternité, action en recherche de maternité…). Ce qui revient pour le professeur de droit Jean Hauser à « établir un système de filiation asexuée qui ne reposera plus sur la biologie mais sur la décision des individus » (Laurence Neuer, « Faut-il légaliser le mariage homosexuel ? », Le Point, 24 avril 2012).

Rien de plus logique puisque sont justement absents d’une « union » homosexuelle les éléments biologiques et anthropologiques qui appartiennent à la nature même du mariage et la famille. Il n’y a qu’un homme et une femme qui peuvent objectivement se marier, concevoir, adopter et éduquer des enfants.

C’est également parce que l’absence de bipolarité sexuelle rend par définition impossible toute transmission de la vie que la gauche a prévu un droit à l’adoption pour tous les couples. Les enfants orphelins qui souffrent déjà de la séparation d’avec leurs parents biologiques pourront ainsi être victimes d’une seconde injustice, cette fois-ci délibérée, en étant privés par la puissance publique de l’expérience de la paternité ou de la maternité. Le scandale de cette situation est d’autant plus grave que, pour ne pas froisser les États qui s’y opposent, l’adoption par les couples homosexuels ne concernera que les enfants « nationaux » pour lesquels la liste des foyers français en attente ne cesse de s’allonger : ce qui signifie que deux hommes ou deux femmes seront susceptibles de prendre la place d’une famille qui aurait pu offrir à l’enfant les deux figures paternelle et maternelle dont on sait aujourd’hui l’importance pour la structuration de son identité personnelle.

Dans les débats qui viennent, il ne s’agit pas pour nous catholiques d’opposer des arguments religieux à des arguments politiques mais de se placer sur le terrain anthropologique et éthique comme l’indique un texte essentiel que l’Église a publié en 2003 sous la houlette du cardinal Ratzinger (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles, 3 juin 2003).

Ce document (cf.http://www.vatican.va) qui se présente comme un « argumentaire rationnel contre la reconnaissance juridique des unions homosexuelles » est une feuille de route susceptible d’unir les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté autour de la défense du mariage, fondement et bien commun de la société, principe universel et repère essentiel de l’humanité.

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