Les persécutions ne nous empêcheront pas de témoigner de l'amour de Dieu (26/08/2012)

Interview du Cardinal Appiah Turkson sur les attaques continues contre les chrétiens (Osservatore Romano, en anglais et en italien)

Les massacres ne nous empêcheront pas de témoigner de l'amour de Dieu
 
Pourquoi y a-t-il tellement de violence contre les chrétiens dans certaines parties du monde ? Serait-ce simplement pour des raisons idéologiques ? Ou est-ce que la voix des chrétiens doit être réduites au silence car elle va à contre-courant de la direction dans laquelle l'humanité à la dérive semble s'orienter ? Ou est-ce êut-être parce que les chrétiens constituent une communauté sans défense, qu'il est donc facile d'attaquer sans subir de nombreux risques, que le terrorisme peut aisément mettre sur la scène mondiale à des fins politiques ? En un mot, comment actualiser le thème « Bienheureux les artisans de paix », que le pape a proposé pour la célébration de la Journée mondiale de la paix en 2013 ? Ces questions sont posées régulièrement quand les nouvelles du monde (...) allongent la liste des gens qui meurent à cause de leur foi et soulignent l'urgence des appels incessants et pressants du pape en faveur de la paix. Nous avons cherché des réponses dans notre conversation avec le Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, président du Conseil Pontifical Justice et paix.

Les chrétiens à travers le monde sont de plus en plus l'objet de violence, quand ce n'est pas en réalité de la persécution. Est il possible que derrière ces épisodes, il y ait des motifs uniquement religieux, ou le mobile doit-il être recherché dans le fait que, dans certains pays, les chrétiens sont des cibles sans défense, donc plus facilement atteints et que leur massacre devienne un moyen de pression à d'autres fins ?

Il y a une part de vérité là-dedans. Dans un grand nombre de situations, les chrétiens sont l'objet de violence, parfois physique mais aussi psychologique. L'objectif est sans aucun doute de viser ce que représentent les chrétiens – une croyance, un point de vue d'où ils regardent ce qui se passe dans le monde, un mode de vie qui a aussi son identité propre. Nos détracteurs disent que nous appartenons, dans une certaine mesure, au Moyen Age, au passé, même s'ils n'avancent rien pour le prouver. Les chrétiens constituent-ils une cible toute désignée parce qu'ils sont sans défense et par conséquent faciles à attaquer ? Il est difficile de répondre à cette question. Il est certainement vrai que, dans de très nombreuses régions du monde, particulièrement en Afrique, nos églises ne sont pas implantées dans les endroits les plus densément peuplés. Elles sont construites de préférence dans les endroits les plus proches des missions, des maisons des prêtres et, afin de s'y rendre, les chrétiens doivent faire un êtit déplacement, voire un court pèlerinage. Les mosquées musulmanes, sont au contraire, toujours situées dans les endroits les plus fréquentés, au milieu de leurs fidèles. Par conséquent, en ce sens, nous sommes probablement plus sans défense. Mais je dirais qu'avoir à nous défendre ne fait pas partie de notre nature. Nous ne pensons pas que nous aurions à le faire à cause de notre religion. Nous croyons en un Dieu qui n'a pas besoin d'être défendu. Il a besoin d'être aimé, connu et vu. Notre appartenance à l'Église ne se nourrit par d'idées sur la façon de nous défendre ou sur la façon d'imposer notre adoration. Nous ne pensons qu'à témoigner de Dieu. D'autres peuvent avoir un point de vue qui est quelque peu différent du nôtre. Ils pensent que la religion est quelque chose qui doit être défendu, que leur Dieu est là pour être défendu. Non, ce n'est vraiment pas la façon de concevoir notre foi et notre mission.

Zenit résume ainsi la fin de cet entretien :

Cependant, malgré les attaques, affirme le cardinal, « ils ne se laisseront pas décourager dans leur mission de rendre témoignage », car ils sont « convaincus qu’en Dieu il n’y a rien à craindre ».

Certes, il existe différentes sortes d’intolérances, constate le cardinal : il y a d’abord une violence « physique », due à l’intégrisme, « poussé jusqu’à la volonté d’éliminer celui qui suit un credo différent ». Quelquefois la violence est due à des « raisons d’ordre racial », ou encore « politique », ajoute-t-il.

Cependant la violence peut être aussi « psychologique », « plus subtile, mais non moins dévastatrice », notamment en Occident où les chrétiens sont « objets de dérision, tels des représentants d’un âge révolu ». Dans ces cas, « si l’Eglise s’oppose aux modes culturelles, elle est accusée d’anti modernité », fait-il observer.

Pourtant, quel que soit le type d’intolérance, poursuit le cardinal, « lorsque la personne humaine est concernée, non seulement l’Eglise a le droit de parler, mais elle a le devoir de le faire ». Lorsque « la personne n’est plus considérée dans sa nature même », l’Eglise « a quelque chose à dire, elle le dit et continuera à le dire », insiste-t-il.

Pour les chrétiens, « il s’agit de suivre la volonté de Dieu révélée dans l’Evangile et ceci n’a rien à voir avec la modernité ». (...)

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