Barack Obama, président réélu et croyant décomplexé? (07/11/2012)

Sur le site “La Vie” aujourd’hui, sous la signature de Henrik Lindell (extraits):

Barack Obama a été réélu président des Etats-Unis dans la nuit de mardi, en remportant l'état charnière de l'Ohio contre son rival républicain Mitt Romney. Le chef de la première puissance économique mondiale, âgé de 51 ans, a toujours cumulé les singularités et les paradoxes. Parmi ses traits caractéristiques : sa foi en Dieu, libre et décomplexée, qui ne ressemble pas à celle de son ex adversaire Mitt Romney. En revanche, elle correspond à une Amérique plus hétérogène que jamais. (…)

Si on devait le prendre au mot, sa foi structure vraiment sa pensée et son action politiques. Dans une interview publiée le 21 août dernier par la Washington National Cathedral Magazine, une revue religieuse, il a déclaré : « Ma foi chrétienne me donne une perspective et une sécurité que je n'aurais pas par d'autres moyens : que je suis aimé et qu'à la fin de la journée, Dieu est aux commandes. » La foi présidentielle relève d'une évidence soulignée notamment par Stephen Mansfield, auteur de La foi de Barack Obama, une des meilleures biographies non hagiographiques du président américain : « Obama, dit-il, considère que sa foi doit influencer la manière de gouverner le pays. Il apporte ainsi des valeurs religieuses dans la sphère politique. » Là réside probablement un des aspects les plus importants – et, en France, un des plus méconnus - du président démocrate.  (…) .

Mais quelle est donc cette foi présidentielle ? Obama fait partie des « chrétiens progressistes », un terme qu’il utilise souvent lui-même, ou de la « Religious Left ». Il s’agit d’une catégorie de croyants engagés, parfois pro-life, qu’il ne faut surtout pas confondre avec la « Liberal Left », une faction farouchement antireligieuse au sein du Parti démocrate. Sur le plan confessionnel, Obama est un protestant libéral. C’est un courant spirituel développé à partir du XIXe siècle au sein des Eglises protestantes « historiques » ou « main-line » (comme par exemple l’Eglise réformée de France). Héritier de l’humanisme, reconnu pour son exégèse critique des textes et une certaine remise en cause des dogmes chrétiens, ce libéralisme a produit de grands penseurs comme Reinhold Niebuhr (1892-1971), un des « maîtres spirituels » d'Obama. Comme les protestants main-line en général, les Eglises libérales sont en déclin depuis des décennies.

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Bref, un héritier du libéralisme protestant du XIXe siècle. Caractéristiques (entre autres) : il confesse volontiers l'universalité du salut, du fait d'une perception plutôt optimiste de l'homme et de la civilisation ; il critique les régulations orthodoxes des croyances et des pratiques, les appareils ecclésiastiques et leur pouvoir normatif ; il est chaud partisan du dialogue interreligieux, du pluralisme et de la laïcité : en phase avec bien des aspects de l’ « esprit du concile » qui révolutionne l’Eglise catholique elle-même depuis 50 ans.  Et même un peu plus. Irréversible ?

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