Chine : des organes prélevés sur des prisonniers font l'objet d'un trafic avec la complicité de firmes occidentales (mise à jour) (11/12/2012)

Le 22 novembre 2011, nous faision état d'informations selon lesquelles des organes sont prélevés en Chine sur des prisonniers pour être greffés ensuite. Catho.be  y revient  et gènéthique.org l'évoque aujourd'hui : 

(Catho.be) Un trafic d’ provenant de prisonniers politiques encore vivants lors du prélèvement existerait en . Face à ces présomptions, médecins, politiciens et défenseurs des droits humains incitent la communauté internationale à réagir. Ce « crime contre l’humanité » toucherait principalement les pratiquants du mouvement spirituel Falun Gong.

« Un restaurant monstrueux où vous choisissez votre homard dans un aquarium. Sauf qu’il s’agit d’un être humain ». C’est ainsi que David Kilgour, ancien secrétaire d’Etat canadien pour l’Asie-Pacifique, décrit l’ignoble système qui serait établi dans les  chinoises. Le politicien canadien a été, en 2006, l’un des premiers, avec son compatriote, l’avocat David Matas, à alerter l’opinion publique sur la probabilité de prélèvements d’organes forcés en Chine. Les deux hommes ont mis en évidence 52 « preuves » circonstanciées.

La Chine ne dispose d’aucun programme officiel de dons d’organes. 60.000 greffes d’organes y ont été réalisées de 2000 à 2005. Les autorités chinoises affirment que 90% des organes utilisés proviennent de prisonniers criminels exécutés après avoir été condamnés à mort. En comparant le nombre de prisonniers exécutés chaque année, l’ONG « Doctors Against Forced Organ Harvesting » (Médecins contre le prélèvement forcé d’organes/DAFOH) estime, pour sa part, qu’il y a 40.000 opérations dont on ne peut pas expliquer les sources.

Les statistiques montrent que « l’explosion » du nombre de greffes en Chine a coïncidé avec la répression du mouvement Falun Gong, à la fin des années 90, et l’envoi dans des camps de milliers de ses adeptes. Selon Kilgour et Matas, les Falun Gong seraient les principales victimes de ce macabre marché, dont l’armée, les hôpitaux et des intermédiaires tireraient des millions de dollars.

Le système de transplantation d’organes en Chine semble particulièrement efficace. David Kilgour et David Matas ont relevé des sites Internet d’hôpitaux chinois offrant des organes compatibles en moins d’une semaine. « Les médecins qui lisent cela comprennent immédiatement qu’il y a quelque chose qui cloche », remarque le docteur Torsten Trey, auteur du livre « State Organs. Transplant abuse in China » (Organes d’Etat. Abus de transplantation en Chine), paru en 2012. « Ces délais ne sont pas possibles, renchérit le docteur Damon Noto, porte-parole du DAFOH, à moins de posséder une source illimitée d’organes. »

De nombreux témoins affirment avoir été soumis, dans les prisons chinoises, à des contrôles approfondis du bon fonctionnement de leurs organes, sans raison valable. Les enquêteurs canadiens ont aussi réussi à obtenir les aveux de médecins chinois en se faisant passer pour des « clients » potentiels.

Par ailleurs, le livre « State Organs » met en lumière le manque de discernement de certaines entreprises occidentales, qui coopèrent avec les autorités médicales chinoises. L’ouvrage contient notamment l’exposé d’un spécialiste suisse de la transplantation, le docteur Arne Schwarz. Ce dernier accuse les firmes pharmaceutiques, notamment les suisses Roche et Novartis, de collaborer avec un système médical chinois à l’éthique plus que critiquable.

apic/at

La synthèse de presse quotidienne de généthique.org précise que :

 la Chine dit vouloir "cesser de dépendre des dons de prisonniers exécutés"

 

En novembre, le vice-ministre de la Santé Chinois, Huang Jiefu a assuré que "les transplantations d'organes vont complètement cesser de dépendre de dons de prisonniers exécutés d'ici deux ans". Ainsi, "la Chine s'apprêterait à faire un grand progrès dans le domaine de l'éthique" en matière de don d'organes. En effet, l'article précise qu' actuellement, "les hôpitaux chinois se serv[ent] des condamnés à mort comme source presque exclusive des transplantations d'organes". 

L'article termine en précisant qu'en 2009, "Pékin [avait] fini par reconnaître [...] que 65% des organes provenaient de condamnés à mort", mais les autorités s'étaient "abstenues de révéler le nombre d'exécutions". Enfin, afin "d'accompagner l'augmentation de la demande, les autorités ont lancé un programme de don d'organes volontaire, censé remplacer dans deux ans le système actuel reposant sur l'exploitation des condamnés à mort".

 

Libération (Philippe Grangereau) 11/12/12

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