Cette nuit j’ai su que tu existais: une goutte de vie échappée du néant (03/02/2013)
De la chair et de l’esprit (Osservatore Romano)
« Cette nuit j’ai su que tu existais: une goutte de vie échappée du néant ». Tel est le célèbre incipit d’un des plus beaux chants sur la maternité qui n’ait jamais été écrit au cours des derniers siècles. Le livre commence par un refus (« Tu t’es glissé en moi comme un voleur, et tu m’as dérobé mon ventre, mon sang, mon souffle. Maintenant tu voudrais me dérober tout mon existence »), avec la volonté d’éloigner une présence minuscule et fracassante, capable de précipiter la femme dans un puits où tout n’est qu’« incertitude et peur ».
Et pourtant, ligne après ligne, la fermeture de la journaliste laïque florentine a la force et le courage de se transformer. Et, ainsi, la lamentation devient un chant d’amour.
La mère n’est pas seulement celle qui accouche d’un enfant. La mère est la femme qui nourrit, qui accueille, qui berce, qui tranquillise, qui soulage, qui soutient, qui aide, n’importe quel enfant. C’est n’importe quelle femme qui se charge de son prochain dans l’ouverture inconditionnée qui ne recherche aucun retour. Sécher les larmes, encourager les succès, panser les blessures, fêter la beauté, courir derrière de petites jambes que l’on craint voir trébucher: gestation et éducation sont aussi – ou peut-être surtout – caractéristiques de l’esprit. Elles sont la capacité de ressentir et, donc, de laisser de la place à la force bouleversante en mesure de transfigurer toute chose.
Aux pieds de la représentation de Marie d’Isabella Ducrot, à côté d’Oriana Fallaci et de sa merveilleuse lettre à l’enfant jamais né, nous déposons aussi les paroles d’une jeune juive hollandaise morte à Auschwitz le 30 novembre 1943.
Dans les pages qu’elle nous a laissées, Etty Hillesum raconte un itinéraire intérieur, silencieux et étonnant. Le début est celui d’une jeune fille confuse et renfermée sur elle-même. Dix mois plus tard, le 12 octobre 1942, du camp de Westerbork elle écrivait: « J’ai partagé mon cœur comme si c'était du pain et je l’ai distribué aux hommes. (…) Ils étaient tellement affamés, et depuis longtemps ». Cette transformation radicale – advenue en peu de mois et guidée uniquement par le désir intime d’entrer en communion avec Dieu et avec le prochain – qu’est-elle d’autre, sinon une maternité?
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Commentaires
Ce récit est une pure merveille! Un jour ma grande fille m'a posé cette question : "Maman comment sait-on si on a l'instinct maternel ?" Je lui ai répondu qu'il commençait par l'envie d'avoir un petit être à aimer......mais que cela ne suffisait pas ! L'amour maternel se construit avec ce petit être en nous. Nous sentons combien c'est précieux ce don de Dieu, et puis...on fait avec les moyens du bord et on se surprend à vouloir protéger à tout prix ce petit(e) qui est né et si dépendant de notre amour. De là un instinct de tendresse, d'amour nait et grandi chaque jour dans notre coeur.....en même temps que lui (elle) grandit. Le parallèle à la fin est bien en fin de compte, aimer le don de soi !
Écrit par : Struyven | 04/02/2013