Secouer la poussière de ses pieds... (15e dimanche du temps ordinaire) (12/07/2015)

Il est terriblement interpellant, cet Evangile (Marc, 6, 7-13) lu aujourd'hui dans les églises et qui proclame: "Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage."

Comment ne pas y voir une parole d'une terrible actualité s'appliquant à nous de façon très directe. A partir du moment où la cité que nous habitons tourne explicitement le dos au message chrétien, que faut-il faire? Tout ne conspire-t-il pas aujourd'hui contre Dieu, contre la foi, contre l'Eglise? Jusque dans les mouvements de jeunesse autrefois catholiques et qui suppriment désormais toute référence à Dieu dans leurs chartes et dans leurs pratiques? Et qu'en est-il de nos universités "catholiques" et de nos écoles?

Alors, faut-il secouer la poussière de ses pieds et déserter une société devenue sourde, aveugle et irresponsable, mais pour aller où et faire quoi? La question, avouons-le, nous nous la posons souvent sans savoir très bien comment y répondre.

Il y a pourtant des précédents célèbres. Par exemple, celui de Benoît secouant la poussière de ses pieds et quittant une Rome décadente et dépravée pour se retirer dans la solitude et y fonder ce qui deviendra le germe de la chrétienté médiévale, largement tributaire du monachisme bénédictin. Mais, bien sûr, nous ne sommes pas tous des Benoît...

Pourtant, ne devons-nous pas nous désolidariser sans ambiguïté de ce qui va dans un sens opposé à la logique évangélique et prendre position, sans équivoque? Evidemment, c'est dur et nous risquons d'être mal perçus, y compris par nos proches, et même par nos propres enfants et petits-enfants. Du coup, nous fermons les yeux et nous multiplions les compromissions, nous retranchant derrière des arguments faciles, du style: "on ne peut quand même pas se couper de tout le monde", ou encore "il faut bien vivre avec son temps, dans la société telle qu'elle est", ou encore "on ne va pas risquer d'isoler sa famille et de ne pas "socialiser" ses enfants"...

Décidément, il est bien difficile d'être chrétien aujourd'hui et notre position est bien inconfortable alors que nous sommes progressivement acculés à l'exil au sein même de la cité que nous habitons. Mais quand même, "si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage."

YW

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