La vie d'un chef vendéen bien malgré lui (03/12/2012)

61fcfe4c-2cf0-11e2-9486-6533ad266c57-200x300.jpgDans La Libre, sous le titre "En révolte contre la Révolution", Paul Vaute recense un livre de Philippe de Villiers consacré à Charette :

La vie d’un chef vendéen bien malgré lui, fusillé à Nantes le 29 mars 1796.

Entre 1793 et 1796, le soulèvement de la Vendée "catholique et royale" et sa répression par la Convention se soldent par un nombre de morts estimé entre 120 000 et 600 000 selon les historiens. Les combattants républicains en représentent quelque 10 %. La presse officielle désigne alors la population de Vendée comme la " race rebelle ". Robespierre, dans le "Journal des Jacobins", a appelé à " exterminer tous ces êtres vils et scélérats ". Les "colonnes infernales" de Turreau et les noyades de Carrier à Nantes inaugurent des techniques d’extermination de masse bien avant le XXe siècle. Le général Santerre, dans une lettre au ministre de la Guerre, réclame, pour "nettoyer" les départements insoumis, des mines, " des fumées soporatives " ou encore une composition chimique " dont la vapeur, dégagée par le feu, devrait asphyxier tout être vivant fort loin à la ronde ".

Le peuple vendéen en révolte contre la Révolution a besoin de chefs. Les paysans du canton de Machecoul sont allés chercher un lieutenant de vaisseau, François Athanase Charette de la Contrie. Ils l’ont trouvé sous son lit, où il s’était caché, peu désireux de s’embarquer dans cette galère. Ainsi démarre bien peu glorieusement l’épopée qui a séduit Philippe de Villiers !

Homme politique mais aussi initiateur du parc et du spectacle historiques du Puy du Fou, où la Vendée se raconte, l’auteur a choisi de donner à sa biographie une forme romancée. Le vainqueur de Saint-Christophe près de Challans en 1794, capturé puis fusillé à Nantes le 29 mars 1796, s’exprime ici à la première personne. Impossible, dès lors, de discerner les détails réels ou les propos effectivement tenus de ceux qui résultent d’extrapolations. Restent la trame d’ensemble, le contexte, les figures principales et ce qui les anime, globalement bien conformes à l’histoire et traités par quelqu’un qui leur est familier.

Issu d’une lignée de soldats, Charette a grandi "sous un modeste toit d’ardoises breton", en lisière du bourg de Couffé. Dans la Marine du Roi, il a participé à l’indépendance de l’Amérique et à d’autres grands événements de son temps, des pays baltes à l’Empire ottoman. Il aurait pu passer le reste de sa vie à raconter ses souvenirs, entre deux chasses à la perdrix. "Les convulsions du pays et la fuite des hiérarchies" en ont décidé autrement.

Philippe de Villiers ne le cache pas : son héros est un meneur d’hommes qui ne sont pas tous des anges. Mais à ses trousses, un général Rossignol, parfaite illustration du monde nouveau, rendant compte au Comité de salut public de ses efforts pour détruire les ennemis de la Liberté, ajoute : "Mais il y a encore des hommes humains et, en révolution, c’est un défaut selon moi". Et c’est encore d’un basculement prémonitoire de bien des Big Brothers à venir que Charette témoigne quand, après que les conventionnels aient rebaptisé la paroisse de Bouin "L’Isle-Marat" et Noirmoutier "L’Isle-de-la-Montagne", cette réflexion lui est prêtée : "Ils veulent prendre nos vies et effacer jusqu’à nos souvenirs".

 

Le roman de Charette Philippe de Villiers Albin Michel 480 pp., env. 22 €

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