Sermon pour la Dédicace de la Basilique Saint-Jean de Latran (09/11/2012)
Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de la dédicace (c’est-à-dire de la consécration, de l’inauguration) de la basilique du Latran, qui est la cathédrale de l’évêque de Rome. Pourquoi célébrer l’anniversaire d’une église ? N’y a-t-il rien de plus important à faire que de célébrer un bâtiment de pierre ?
C’est que ce bâtiment de pierre – l’église du Latran –, parce qu’elle est la cathédrale de l’évêque de Rome, est le symbole, le signe de la communion de toutes les Églises particulières répandues à travers le monde. Une Église particulière, où qu’elle soit dans le monde, n’a la garantie d’être catholique, d’être l’Église du Christ bâtie sur Pierre que dans la mesure où elle est en communion avec l’Église qui est à Rome, siège de saint Pierre.
Trop souvent dans l’esprit de certains, l’Église catholique serait la somme des différentes Églises locales, ou encore l’Église Catholique serait une fédération d’Églises particulières. Non, l’Église catholique est une réalité qui précède, dans le temps comme dans l’existence, toute Église particulière… Bien plus, elle précède la Création elle-même… Les premiers Chrétiens disaient que le monde a été créé en vue de l’Église… Ils avaient une autre idée de la dignité de l’Église que celle que l’on perçoit trop souvent aujourd’hui dans le cœur même de ceux qui se dévouent à son service… Mais comment expliquer qu’ils aient pu dire que le monde lui-même a été créé en vue de l’Église ?! Eh bien, en considérant l’intention originelle que Dieu avait en créant le monde, et qui était d’introduire Sa Création – dont l’homme est le couronnement – dans la communion à Sa propre vie divine… Communion qui se réalise par la « convocation » des hommes dans le Christ, laquelle « convocation » est l’Église. L’Église est la fin de toutes choses, et les vicissitudes douloureuses elles-mêmes, comme la chute des anges et le péché de l’homme, ne furent permises par Dieu que comme occasion et moyen pour déployer toute la mesure d’amour qu’Il voulait donner au monde. De même que la volonté de Dieu est un acte et qu’elle s’appelle le monde, ainsi Son intention est le salut des hommes, et elle s’appelle l’Église.
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Commentaires
très belle homélie du Cardinal Newman partagée par Evangile au quotidien en 2010 Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), prêtre, fondateur de communauté religieuse, théologien
PPS, vol 6, n° 19
Fête de la dédicace d'une cathédrale, fête de l'Eglise
Une cathédrale est-elle le fruit d'un désir passager ou quelque
chose qu'on puisse réaliser à volonté ? ... A coup sûr, les églises dont
nous héritons ne sont pas une simple affaire de capitaux, ni une pure
création du génie ; elles sont le fruit du martyre, de hauts faits et de
souffrances. Leurs fondations sont très profondes ; elles reposent sur la
prédication des apôtres, sur la confession de la foi par les saints, et sur
les premières conquêtes de l'Evangile dans notre pays. Tout ce qui est si
noble dans leur architecture, qui captive l'œil et va au cœur, n'est pas le
pur effet de l'imagination des hommes, c'est un don de Dieu, c'est une
œuvre spirituelle. La croix est toujours plantée dans le risque
et dans la souffrance, arrosée de larmes et de sang. Nulle part elle ne
prend racine et ne porte de fruit si sa prédication n'est accompagnée de
renoncement. Les détenteurs du pouvoir peuvent porter un décret, favoriser
une religion, mais ils ne peuvent pas la planter, ils ne peuvent que
l'imposer. Seule l'Eglise peut planter l'Eglise. Personne d'autre que les
saints, des hommes mortifiés, prédicateurs de la droiture, confesseurs de
la vérité, ne peut créer une vraie maison pour la vérité. C'est
pourquoi les temples de Dieu sont aussi les monuments de ses saints... Leur
simplicité, leur grandeur, leur solidité, leur grâce et leur beauté ne font
que rappeler la patience et la pureté, le courage et la douceur, la charité
et la foi de ceux qui, eux, n'ont adoré Dieu que dans les montagnes et les
déserts ; ils ont peiné, mais non en vain, puisque d'autres ont hérité des
fruits de leur peine (cf Jn 4,38). A la longue, en effet, leur parole a
porté fruit ; elle s'est faite Eglise, cette cathédrale où la Parole vit
depuis si longtemps... Heureux ceux qui entrent dans ce lien de communion
avec les saints du passé et avec l'Eglise universelle... Heureux ceux qui,
en entrant dans cette église, pénètrent de cœur dans le ciel.
Écrit par : stephanie | 09/11/2012