Parlement britannique: variations protestantes sur le thème du mariage gay (07/02/2013)

De Jean Mercier sur le site de “La Vie” (extraits):

Sur les bords dela Tamise, les députés anglais ont entériné le projet de loi sur le mariage gay à une écrasante majorité. Les débats passionnés ont réservé une part significative aux références chrétiennes et bibliques, en particulier chez les députés conservateurs, très divisés sur le sujet (…).

Au sein des 303 députés Tories, 127 ont voté la loi, 136 l’ont rejetée et 40 se sont abstenus. Certes, le succès de la loi est réel, en raison de l'apport des alliés de Cameron, les Libéraux démocrates de Nick Clegg, et des voix du Labour. Mais cette victoire écrasante apparaît comme une fragilisation interne pour le chef des Conservateurs.

En introduisant cette loi, il y a plusieurs mois déjà, David Cameron avait été clair :  “Je crois au mariage gay non pas en dépit que je suis conservateur, mais parce que je suis un conservateur”. Un credo en cohérence avec son souci de moderniser son parti, qu'il veut conservateur sur le social mais libertaire sur le sociétal. Il s’est donc heurté à une réelle bronca interne depuis deux mois. Nombre de députés conservateurs, emmenés par David Burrowes, avaient rappelé publiquement que le projet de mariage gay ne figurait pas dans le manifeste électoral de David Cameron en 2010. Et donc que le premier ministre britannique ne disposait pas d’un vrai mandat. Ils ne se sont pas privés de le souligner lors des débats aux Commons, rappelant que l’électorat de droite ne souhaitait pas du tout une telle mutation. Et que cela mettait en cause la reconduction des Tories lors des prochaines élections de 2015. Si le vote des députés Tories reflète la base, Cameron s’est fâché avec une bonne moitié de ses sympathisants.

Le plus intéressant, vu de France, est la forte importance qu’a eue, au sein des débats, la place du christianisme. Sans surprise, d’ailleurs, dans un pays où l’Anglicanisme est religion d’Etat, et où les ministres des différents cultes fonctionnent en tant qu'officiers d’état civil pour le mariage. Rappelons ici que le projet de loi a explicitement exclu l’Eglise Anglicane (opposée à la loi), pour lui éviter de se retrouver en contradiction avec sa discipline qui ne prévoit qu’un mariage entre un homme et une femme. Les autres religions sont libres ou non de célébrer des mariages de même sexe.

De nombreux députés, devant leurs pairs, ont parlé de façon naturelle au nom de leur appartenance au christianisme (ou spécifiquement au catholicisme), d’autres ont cité littéralement la Bible, soit pour critiquer, soit pour soutenir la loi. Avec une décontraction difficile à imaginer chez nous.(…) 

Cette importance décomplexée du christianisme au sein des débats montre que, outre Manche, l’opposition au mariage gay est vue, de façon naturelle, comme la résultante légitime de valeurs religieuses et chrétiennes. En France, au contraire, les arguments se sont focalisés sur le juridique et l’anthropologie, y compris de la part des croyants de tous bords. De sorte qu'à Westminster, le débat sous-jacent de cette seconde lecture du projet de loi était finalement de savoir si le mariage gay était compatible avec le christianisme... Chacun ayant son idée sur le sujet.

Sur les bords de la Tamise, les débatteurs se sont aussi, très logiquement, focalisés sur la question de savoir si le mariage gay était ou non une menace pour la liberté religieuse, notamment en raison du fait que les cultes célèbrent les mariages (le mariage civil est réservé aux athées).(…)

Article complet ici:Le mariage gay adopté en Grande-Bretagne sur fond d'arguments bibliques

Le protestantisme est à l’origine du libre-examen…

18:26 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |