Pasteurs ou curateurs de faillite ? (28/06/2012)

Les perspectives devant lesquelles les catholiques de chez nous se trouvent aujourd’hui sont statistiquement peu encourageantes : il appert notamment que des prêtres de plus en plus vieux et toujours moins nombreux pourront de moins en moins maintenir "l’offre de services" pastoraux et liturgiques telle qu’elle existe encore aujourd’hui. Face à cette situation, certains responsables diocésains ont décidé d’anticiper les réalités à venir en réorganisant notamment les structures des paroisses (regroupées en « unités pastorales ») et des doyennés (fusionnés). Il en résulte la mise en place d’entités de plus en plus vastes avec le risque d’un éloignement des fidèles par rapport à leurs pasteurs et aux institutions ecclésiastiques : ainsi, le regroupement de certains doyennés donne naissance à de « super-doyennés » grands comme des arrondissements où il est difficile de maintenir un contact entre les instances décisionnelles et les paroissiens « de la base ».  Lorsque les églises sont fermées et que les célébrations se font de plus en plus rares, le peu de pratiquants qui subsistent se trouve de plus en plus délaissé et risque d’abandonner la fréquentation de lieux de culte trop éloignés.

La question peut être posée : face à une situation alarmante, certaines autorités ecclésiastiques ne procèdent-elles pas à l’instar de "curateurs de faillite" s’inspirant de considérations purement humaines et quantitatives plutôt que d’une attitude créative, guidée par la foi et l’espérance chrétiennes, qui parierait sur l'action de la Providence ? Cette politique conduit tout droit à la fermeture et à la désacralisation de nombreuses églises (comme on supprime des succursales) et, voulant anticiper des réalités considérées comme inéluctables, les précède voire les provoque prématurément. Est-ce ainsi qu’ont procédé, et procèdent encore aujourd’hui sous d’autres latitudes, des évangélisateurs "fous de Dieu", résolus à communiquer le feu de la Bonne Nouvelle ?

Quel visage va-t-on donner chez nous à cette « nouvelle évangélisation » dont on nous parle tant mais que bien souvent, comme sœur Anne, on ne voit jamais venir ? Quel sera, concrètement, l’impact de l’année de la foi dans nos communautés ? Ne vaut-il pas mieux utiliser « les quelques pains et les quelques poissons » (Jn, 6) qui nous restent pour nourrir les foules affamées de notre triste occident, tout en les confiant à Celui qui peut les multiplier, plutôt que de les laisser se perdre entre les mains de gestionnaires froids et apparemment sans espérance ?

Concrètement, nous pensons que les ressources sacerdotales dont on dispose encore doivent être utilisées sans restrictions, sauf évidemment lorsque des prêtres sont défaillants. Le sacerdoce n’est pas un métier comme un autre où l’on attend le jour béni de la pension pour mettre les pieds dans des pantoufles. La célébration de l’Eucharistie et des sacrements devrait être la priorité des priorités pour les prêtres tandis que les laïcs peuvent assumer de nombreuses tâches qui ne relèvent pas de l’état sacerdotal. Cela suppose que ces laïcs cessent d’être des consommateurs passifs des services offerts par l’Eglise mais deviennent des agents actifs. Il est évidemment intolérable de voir Monsieur ou Madame Untel se lamenter sur-les-églises-qui-se-vident et sur les mesures de restructuration en cours, mais qui ne lèveraient pas le petit doigt pour qu’il en aille autrement. Pourtant, beaucoup de chrétiens n’attendent pas autre chose que d’être invités à un grand chantier de restauration et de revitalisation chrétiennes.  

Des pistes et des exemples dont on peut s’inspirer existent. La fécondité de l’apostolat de certains pasteurs (comme le Père Zanetti Zorkine à Marseille), celle de communautés nouvelles (qu'elles soient du "Renouveau" ou de la "Tradition"), interpellent et montrent que rien n’est inéluctable. Encore faut-il que ceux qui sont en charge de la conduite des diocèses y croient encore, mais peut-on en douter ?

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