Le Cardinal Martini rêvait d’un Concile Vatican III vraiment oecuménique (01/09/2012)

Le cardinal Carlo-Maria Martini, dont les funérailles seront célébrées en la cathédrale de Milan ce lundi 3 septembre 2012, avait fait un rêve éveillé résumant  tous les songes qui l’habitaient: ce fut lors du synode qui a eu lieu à Rome du 1er au 23 octobre 1999, et dont le thème était : « Jésus-Christ, vivant dans son Église, source d’espérance pour l’Europe ». Jean Mercier en avait alors pris note (extraits) :

“ (…), l’archevêque de Milan a opté pour le hors-piste prophétique. Il rêve tout simplement d’un nouveau concile.

Bien sûr, le mot même n’a pas été prononcé, mais le propos est clair. Mgr Martini a appelé, " pour le siècle qui s’ouvre, à une expérience de confrontation universelle entre les évêques ". Et pourquoi ? " Pour permettre de défaire certains nœuds disciplinaires et doctrinaux, peu évoqués ces jours-ci, mais qui réapparaissent périodiquement comme des points chauds sur le chemin des Eglises européennes. " Et l’orateur d’ajouter : " Et pas seulement européennes. " Puis de citer, dans l’ordre : la carence dramatique en ministres ordonnés ; la position de la femme dans la société et dans l’Eglise ; la participation des laïcs à quelques " responsabilités ministérielles ", la sexualité, la discipline du mariage, l’espérance œcuménique. Autant de sujets, a expliqué le cardinal Martini, " qui ont déjà émergé lors de synodes précédents, mais pour lesquels il importe de trouver des lieux et des instruments adaptés pour un examen soutenu. Assurément, ni les enquêtes sociologiques ni les pétitions ne sont des instruments valables. Ni les groupes de pression. Mais, sans doute, un synode ne serait pas non plus suffisant. " Dont acte ! Solution préconisée pour défaire " les nœuds " de l’Eglise : " Un instrument collégial plus universel et qui fasse autorité. " Et qui passe en revue les problèmes qui ont émergé depuis 40 ans. L’horizon proposé aux évêques est " une expérience de communion, de collégialité et d’Esprit-Saint que leurs prédécesseurs ont éprouvée lors de Vatican II et qui, désormais, n’est plus un souvenir vivant que pour quelques témoins. " Très applaudi, le discours a frappé fort. (…)  

Et Jean Mercier commente :  “De nombreuses voix se sont manifestées depuis dix ans pour demander des changements et réinventer la collégialité dans l’Eglise. Comme Mgr Martini, qui recommande de débattre sur des questions précises et sujettes à controverse, l’évêque de Bâle, Mgr Kurt Koch a récemment prôné la tenue d’un concile sur la question des ministères ordonnés et l’ordination des femmes.

Dans un article paru en avril dernier [ndb: 1999] dans Concilium, les théologiens catholiques Christoph Théobald et Dietmar Mieth évoquaient l’idée d’une " conciliarité universelle ", qui ferait de l’Eglise une sorte de laboratoire dans lequel tous auraient la parole et où à chaque Eglise, à chaque groupe serait laissé le temps " d’aller de l’avant ou de se convertir ". Une vision probablement encore plus vaste que celle de Mgr Martini, mais qui fait écho à celle de Konrad Raiser, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, qui rêve d’un concile, véritablement œcuménique au sens de l’appellation issue des premiers siècles, de toutes les Eglises chrétiennes. Vœu ambitieux, également cher au théologien Raimon Panikkar. Ce dernier milite pour un " concile de Jérusalem ", qui lancerait toutes les confessions issues du christianisme dans une " mutation bouleversante " face aux défis du prochain millénaire, prenant courageusement le risque de rudes conflits entre les cultures et les interprétations de l’Evangile.

 Tout le texte ici: Concile par-delà le rêve

 Bref, un nouveau concile encore plus libéral que Vatican II :  pour achever le malade déjà immunodéprimé ?

 Notons que l’assemblée synodale de 1999 applaudit à tout rompre l’intervention de Mgr Martini et, en son sein, sans doute aussi l’évêque de Bâle, Mgr Kurt Koch. Ce dernier venait justement de prôner la tenue d’un concile sur l’ordination des femmes. Depuis lors Mgr Koch a fait du chemin : il est aujourd’hui cardinal et président du conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.

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