Chine: lors de son ordination un nouvel évêque désavoue publiquement le schisme imposé par Pékin (10/07/2012)
Lu sur le site de “La Vie”:
Pékin a fait procéder ce week-end à deux ordinations, l'une illicite à Harbin, et la seconde à Shanghaï. Mgr Thaddeus Ma Jaqin, tout nouvel évêque à la fois officiel et légitime de Shanghaï, a montré un courage qui force le respect. Durant la messe, il a refusé l'imposition des mains de la part de Mgr Zhan Silu, évêque officiel de Mindong non reconnu par Rome, avant de refuser également la communion au pain puis au vin de sa part. Enfin, lorsque vint le moment de sa première prise de parole en tant qu'évêque, Mgr Ma Daqin dit ceci: "À la lumière des enseignements de notre mère l'Eglise, que je sers désormais en tant qu'évêque, je dois me concentrer sur le travail pastoral et d'évangélisation. Je prends donc ma part de responsabilité. Pour cette raison, en ce jour de ma consécration, je ne pense pas qu'il soit convenable d'être un membre de l'Association patriotique des catholiques chinois [l'organe de contrôle du régime, NDLR]". Selon AsiaNews, un tonnerre d'applaudissements et de larmes a accompagné cette déclaration. Mgr Ma Daqin a disparu après la cérémonie; on est sans nouvelles de lui depuis,à part un sms envoyé à quelques membres de sa congrégation dans lequel il dit "partir se reposer à cause d'un épuisement physique et moral". Le nouvel évêque a choisi deux devises: "Pour la plus grande gloire de Dieu" et "Que tous soient Un"; c'est le premier évêque officiel à avoir fait un tel geste.
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Commentaires
Sur son blog « Chiesa » Sandro Magister écrit :
« Les ordinations illicites de ces deux dernières années ont sérieusement compromis les efforts de l’Église de Rome pour amener la totalité des évêques chinois à la communion avec le pape.
Alors que, il y a trois ans, les évêques qui n’avaient pas obtenu l’approbation du pape se comptaient sur les doigts d’une seule main et semblaient en voie d’extinction, aujourd’hui leur nombre a fortement augmenté.
En Occident, on ne se rend pas bien compte de la gravité de ce schisme de fait, qui sépare de Rome une fraction non négligeable de l’Église chinoise.
Bien au contraire, on y constate une étrange tolérance vis-à-vis de cet abus de pouvoir des autorités d’état chinoises en ce qui concerne le choix des évêques. Une tolérance qui est exprimée précisément par des représentants de cette aile progressiste qui manifeste le plus son opposition à l’Église "constantinienne".
L’un d’eux est le professeur Alberto Melloni, chef de file de cette "école de Bologne" à laquelle on doit une histoire du concile Vatican II qui est la plus répandue et la plus influente de toutes celles qui ont été publiées jusqu’à présent.
Dans un article qui a été publié le 13 mars dernier par le "Corriere della Sera", Melloni a accusé le combatif cardinal Zen Zekiun, à cause de ses cris d’alarme à propos du schisme, "d’avoir fait preuve, vis-à-vis de Pékin, d’une fermeture si totale qu’il a mis en danger les résultats, parfois aussi petits qu’une semence, qui avaient été obtenus antérieurement par la diplomatie pontificale".
Et en ce qui concerne la prétention des autorités chinoises de choisir les évêques, il a fait comprendre qu’elle lui convenait, parce qu’il s’agit d’un choix "que, dans le monde chrétien, Rome a partagé avec les chapitres de cathédrales ou avec les monarchies catholiques et qui, dans la Chine de demain, ne pourra qu’être le fruit d’une sélection qualitative à plusieurs voix des candidats »
Curieux raisonnement de cette école de Bologne qui est finalement beaucoup plus « constantinienne » que l’Eglise à laquelle elle reproche de l’être. Sauf erreur, Constantin était un césaropapiste, comme le gouvernement chinois…
Écrit par : JPS | 11/07/2012