Un homme de convictions et d'espérance (05/08/2012)

Maître Xavier Magnée : un homme de convictions et d’espérance

Maître Xavier Magnée était l’invité du samedi de La Libre. L’occasion pour ce célèbre avocat de s’exprimer à propos de l’actualité judiciaire – notamment son point de vue quant aux libérations conditionnelles, à l’introduction éventuelle de peines incompressibles… -. L’occasion aussi de lui (re)découvrir de fortes convictions chrétiennes, qui ne l’ont pas laissé sans ressource au hasard des difficultés de la vie. C’est aussi un beau témoignage directement lié à son travail et au sens qu’il lui donne : « travailler, c'est pour moi être en contact avec la société et servir à quelque chose ».

Extraits de La Libre :

Vous êtes habitué à défendre des accusés dans des affaires très dures. Cela vous atteint-il psychologiquement, physiquement ?

Ce sont des affaires qui sont à ce point épouvantables que pour les traiter, il faut y mettre toute sa passion de côté et avoir recours à ses ressources de froideur. Il faut être en quelque sorte 'en coma artificiel' pour gérer ça. Il faut être capable d'essayer de comprendre - je ne dis pas défendre- le pire et il faut être ouvert à l'homme. Il faut plonger dans des phénomènes d'une banalité extrême : comment peut-on beurrer sa tartine le matin et être un assassin le soir ? Il faut peut-être avoir souffert soi-même pour pouvoir traduire ce qui s'est produit en mots de tous les jours. Car les gens qui commettent de tels drames sont des gens de tous les jours.

Avez-vous vécu des situations difficiles qui vous permettent cette projection ?

Oui, certainement. J'ai d'abord une formation de collège Saint-Pierre et donc une formation assez diplomate de la manière d'aborder la vie. On nous a appris à souffrir, à se taire, à négocier les difficultés. Les vertus cardinales -foi, espérance, charité- sont de bons moyens pour surmonter les épreuves. Ensuite, lorsque j'avais 10 ans, mes parents se sont séparés. J'étais enfant unique. Et je me suis retrouvé au collège Saint-Pierre, au milieu de 1000 élèves à la récréation, le seul dont les parents étaient séparés. Cela m'a amené à devoir affronter les coups d’œil critiques ou curieux de mes copains.

Vous êtes un séducteur. Dès lors, pourquoi défendre des personnes qui sont considérées, par l'opinion publique, comme l'anti-thèse de la séduction ?

Parce que c'est peut-être en les séduisant que j'obtiens d'elles plus de sincérité. Séduire ce n'est pas nécessairement tromper, au contraire. Séduire, c'est taper dans le vrai, c'est trouver la faille, c'est panser la plaie, c'est se mettre dans la mentalité de l'autre et essayer de penser comme lui et de deviner pourquoi il a pensé une hérésie. Et ces qualités, que vous me prêtez très gentiment de séducteur, sont des qualités qui font de grands confesseurs.

Vous êtes dans le milieu de la justice depuis plus de 50 ans. Qu'est-ce qui vous donne encore l'envie de continuer ?

C'est que je suis un capitaine qui va couler avec son bateau un jour sans doute. Mais j'ai un fils, une fille, six petits-enfants qui sont tous des petites filles ; un petit vol de libellules tout à fait charmant. Je suis, au demeurant, un homme qui vit seul. Et j'ai mon cabinet d'avocat là où j'habite, c'est-à-dire que je ne fais pas de différence entre mon salon et mon bureau. Travailler, c'est pour moi être en contact avec la société et servir à quelque chose.

Pensez-vous parfois à la retraite ?

Non, jamais. Je ne me sens pas fatigué et je dirais même que l’expérience de la vie m'a donné les moyens de penser peut-être plus courageusement ou autrement et ça renforce mon originalité. Mon travail me permet d'être moi-même et de rendre service aux gens.

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