Des religieux surdoués sur le front de l'économie (18/02/2013)

Gaël Giraud et Cécile RenouardShare on facebook

 De Jean-François Rod (ancien "pdg" de La Procure) sur le blog de cette maison d'édition :

Gaël-Giraud-et-Cécile-Renouard

"Une fois n’est pas coutume, je vous parlerai de deux auteurs, Gaël Giraud, jésuite, et Cécile Renouard, religieuse de l’Assomption, qui sont tous deux des économistes de haut niveau et qui appliquent leur réflexion d’éthique chrétienne au domaine économique, financier et social.

Disons-le d’emblée, nous avons affaire à des personnes plutôt surdouées et surdiplômées ! Gaël Giraud a fait Normale Sup et a passé un doctorat de mathématiques. Son premier livre « Théorie des jeux » expose ses premières réflexions à l’intersection de l’économie et des mathématiques appliquées. Avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus, il a travaillé dans une grande banque internationale et il connaît de l’intérieur l’esprit qui règne dans les salles de marchés. Il a aussi enseigné au Tchad et il s’est occupé des enfants des rues. Il est aujourd’hui chercheur au CNRS et membre de centre de réflexion internationaux. Cécile Renouard, elle, est venue à l’économie par la philosophie et par les études commerciales (ESSEC). Elle a publié aux Presses Universitaires de France « La responsabilité éthique des multinationales » en s’appuyant sur des enquêtes de terrain, en particulier au Kenya et au Nigeria. Elle a présenté aussi la pensée de Michaël Waltzer aux éditions Temps Présent. Elle est professeur à l’Ecole des Mines de Paris et à l’Essec. Tous les deux enseignent au Centre Sèvres à Paris.

Ils ont publié ensemble un livre qui a fait grand bruit et qui en est à sa troisième édition en poche (Champs Flammarion) « 20 propositions pour réformer le capitalisme ». C’est un ouvrage collectif qu’ils ont dirigé en réunissant de très bons spécialistes. Leur compétence fait merveille et nous rend un immense service : non seulement ils appellent de leurs vœux une économie plus performante et une société plus juste (tout le monde est d’accord en principe, mais cela reste souvent un « vœu pieux » avec un certain sentiment d’impuissance), mais ils se mettent  attentivement au chevet du patient pour préciser le diagnostic et proposer des remèdes qui pourraient se révéler efficaces si on se donnait la peine de les mettre en œuvre, non sans conversion. Leur conviction, résumée ici de façon sommaire, est que l’économie réelle est sacrifiée sur les autels de la finance, une finance sans règles, et dans des politiques d’austérité budgétaire contre-productives.

Ils enfoncent le clou avec leur ouvrage « Le facteur 12. Pourquoi il faut plafonner les revenus » (Carnets Nord) où ils proposent que le plus haut revenu ne soit pas plus élevé que douze fois le revenu le plus bas. Non pas d’abord parce qu’il est scandaleux moralement que l’écart soit beaucoup plus élevé aujourd’hui et qu’il ne cesse de croître, mais d’abord pour des raisons économiques : il est faux de penser que plus on gagne d’argent, plus on crée de la valeur (les excès ne nourrissent pas l’économie mais la spéculation financière pure qui promet des intérêts sans commune mesure avec les bénéfices que peuvent produire les entreprises réelles, elle entraîne la crise et finalement l’appauvrissement de tous !)

Enfin, dans l’ouvrage très récent « Illusion financière. Pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire » à l’Atelier, Gaël Giraud reprend tout le parcours de manière très pédagogique. Il explique tous les mécanismes qui ont conduit à la crise que nous connaissons et il met en pièce toute une série de fausses évidences qui constituent « l’économiquement correct » avec même une ironie et un humour qui font mouche (voyez « les tâches solaires » pour prouver que les marchés ne sont absolument pas les régulateurs naturels de l’économie comme le prétendent ceux qui ont tout intérêt à le faire croire). Ce livre ouvre aussi des perspectives très encourageantes : la transition énergétique qui s’impose aujourd’hui à la planète ouvre des voies à une croissance d’un autre type et il montre de façon passionnante que nous avons les moyens de la financer.

A l’évidence, je ne fais qu’effleurer les données et les raisonnements  détaillés de ces ouvrages. Il faut les lire pour leur rendre vraiment justice et il va de soi qu’ils appellent la discussion et la critique.

Il me semble pourtant qu’en suivant le travail de Gaël Giraud et de Cécile Renouard, on ne peut être que reconnaissant pour leur engagement compétent à faire avancer la réflexion chrétienne dans ce domaine économique et financier."

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