La fin de l'illusion soixantiste (16/11/2012)
Nous lisons ceci sur le blog de l'abbé de Tanoüarn qui nous paraît très juste :
"... pour les Pères conciliaires qui vivaient une période faste de l'histoire de l'Eglise, on pouvait s'en remettre à une laïcité apaisée (à une laïcité que l'on appellera plus tard laïcité ouverte) pour gérer les structures sociales issues de 2000 ans de chrétienté. L'Eglise, elle n'avait plus à faire la police, à exercer quelque coercition morale que ce soit... puisque l'Etat s'en chargeait très bien. Dans un livre récent, Eglise conciliaire et années soixante (L'Harmattan éd., 25 euros), le sociologue belge Louis Rade propose d'appeler cette grande illusion qui n'est pas qu'au cinéma, le Soixantisme. Dont acte : parlons pour faire vite du Soixantisme, que le Concile a codifié et dont l'Eglise, autoproclamée conciliaire à l'époque, a fait l'atmosphère de son développement et très vite de son déclin. Il me semble que cette affaire du mariage homosexuel met fin au Soixantisme de manière officielle; Il y a eu l'avortement : on pouvait encore faire semblant de ne pas voir. Cette fois, on s'en prend - par le biais du langage - à l'institution elle-même. Le cardinal Vingt-Trois a bien compris et il s'est employé à faire comprendre à ses frères évêques que l'on ne pourrait plus faire semblant de rien, indéfiniment. L'Eglise devait prendre position dans ce qui apparaît dès maintenant comme ce que Christiane Taubira appelle elle-même "un problème de civilisation".
Face à ce problème de civilisation, le temps est à l'apostolat des laïcs. Qui mieux que des laïcs engagés dans la vie sociale peuvent aider à prendre conscience de ces problèmes politiques, de ces problèmes sociétaux, qui, à cause de la radicalité avec laquelle ils sont posés, deviennent des problèmes spirituels.
Vatican II a beaucoup parlé de l'apostolat des laïcs. Hélas, en France, l'Eglise issue du concile Vatican II n'a plus les structures qui correspondraient à cette ambition de mettre en avant les laïcs. Avant le Concile, il y avait l'Action catholique. Souvenez vous ! Jean-Paul II en 1980 a pu encore réunir 100 000 militants de la JOC devant la Basilique Saint-Denis. C'était le chant du cygne. Une telle mobilisation, avec ou sans pape, est impensable aujourd'hui. Dans une société de plus en plus égalitaire et qui, selon la prophétie de Jean Fourastié, est devenue une société de services, l'apostolat catégoriel n'a plus beaucoup de sens. Et rien ne l'a remplacé. Le strabisme gauchisant de nos élites chrétiennes a interdit que l'on puisse dépasser ce modèle. Résultat : aujourd'hui l'Eglise est plus cléricale que jamais. Et elle a beaucoup de mal à se mobiliser. Mgr Aillet en a-t-il pris conscience, lui qui dimanche dernier disait aux traditionalistes à Saint-François Xavier : "Vos évêques vous soutiennent" dans votre engagement pour "la charité politique". Peut-on parler d'un vrai soutien des évêques tant qu'il n'y a pas une véritable organisation des laïcs catholiques, alliée à une vraie formation aux problèmes de l'heure présente, la laïcité, la royauté sociale du Christ, bref : le devenir de 2000 ans de christianisme face à la grande déculturation commencée ? (...)
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